RWANDA: L’Affaire Rusesabagina rebondit!

Ange Kagame, Yolande Makolo et Stéphanie Nyombayire

Par Erasme Rugemintwaza

Ce 7 Octobre 2021, par une résolution prise presque à l’unanimité, le Parlement Européen (PE) demande à Kigali de rapatrier Paul Rusesabagina, condamné à 25 ans de prison ferme. Kigali boude et crie au néocolonialisme. Une joute diplomatique qui fait trésaillir!

Le Parlement Européen a adopté à la quasi-unanimité (660 voix contre 2 et 18 abstentions), la résolution qui appelle à remettre en cause l’équité du verdict et à la libération immédiate de Paul Rusesabagina pour des raisons humanitaires, ainsi que son rapatriement.

La résolution réclame le rapatriement humanitaire, « sans préjuger de sa culpabilité ou de son innocence », du Belgo-Rwandais Paul Rusesabagina, condamné le 21 Septembre 2021, à 25 ans de prison pour terrorisme. Conscient des préoccupations émises, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois demandé de ne pas perdre de vue les éléments de preuve de l’accusation, dont bon nombre ont été fournis par les autorités judiciaires de la Belgique. « M. Rusesabagina est l’exemple même des violations des droits de l’homme au Rwanda », affirme la résolution.

Le 21 septembre 2021, Paul Rusesabagina, ressortissant belge et résident à la fois en Belgique et aux États-Unis, héros du film « Hotel Rwanda » de 2004 pour son action dans le sauvetage de plus de 1.200 personnes menacées par le génocide de 1994, a été condamné à 25 ans d’emprisonnement. Il a été reconnu coupable de neuf chefs d’accusation liés au terrorisme et aux activités attribuées au Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique/Front de Libération Nationale (MRCD-FLN), coalition de partis politiques d’opposition et son bras armé accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019, dans le sud du pays, dans une région près de la forêt de Nyungwe et frontalière du Burundi.

La Belgique, dont pourtant les autorités judiciaires ont collaboré à des devoirs d’enquête, ainsi que les États-Unis affirment que Rusesabagina n’a pas bénéficié d’un procès équitable à Kigali.

Un dossier qu’il faut prendre avec des pincettes!

L’affaire Rusesabagina part d’abord d’un mauvais pied, ce qui augurait déjà une fin tragique. Car les « Conditions d’arrestation qui relèvent de l’enlèvement, non-accès à un avocat de son choix, documents confidentiels juridiques confisqués, présomption d’innocence balayée par le président Paul Kagame… », comme l’a dit l’eurodéputée Marie Arena, montraient la détermination de Kigali de condamner Rusesabagina et non de rendre la justice.
Le PE, semble regretter son silence, ou la réaction timide et sans suivi qu’ il a déjà faite. Au départ, « Les seules circonstances de son arrestation auraient mérité une réaction ferme par principe de l’Union européenne », a affirmé Tom Vandekendelaere, pour continue que « C’est un dossier délicat, mais Paul Rusesabagina est un citoyen européen, et nous devons le défendre pour la sécurité de nos concitoyens. Le Rwanda veut de bonnes relations avec l’UE et ses États membres, et je ne peux m’imaginer que Kigali ne puisse être ramené à davantage de raison ». Pour rappel, la première résolution adoptée par le Parlement Européen le 11 ferrier 2021,  condamnait tout simplement, sans aucune autre forme de suivi ce qu’il a décrit comme « la disparition forcée, la restitution illégale et la détention au secret de Paul Rusesabagina. »

La résolution du PE est beaucoup plus motivée par l’Etat de santé de Rusesabagina. Pour Kathleen Van Brempt, « cette condamnation à 25 ans d’un homme qui a le cancer et a besoin de soins, est une condamnation à mort ». Sa collègue Hilde Vautmans soutient cette plaidoirie pour la libération, pour une raison humanitaire, même si « nous ne nous prononçons ni sur sa culpabilité ni sur son innocence ». Mais toujours est-il que la Belgique n’est pas vue d’un bon oeil dans toute l’affaire. Assita Kanko a affirmé que la Belgique avait « laissé tomber » l’intéressé et suggéré une extradition vers les États-Unis.

