RWANDA: KAGAME-Pegasus, un couple d’indignation!

Par Erasme Rugemintwaza

Depuis ce lundi le 19/07/2021, le monde est secoué par des révélations dans le domaine qui fait souvent pousser la  chaire de poule : L’espionnage! Car les actes qui constituent ces révélations liées à cet art de s’immiscer dans un domaine réservé d’autrui, constituent  aussi par nature  des violations graves des Droits de l’Homme, et peut-être du Droit International Public. Ces révélation mises à jour par un consortium de 17 grands medias internationaux dans leur « Projet Pegasus », dévoilent l’utilisation malveillante d’un logiciel espion qui porte le même nom de Pegasus pour faire la traque ou mieux la chasse à l’homme. Pegasus est devenu, un joujou bien caressé par quelques pays dont le respect des Droits de l’Homme fait débat. Parmi ces pays il y a seulement trois africains, le Maroc et le Rwanda et peut-être le Togo. Que fait-on avec Pegasus? Et le Rwanda de Kagame, qu’en fait-il ? 

Quelques définitions s’imposent

Pour aider le lecteur à bien suivre cette intrigue internationale, qui n’a pas d’ailleurs le consensus quant à sa légalité en temps de guerre comme en temps de paix, il faut d’abord s’habituer aux termes clés qui vont souvent revenir. Ce sont des définitions lapidaires que nous proposons ici, mais qui donnent l’avant-goût du concept défini.

  • Qu’est- ce que l’espionnage? C’est l’action d’espionner, c’est-à-dire surveiller sournoisement, discrètement quelqu’un dans ses actions, ses paroles, pour en faire son rapport ou son profit personnel. C’est recueillir clandestinement des renseignements au profit d’une tierce partie, soit une organisation ou puissance étrangère. Celui qui fait l’espionnage est un espion, ce mot est initialement intrinsèquement lié au temps de guerre car signifiant « l’individu qui se mêle aux ennemis pour les épier» ou encore «  celui qui se glisse dans le camp ennemi pour surprendre les desseins des chefs ». Mais malgré cette acception générale qui renvoie au conflit, l’espionnage en temps de paix existe.
  • Qu’est-ce que le Pegasus : Pegasus est un logiciel espion visant les Smartphones, qui permet tout simplement de connaître le contenu d’un téléphone. Messages, e-mails, photos! Il permet aux services de renseignement d’infiltrer un Smartphone sans laisser une trace visible. Il en devient alors l’administrateur. Il a accès à tous ; les contacts, les photos, les messages. il peut lire ce qui est écrit sur les messageries chiffrées de type WhatsApp ou Signal. Il peut géo-localiser le propriétaire de l’appareil et activer micros et cameras, transformant le téléphone portable en véritable mouchard. Pegasus est conçu par la société israélienne NSO Group (NSO (Niv, Shalev et Omri), et vendu exclusivement aux États.
  • NSO Group Technologies : C’est une entreprise israélienne qui fabrique et commercialise des équipements de pointe destinée à lutter contre le terrorisme et le crime organisé : du matériel informatique et des drones notamment. Sa devise est «  Nous travaillons pour sauver des vies et de faire de ce monde un monde meilleur et plus sûr ». Elle est fondée en 2010 par Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavi, et est implantée à Herzela en Israël. NSO Group Technologies a fourni des outils utilisés pour le cyber espionnage aux Etats. Parmi les produits de NSO, il y a le logiciel espion Pegasus qui lui apporte plus 75%  de ses chiffres d’affaires. NSO a été racheté par ses fondateurs à un prix d’un milliards d’euros. Elle commercialise également un logiciel nomme Landmark qui permet de suivre la localisation GPS de téléphones. Enfin elle vend des camionnettes équipées de matérielles informatiques permettant la récupération des données d’une cible.
  • Forbidden Story : C’est une association créée, en France, en 2015 par un certain Laurent Richard afin de poursuivre les enquêtes de journalistes emprisonnés ou assassinés. Son concept consiste à dire «  ils ont tué le messager, ils ne tueront pas le message ». L’association produit des enquêtes internationales de grande envergure.
  • Le Projet Pegasus : C’est un consortium de 17 medias internationaux créé par Forbidden Story. Brièvement, Forbidden Story a eu accès à une liste de 50.000 numéros de téléphones entrés dans le système Pegasus par 12 clients de NSO en 2016. Il constitua un consortium de 17 medias parmi lesquels : le Washington Post, le Guardian, le Suddeutsche Zeitung, le Monde, la FRI. Pendant plusieurs mois, près de 80 journalistes ont identifiés ces numéros pays par pays, certains propriétaires des portables ont accepté de confier leurs téléphones au Projet Pegasus. Grâce au support technique du Security Lab d’Amnesty International, il a alors été possible de démontrer qu’une majorité des appareils testés présentaient des signes d’infection de Pegasus.

