Manifestations à Kinshasa : le mécontentement populaire s’exprime devant les ambassades occidentales

Le 10 février 2024, Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), a été le théâtre de vives manifestations anti-occidentales. Ces événements ont eu lieu principalement dans le quartier résidentiel de la Gombe, où se trouvent les ambassades de plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Espagne, ainsi que le quartier général de la MONUSCO. Les manifestants, principalement des conducteurs de moto-taxi, ont exprimé leur mécontentement en bloquant le boulevard du 30 juin et en incendiant des pneus à proximité de l’ambassade américaine. Ils reprochent aux États-Unis de ne pas exercer une pression suffisante sur le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du M23 qui occupent des territoires dans l’est de la RDC.

La tension a également éclaté devant l’ambassade de France à Kinshasa, où la population a exprimé son ras-le-bol en brûlant des pneus et en lançant des pierres, accusant la France de soutenir le Rwanda et les rebelles du M23. Les manifestations, qui durent depuis trois jours, ont vu des attaques contre des véhicules de la MONUSCO et de certaines ambassades, notamment ceux portant des plaques d’immatriculation diplomatique « CD ». Plusieurs installations, dont un magasin CANAL+, ont été vandalisés, et des jeeps de la MONUSCO ont été incendiées, les manifestants reprochant à cet opérateur médiatique de censurer leurs messages.

En réponse à ces violences, les autorités congolaises ont tenu une réunion urgente de sécurité présidée par le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, Peter Kazadi. Le gouvernement a fermement condamné ces actes de violence. De son côté, l’ambassade de Côte d’Ivoire à Kinshasa a dénoncé les attaques subies par plusieurs ambassades et organisations internationales, annonçant l’annulation d’un rassemblement prévu pour la finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2023, par mesure de sécurité.

La cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a également condamné ces attaques, rappelant que l’affaiblissement de la MONUSCO bénéficie aux forces négatives que l’organisation combat en partenariat avec les forces congolaises. Ces événements ont non seulement secoué Kinshasa mais ont également trouvé un écho à Paris, où la diaspora congolaise s’est mobilisée Place de la République pour soutenir la population de l’Est de la RDC.

Ces manifestations soulignent la complexité des enjeux géopolitiques dans la région des Grands Lacs et la frustration de la population face à l’implication perçue des acteurs internationaux dans le conflit.