La Belgique pointée du doigt!

Le dossier de Rusesabagina a mis à nue les faiblesses de l’autorité belge dont le suivi était laissé, comme pour s’en débarasser, à la diplomatie et surtout à la Ministre Spohie Wilmès. La collaboration des instances judiciaires du Rwanda et la Belgique était à sens unique que l’on peut même parler de  » complot » entre Kigali et Bruxelles contre Rusesabagina. Alors que le parquet de Kigali a eu le feu vert même de la perquisition même des résidences de Paul Rusesabagina en Belgique, on a vu Kigali expulsait son avocat belge Maître Vincent Lurquin sans aucune réaction de la port de l’Etat Belge. Me Vincent Lurquin a dit que la Belgique se comportait comme  » une victime consentante », à voir seulement l’arrogance du Rwanda envers elle. Mais toujours, les services belges rassurent qu’ils suivent de près la situation de M. Rusesabagina. Mais la Ministre Sophie Wilmès expliqua que « Rien ne pourra être fait sans la collaboration des Rwandais. On essaie de garder un maximum de canaux ouverts pour aider au maximum Paul Rusesabagina ».

La résolution parlementaire insiste d’ailleurs auprès du gouvernement rwandais pour qu’il respecte le droit du gouvernement belge d’apporter une assistance consulaire à M. Rusesabagina, afin de garantir son état de santé et un accès digne de ce nom à la défense.

Interpellée par les eurodéputés, la Commission Européenne a assuré avoir rappelé à plusieurs reprises, et encore récemment, ses préoccupations auprès de Kigali. Elle dit aussi être en contact avec la Belgique qui la tient informée.

Mais le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a également fait observer que le condamné avait droit de faire appel. En outre, « nous notons que les autorités ont corrigé un grand nombre des questions soulevées après y avoir été sensibilisées », a-t-il nuancé. « Il ne faut pas ignorer non plus les accusations graves portées contre l’accusé et l’ensemble des éléments de preuve portés par l’accusation, dont une grande partie ont été fournis par la coopération des autorités judiciaires d’un État membre », a ajouté Josep Borrell, sans citer nommément la Belgique

Kigali contre-attaque

Les contre-attaques de Kigali ne se sont fait pas attendre. Comme pour la première résolution de février 2021, qui fut traitée par le Parlement rwandais d’  » une insulte à la souveraineté du Rwanda », les réactions pour cette deuxième tentative européenne abondent dans le même sens. Mais celle-ci insiste sur un phénomène qui devient un leitimotive contagieux des dictatures africaines qui font le chantage à l’Occident: le néocolonialisme. Ange Kagame, fille plus présente que sa mère auprès de Paul Kagame, poste sur son compte tweeter « nous ne sommes plus en 1884 », faisant ainsi référence à la conférence de Berlin qui départagea l’Afrique aux puissances européennes.

La porte-parole du gouvernement rwandais Mme Yolande Makolo a qualifié la résolution de « bruit » et d' »ingérence dans l’administration de la justice au Rwanda »Sur son compte tweeter, elle a posté que le Parlement européen avait ignoré la décision elle-même. « … Le bruit de députés tentant de s’immiscer dans la récente condamnation de Rusesabagina, […] cela interfère dans le fonctionnement de la justice rwandaise. ». La réaction la plus terrifiante est celle de Stéphanie Nyombayire, secrétaire à la presse dans la présidence rwandaise, qui écrit sur son compte tweeter: « Un passeport européen ne signifie plus l’impunité pour tuer nos citoyens. Cela ne vous donne pas non plus le droit de dicter ce que la justice signifie (tout en hébergeant des fugitifs du génocide et leurs fiers descendants). Veuillez limiter votre nostalgie coloniale aux confins de votre esprit hypocrite. »

La suspension d’aides est-elle envisageable?

A la demande du Parlement européen, il a également appelé la réunion conduite par l’UE à reconsidérer son assistance au gouvernement rwandais et aux autres institutions du pays, afin qu’il ne puisse y avoir aucun doute sur la mise en œuvre des droits de l’homme. Et, il est important de noter que cette aide n’est pas utilisée dans des activités qui portent atteinte à la liberté d’expression et à la presse, à la liberté politique, à la primauté du droit et aux organisations non gouvernementales.