Les prémisses du Projet Pegasus

Contrairement à ce qu’affirme NSO, le logiciel Pegasus a dans sa ligne de mire des membres de la société civile : des journalistes, des médecins, des sportifs, des activistes, des diplomates et des hommes politiques y compris 13 chefs d’Etats dans une cinquantaine de pays. Parmi les utilisateurs de Pegasus figurent notamment le Mexique, l’Arabie Saoudite, Les Emirats Arabes Unis, l’Inde, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Rwanda, le Togo, la Hongrie, et le Maroc dont presque toute la famille royale est ciblée.

Le scandale mondial

Des organisations de défense des droits humains, des médias, l’Union européenne et des gouvernements s’indignaient  ce lundi le 19/07/2021, des révélations sur l’espionnage à l’échelle mondiale de militants et de journalistes au moyen du logiciel Pegasus, conçu par l’entreprise israélienne NSO Group.

Introduit dans un Smartphone, ce logiciel permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire.

L’enquête qui renforce les soupçons pesant de longue date sur cette société, publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories (« histoires interdites ») et l’ONG Amnesty International, comptant selon eux 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.

La liste comprend les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, d’après l’analyse du consortium – comprenant les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post – qui en a localisé beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite ou au Mexique. Un annuaire dans lequel on trouve trois chefs d’Etats, deux chefs de gouvernement européens, des hommes et de femmes aux plus hauts échelons du pouvoir d’un ex-république soviétique, des dizaines de députés de l’opposition d’un pays africain, de princes et de princesses, des chefs d’entreprises, quelques milliardaires, des ambassadeurs, des généraux.

« Nous ne parlons pas ici juste de quelques Etats voyous, mais d’une utilisation massive d’un logiciel espion par au moins une vingtaine de pays », a expliqué lundi la Secrétaire Générale d’Amnesty, Agnès Callamard, à la BBC radio.

« Il s’agit d’une attaque majeure contre le journalisme critique », a-t-elle souligné.

Mis en cause, le Maroc a catégoriquement démenti lundi dans un communiqué le recours par ses services de sécurité au logiciel Pegasus

Le concepteur de Pagasus continue d’expliquer qu’ils développent cette solution en toute bonne foi, selon eux, elle a permis à sauver de  nombreuses vies; ils ont également expliqué qu’ils fermeront l’accès à l’outil aux clients incriminés. C’est ce qui s’est passé en 2018 après l’assassinat de Jamal Khashoggi. NSO a suspendu l’accès à Pegasus  à l’Arabie Saoudite, dans l’attente des résultats de l’enquête. Mais la  société aurait ré-autorisé son accès sous la pression du gouvernement israélien. En fait on retrouve le logiciel derrière plusieurs scandales qui ont mené aux meurtres et à la disparitions de nombreux opposants, journalistes… c’est le cas ci-haut cité de Jamal Khashoggi. En Mexique plus de 15.000 journalistes sont sur la liste. Pour la France 1000 numéros sont sur la liste du centre marocain de Pegasus.  Et avec stupéfaction le numéro du président Emmanuel Macron ainsi que celui de Charles Michel figure dans l’annuaire qui fait trembler le monde. Le nom d’Edwiy Plenel Patron de Mediapart est aussi sur l’annuaire pour avoir une fois critiqué la répression policière des manifestations du Rif. D’ailleurs le patron de Madiapart aurait porté plainte contre NSO.  A Côté bien sûr d’Emmanuel Macron en tant Chef d’Etat en exercice, il y a aussi Barham Salih de ‘Irak et Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud. Il y a aussi trois premiers ministres également en fonction, il s’agit d’Imran Khan du Pakistan, Saad-Eddine El-Othmani au Maroc et Mustapha Kemal Madbouli de l’Egypte. Qu’est qu’il y a avec Kigali ?

Kigali prise la main dans la poche!

De prime abord, les données du Projet Pegasus « suggèrent fortement que le gouvernement rwandais a été client de NSO group ».. Parmi les personnes espionnées figure ainsi la fille de l’opposant Paul Rusesabagina, Carine Kanimba. L’examen de son téléphone révèle « de premières traces d’infection fin janvier 2021 ». Mais il est possible que des attaques aient eu lieu avant, « certains logiciels ayant la capacité d’effacer leurs traces », selon les journalistes qui ont mené les investigations.

