Nyanza, Rwanda – Ce mercredi, une tournure inattendue a marqué le procès d’Aimable Karasira lorsque Maître Gatera Gashabana, son avocat, s’est retiré de l’affaire sans que les raisons soient divulguées par le tribunal. Aimable Karasira, ancien enseignant à l’Université du Rwanda et artiste, est accusé de six chefs d’inculpation, incluant la négation du génocide, l’incitation à la perturbation publique et la dissimulation de l’origine de ses biens, accusations qu’il réfute fermement.
Le procès, qui a débuté en avril 2023 au Tribunal de Grande Instance, la chambre spécialisée dans les crimes transfrontaliers située à Nyanza, a atteint le stade où Karasira doit présenter sa défense après que le ministère public ait clos sa présentation des charges et preuves contre lui.
Aujourd’hui, avant le début de l’audience, Maître Gashabana, présent au tribunal, a remis une lettre annonçant son retrait du procès qu’il avait initialement accepté de plaider. Après avoir soumis la lettre au système du tribunal, Gashabana a immédiatement quitté les lieux.
Peu après, le tribunal a confirmé le retrait de Maître Gashabana sans préciser les raisons de cette décision. Le juge a interrogé Karasira sur sa capacité à se défendre seul ou s’il avait besoin d’un autre avocat. Karasira a répondu en demandant l’aide du tribunal pour trouver un nouvel avocat, expliquant qu’il était en difficulté financière car « tous mes biens ont été saisis, ce qui complique toute possibilité pour moi – aidez-moi à accéder à une liste d’avocats pour faciliter mes communications avec eux. »
Le tribunal a accepté de faciliter cette demande, et l’audience a été ajournée, prévue pour reprendre le 3 septembre 2024.
Avant cette audience, Karasira avait deux avocats, Gashabana et Evode Kayitana, bien que ce dernier se soit également retiré du cas. Karasira a indiqué qu’il avait licencié Kayitana, préférant un avocat « plus jeune et techniquement compétent ».
Karasira, 46 ans, a été arrêté en 2021, accusé de nier et de justifier le génocide contre les Tutsis. Peu avant son arrestation, il avait discuté dans une vidéo sur sa chaîne YouTube « Ukuri Mbona » de sa vie personnelle, accusant les soldats du FPR-Inkotanyi d’avoir tué ses parents et deux de ses frères. Dans cette vidéo, il affirmait également que, malgré les preuves de l’assassinat de ses parents par les Inkotanyi, il n’avait pas reçu le soutien normalement accordé aux survivants du génocide, tel que la prise en charge scolaire, car il était généralement reconnu que ses parents avaient été tués par les Inkotanyi. Karasira a également mentionné vivre avec son frère cadet, qui souffre d’une maladie mentale, et a parlé de ses propres luttes contre une dépression sévère. Ces circonstances, selon lui, ont contribué à son licenciement de l’Université du Rwanda en août 2020, l’institution affirmant que son comportement et ses idées étaient contraires aux valeurs, principes et responsabilités d’un éducateur.