Conclusion

A l’heure actuelle, qu’on le veille ou non, la détermination de l’UE est bien réelle car la propagande mensongère de Kagame et surtout les chantages sur la Belgique sont devenus un secret de polichinelle et une stratégie obsolète. Pour une raison humanitaire, Kagame devrait libérer Rusesabagina. L’UE ne veut jamais innocenter Rusesabagina en dehors des voies légales, elle veut l’amélioration de la santé de son citoyen gravement malade et détenue dans de mauvaises conditions. Et ce qui est heureux est que les canaux de coopération sur ce dossier existent encore. L’UE ne veut plus se laisser faire à causes des faiblesses de l’un de ses membres. Quant aux sanctions possibles, si sanctions il y a, elles devraient s’orienter d’abord sur les individus, Kagame et sa clique mercantile, en faisant le gèle de leurs fortunes et en resteignant leurs mouvements. Les aides publiques devraient désormais passer par la société civile dans l’approche Partenariat Public Privé (PPP). Mais Kagame n’est pas cet homme qui se soucie de l’intérêt public, il ne veut que sa grandeur d’où il ne lâche pas prise. Aux Rwandais, attendez-vous à Agaciro Development Fund, nouvelle version, pour garnir la caisse noire de Kagame!

1 COMMENT

  1. Mme Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a qualifié la résolution de “bruit” et d’”ingérence dans l’administration de la justice au Rwanda”. Sur son compte tweeter, elle a posté que le Parlement européen avait ignoré la décision elle-même. « … Le bruit de députés tentant de s’immiscer dans la récente condamnation de Rusesabagina, […] cela interfère dans le fonctionnement de la justice rwandaise. »
    Quant à Stéphanie Nyombayire, secrétaire à la presse dans la présidence rwandaise, elle écrit sur son compte tweeter: “Un passeport européen ne signifie plus l’impunité pour tuer nos citoyens. Cela ne vous donne pas non plus le droit de dicter ce que la justice signifie (tout en hébergeant des fugitifs du génocide et leurs fiers descendants). Veuillez limiter votre nostalgie coloniale aux confins de votre esprit hypocrite.”
    Enfin, Ange Kagame, conseillère spéciale de son père, Paul Kagame dit « “nous ne sommes plus en 1884”
    Sur Yolande Makolo,
    Est-elle Rwandaise ou Congolaise de la RDC ?
    La mère de Yolande et d’Yvonne Makolo, respectivement porte-parole du gouvernement rwandais avec rang de ministres et Directrice Générale d’Air Rwanda, est Rwandaise. Leur père est ou était un Congolais de la RDC, d’ethnie Muruba.
    Selon Kagame et les siens, le Rwanda a trois groupes ethniques: Abahutu, Abwatutsi et Abatwa (préambule et article 50 de la constitution rwandaise en vigueur).
    L’ethnie d’un Rwandais est historiquement transmise exclusivement par le père, son l’on considère que Abahutu, Abatutsi et Abatwa sont des ethnies (ce qui n’est pas le cas en l’espèce).
    Mais pour le FPR, concernant Abatutsi, une distinction doit être faite entre les Abatutsi dignes de ce nom et Abutsi uniquement de nom.
    Abatutsi dignes de ce nom sont ceux dont le père et la mère sont originairement Abatutsi. Ces sont les Abatutsi authentiques.
    Les Abatutsi de nom: sont ceux dont le père est Umututsi et la mère, Umuhutukazi. Pour le FPR, ils ne sont pas Abatutsi authentiques. Ils doivent être vus et traités comme tels. Ce sont les Abahutu. Ils doivent subir le même sort que ces derniers.
    Au regard de la définition d’Umututsi par Kagame et les siens, Yolande Makolo n’est pas Umututsikazi mais Umurubakazi et Congolaise.
    Se pose une autre question. Depuis quand Yolande est-elle au Rwanda et comment est-il devenu umututsikazi ? Qui l’a positionnée dans le club politico-financier, mafieuse et de prédateur rwandais ?
    C’est pourquoi, n’étant pas abatutsi authentiques, les rescapés dont les pères étaient Abatutsi et les mères Abahutukazi, ont été ou sont exclus du bénéfice du FARG et autres fonds créés par diverses officines du FPR opérant au Rwanda et prétendument dédiés aux rescapés du génocide dit des Tutsi.