Interrogée par le quotidien belge Le Soir, Carine Kanimba, qui réside dans la banlieue de Bruxelles, affirme ne pas être surprise. Des officiels rwandais ont commencé à agir comme s’ils avaient connaissance de tous ses faits et gestes, dit-elle. Des députés belges ont, par exemple, été contactés par les autorités rwandaises peu après lui avoir apporté leur soutien, même en privé’. D’autres opposants rwandais et même des personnalités à l’étranger auraient été également ciblés par le Rwanda. Parmi eux, on retrouve le demandeur d’asile Cassien Ntamuhanga notamment. Il a été arrêté au Mozambique en mai dernier. Il est actuellement porté disparu!

Des personnalités politiques dans la région des Grands Lacs figurent également dans la liste des personnes visées par le logiciel espion. Comme Ruhakana Rugunda, qui était encore Premier ministre en Ouganda il y a un mois, ou encore Alain-Guillaume Bunyoni, Premier ministre burundais. Sont aussi sur la liste : les Congolais Lambert Mende et Albert Yuma, proches de l’ex-président Joseph Kabila ou encore le gouverneur de la province de l’Ituri, Jean Bamanisa Saïdi.

Le Ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Biruta affirme, pour sa part, que le Rwanda n’utilise pas le logiciel Pegasus. Il dément l’espionnage du téléphone de Carine Kanimba ou d’éventuels militants, journalistes, avocats, personnalités politiques ou autres. « De fausses accusations », selon lui.

La réponse du Ministre Vincent Biruta est la même que celle du président rwandais Paul Kagame. Aux allégations selon lesquelles il aurait espionné des opposants par téléphone,  il a affirmé que la technologie nécessaire pour le faire est trop coûteuse. Par simple logique, ceci suggère que Kagamé a bien l’idée des prix de ce logiciel ; les prix à vrai dire exorbitant! Mais l’on sait qu’avec le FPR, il n’y a pas de problème de moyen ; et de surcroît, la chasse des « ennemis » du pays est le leitmotiv de ses discours. Kagame dit toujours qu’il n’épargnera aucun effort pour éliminer ces ennemis et  à n’importe quel prix !. 

Cette réponse est en contradiction avec ce qu’il a dit lors d’une conférence de presse, le 8/11/2019. Le président Paul KAGAME a déclaré qu’il espionnait l’Ouganda, car il est courant dans tous les pays d’espionner ses voisins pour des raisons de sécurité. Il a dit qu’en plus des hommes, il y a aussi la technologie. Il déclara : « L’espionnage est l’apanage de tous les pays. Nous sommes habitués à utiliser les ressources humaines, et nous excellons en la matière. Et il m’arrive moi-même de me reprocher de le faire, Nous faisons plus que cela », a-t-il déclaré. 

S’exprimant lors d’une conférence de presse dans la capitale Kigali, Paul Kagame a déclaré qu’il souhaitait pouvoir s’offrir la technologie « pour en savoir plus » sur ses ennemis

Il est à rappeler que le Rwanda a déjà promulgué une loi sur l’écoute de tout le monde,  et que depuis lors le nom de cette société informatique israélienne, NSO était déjà sur les lèvres. On ne peut pas oublier un cas flagrant de David HIMBARA C’est certainement par Pegasus que l’interview que David HIMBARA accorda au journal gouvernemental fut interceptée par Kigali. En fait le contenu de son interview avec le journal gouvernemental ougandais, New Vision, a été publié par le journal d’État rwandais New Times bien avant New Vision!

Que dire du procès de feu Kizito Mihigo. Parmi les preuves l’incriminant, il y a ses messages WhatsApp. Comment a-t-on pu pénétrer dans son appareil? Et surtout comment a-t-il pu être surpris, si ce n’est pas un simulacre, chez lui tout prêt de s’exfiltrer?

De nouvelles preuves découvertes par Amnesty International et Forbidden Stories ont révélé que les autorités rwandaises ont utilisé Pegasus pour potentiellement cibler plus 3.500 activistes, journalistes et politiciens.  

Alors que les analyses continuent, voici au moins la liste des personnes ciblées par Pegasus sous la commande du Rwanda :

  • Les Rwandais:
  1. Carine Kanimba (Fille de l’Opposant Paul Rsesabagina)
  2. Dr.David HIMBARA (Exilé au Canada et ex-Conseiller de Paul Kagame)
  3. Jean Paul TURAYISHIMIYE ( Exilé aux USA)
  4. Cassien NTAMUHANGA (Portée disparue)
  5. Bob Mugabe (Journaliste au Rwanda)
  6. Eric BAGIRUWUBUSA (Journaliste  de la VOA)
  7. Gatera Gashabana (Juriste, avocat dans des procès des politiciens (Victoire Ingabire, Paul Rusesabagina, Aimable Karasira…)
  8. Frank NTWALI (Exilé en Afrique du Sud beau-frère de Kayumba Nyamwasa)
  9. Kennedy GIHANA (Exilé en Afrique du Sud)
  10. Etienne MUTABAZI (Exilé en Afrique du Sud)
  • Les étrangers
  1. Cyril Ramaphosa (Président d’Afrique du Sud)
  2. Ruhakana Rugunda (Ex-PM Ouganda)
  3. Gen. Alain Guillaume Bunyoni (PM Burundi)
  4. Gen. David Muhozi (Ex-Chef d’Armée et actuel Ministre de l’Intérieur de l’Ouganda)
  5. Sam Kutesa ( Dernièrement Ministre des Affaires Etrangères de l’Ouganda)
  6. Joseph Ochwet( Chef des services de renseignement extérieurs de l’Ouganda)
  7. Andrew Mwenda ( Ugandais , ex-conseiller de Paul Kagame)
  8. Kennedy Katombe (Journaliste Congolais, travaillant avec Reuters)
  9. Lambert Mende (Ex-Ministre de l’information de la RDC)
  10. Albert Yumi (Confident de d’ex-président de la RDC)
  11. Jean Bamanisa Saïdi (Toujours Gouverneur de l’Ituri en RDC)
  12. Fred Nyanzi Ssentamu (Frère de Bobi  Wine, figure d’opposition en Ouganda)

L’indignation fuse de toute part!

Le scandale Pegasus a provoqué une indignation à l’échelle mondiale.

  • Amnesty International

La Secrétaire Générale d’Amnesty International Agnès Callamard, a déclaré : “NSO Group ne peut pas insister sur le fait que ses produits ne sont pas utilisés que contre les criminels alors que plus de 3.500 activistes, journalistes, opposants politiques, politiciens étrangers et diplomates ont été sélectionnés comme cibles des logiciels espions de NSO »

« NSO Group doit cesser immédiatement de vendre ses équipements des pays qui ont les antécédents de mise sous  surveillance illégale des défenseurs des droits humains et des journalistes. Face à des preuves aussi irréfutables, l’entreprise ne peut plus  se cacher derrière ses réclamations lorsque son logiciel espion est clairement utilise pour la répression à l’échelle mondiale », continue-t-elle.

Et pour conclure, elle dit: « L’industrie de surveillance est hors control. Les Etats doivent mettre en œuvre un moratoire sur la vente, le transfert et l’utilisation d’équipements de surveillance jusqu’à ce qu’un cadre règlementaire conforme aux droits de l’homme soit en place »

  • La France et la Commission européenne

Les révélations autour du logiciel espion israélien Pegasus ont provoqué un choc politique. Plusieurs personnalités politiques, industrielles, des avocats ou des journaux seraient concernés, poussant Gabriel Attal ou Ursula von der Leyen à réagi, le 19 juillet.

La présidente de la Commission européenne a estimé que des vérifications étaient nécessaires mais qu’en cas de véracité, cette affaire «est complètement inacceptable». «La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne», a-t-elle ajouté en marge de son déplacement à Prague où elle présentait un plan de 7 milliards d’euros pour aider la République Tchèque à affronter la crise sanitaire.

Du côté de la France, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a qualifié le même jour au micro de France Info les révélations de «faits extrêmement choquants», ajoutant que «s’ils sont avérés, sont extrêmement graves». A l’instar de la présidente de la Commission européenne, il a également défendu la liberté de presse : «Nous sommes extrêmement attachés à  la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d’enquêter, d’informer.»

Toujours selon Gabriel Attal, la France compte lancer des investigations : «Il va y avoir évidemment des enquêtes, des éclaircissements qui vont être demandés», a-t-il ainsi poursuivi sans en préciser toutefois les modalités, se contentant de déclarer que le gouvernement français «ne regardait pas ce sujet à la légère». Il s’est toutefois satisfait de la reconnaissance de la non-participation de la France à cette vaste entreprise d’espionnage tout en se félicitant de l’éthique des services français : «Nos techniques de renseignement en France sont évidemment autorisées par la loi, elles sont respectueuses des libertés individuelles et notamment de la liberté de la presse».

Conclusion

L’espionnage a été, et reste depuis les temps immémoriaux l’apanage des Etats. Toutefois, il reste une intrusion illégale dans un domaine réservé d’un tiers. L’espionnage est non seulement une violation des droits de l’homme dans le droit privé, il est aussi dans le droit international public, une atteinte grave à la souveraineté territoriale, une atteinte à la responsabilité internationale des Etats et fin des fins une atteinte au droit diplomatique. Ainsi vu, l’espionnage est illégal.