    Il convient de rappeler que l’épouse de Biruta, alors ministre du Gouvernement Kagame s’est déclaré rescapé du génocide et a bénéficié du FARG pour faire les études universitaires. Elle a été intégralement prise en charge par le GARG.
    Au regard de la loi, l’épouse de Biruta a commis l’escroquerie. Le ministre Buruta est complice d’escroquerie manifeste. Ils doivent être déférés par le RIB devant le tribunal pour escroquerie.
    Il est regrettable que les opposants politiques aussi bien de l’intérieur que l’extérieur et les médias rwandais n’aient pas dénoncé publiquement les méfaits de Biruta et son épouse, alors que cet agissement est d’une particulière gravité. Son cas n’est pas unique. Plusieurs épouses, époux et proches des oligarques du régime Kagame y compris ceux qui sont venus du Burundi, Ouganda, Ex-Zaïre etc. se sont déclarés rescapés du génocide dit des Tutsi et ont bénéficié du FARG. Le montant de cette escroquerie est de plusieurs millions de nos francs.
    Sur la résolution du Parlement européen
    Les déclarations de ces obligés de Kagame sont pathétiques et pitoyables.
    Il me semble que les mots honneur et dignité sont dénués de sens.
    Kagame a prouvé, aux yeux du monde, qu’il est le gardien des ses maîtres. Par ailleurs, ses magots, soit plusieurs milliards de nos francs, détournés dans les caisses de l’Etat rwandais sont planqués dans les sociétés de gestion du patrimoine sises dans certains Etats ou micro-Etats pour échapper aux impôts. Les propriétaires de ces sociétés sont des multinationales financières des maîtres de Kagame notoirement connu. Kagame est classé cinquième chef d’Etat africain millionnaire. Pour être dans les tops des tops prédateurs, il faut que son compte soit très bien garni c’est-à-dire, il faut que ses avoirs soient évalués à plusieurs millions de dollars US.
    Kagame est, via les soldes de son armée, gardien ou vigile des intérêts de la France et des USA. Ce sont les soldats de l’armée de Kagame et nullement de l’armée rwandaise, qui accomplissent les missions de vigiles ou gardiens de Total et d’Axxon Mobil, sociétés française et américaine de pétrole, opérant au Mozambique, le tout moyennant des sommes de dollars. La France et les USA n’ont pas voulu envoyer leurs soldats pour assurer la protection de leurs intérêts. Ils ont trouvé un Président africain qui a accepté d’envoyer les Rwandais mourir pour les intérêts des Français et des Américains.
    Kagame a sciemment envoyé les Rwandais à la mort dans l’unique dessein de protéger les Intérêts de la France et des USA.
    Force est de constater le silence de cathédral de Yolande Mkolo, Stéphanie de Nyombayire et Ange Kagame sur les agissements de Kagame, obligé de la France et des USA entre autres. Elles ont enterré la honte et la dignité élémentaires.
    Au lieu d’offrir au monde un spectacle misérable, elles auraient dû avoir l’outrecuidance de se taire. Le Rwanda vit avec les subsides des maîtres du monde à savoir entres la France, les USA et la Belgique. Si l’Union Européenne mette en exécution sa résolution, Kagame n’aura même pas de quoi payer ses soldats pendant deux mois.
    Aussi, s’ils décident de porter à la connaissance du monde le montant de ses avoirs financiers évalués à plusieurs milliards de dollars US détournés dans les caisses publics des Rwandais, Kagame n’aura même pas le courage de regarder son chien dans les yeux. Ceux qui vocifèrent contre les parlementaires européens, observeront le silence de tombeaux Ces jeunes femmes pourront également être frappées de sanction.
    Un maître et son obligé, qui est le plus puissant ? Par leurs propos, les trois collaboratrices, membres de l’oligarchie rwandaise, entendent prétendument prouver que l’obligé qu’est Kagame est plus puissant que ses maîtres.

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