Malgré  cette illégalité, l’espionnage existe et constitue par-dessus tout  une très importante unité de mesure de la puissance d’un Etat. Pour Kagame, l’espionnage est son sein depuis sa formation militaire en Ouganda. Et la bouche qui a tété, n’oublie pas la saveur du lait ! Kagame sait que son régime minoritaire, ne peut pas survivre sans avoir les méthodes propres à asseoir un régime autoritaire. C’est pour cela que le Rwanda a une superstructure d’espionnage ou de renseignement ou tout Rwandais est un agent secret. Toutes ces pratiques sont bien propres à asseoir un pouvoir autoritaire, pour lequel le mot démocratie requiert des appellations restreignant et souvent individuelles.

Les révélations sur le couple Kagame-Pegasus, ne peuvent jamais surprendre toute personne qui connaît le Rwanda. Il faut tout simplement  connaître son rang dans le respect de droits de l’homme et de l’expression pour en avoir le cœur net : le Rwanda est le 156/180 pays! Des rapports de l’ONU, des ONG qui militent pour le respect des droits de l’homme sont trop nombreuses pour ne pas être informé.

On peut toutefois se demande qu’elles sont les conséquences de ces révélations scandaleuses? On peut les diviser en trois parties:

  • Pour la société NSO Group ou l’Israël, c’est plus que scandaleux. En effet, les ventes révélées par le Projet Pegasus ont été validées par une commission dirigée par le ministre de la Défense de l’Etat Hébreu. Cela constitue un revers de la médaille, pour ce champion du monde de la cyber sécurité et des logiciels espions. L’Israël est donc dans l’embarras. Ainsi avec l’affaire Pegasus, Israël pourrait revoir ses exportations de Défense. Une commission de Knesset pourrait recommander des amendements à la politique israélienne d’exportation de Défense à la suite de ces accusations d’espionnage liées au logiciel Pegasus développé par NSO Group, a déclaré, ce jeudi, le 22/07/2021 l’un de ses membres

« Nous devons certainement réexaminer toute cette question des licences accordées par la DECA », a déclaré Ram Ben-Barack, président de la commission des affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, à la radio de l’armée israélienne. 

  • Pour les nations-espions, des conséquences sont directes et lourdes. De la qualification de nations « voyous », aux nations «  autoritaires », les nations qui ont utilisé Pegasus vont  soulever l’attention des autres, elles vont s’attirer une antipathie qui risque de les mettre dans l’isolement. Comment, en fait, peut-on avoir une amitié avec quelqu’un qui veut savoir comment, tu manges ou tu dors même avec ta femme? Leurs coopérations ou mieux diplomaties vont beaucoup  souffrir de ces révélations, voire même suspendues. Kagame qui trompait ses voisins, comme  Evariste Ndayishimiye du Burundi et Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo en simulant une normalisation des relations va tomber de charybde à scylla. Des procès internationaux peuvent poursuivre, des sanctions être prises. L’image réelle de Kagame, longtemps mise en cause, est cette fois-ci connue: un homme  avide de pouvoir et à qui on ne peut pas faire confiance, un homme qui intronise Kabila avant-hier pour le tuer le lendemain, un homme dont les dieux réclament le sang de ses frères et camarades de guerre! 
  • Pour le camp des parties espionnées, c’est la colère juste qui fume, si on s’imagine  ce que Pegasus est capable de faire. C’est la légitime défense!  Car avec Pegasus, c’est comme marcher nu, au milieu du marché! Le président Français Emmanuel Macron, lui n’a pas tardé; il a convoqué, ce jeudi le 22/07/2021, un conseil de Défense exceptionnel, pour discuter de ces macabres révélations. L’Afrique du Sud, qui normalement ne voit jamais d’un bon œil  Kagame, qu’il a pourtant hissé aux épaules pour le mettre à Kigali, va certainement emboîter, la France. La première puissance africaine devrait faire une bonne leçon à l’intrus. Ces puissances peuvent initier, et c’est le souhait démocratique, des sanctions contre les espions et assassins de la démocratie. 

Et les opposants de ces régimes, qui certainement frissonnent car beaucoup ont l’épée suspendue sur leurs têtes, se terrent un peu et attendent avec peu de patience ce que leurs oppresseurs vont récolter de ce vent qu’ils ont semé. Et si ces révélations du Projet Pegasus sur Pegasus deviennent l’alchimie qui va faire fondre les dictatures? Demain nous le dira!