Selon la diplomatie congolaise: « Kigali prépare un génocide sournois des Hutus dans l’Est de la RDC”:

Le 9 mai 2024, lors d’une réunion importante avec les représentations diplomatiques accréditées à Kinshasa, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), a lancé une accusation grave contre le gouvernement rwandais. Devant un auditoire de diplomates internationaux, il a affirmé que Kigali préparait un « génocide sournois » à l’encontre des Hutus dans l’Est de la RDC. Ces propos font suite à une série de tensions accrues dans la région, notamment après le bombardement du camp de personnes déplacées de Mugunga le 3 mai dernier, attribué à l’armée rwandaise et ses alliés du M23, qui a fait plusieurs victimes.

Le Ministre Lutundula a informé que la RDC avait officiellement saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies suite à ce bombardement. La lettre, dont le contenu n’a pas été dévoilé lors de la réunion, aurait été distribuée aux membres permanents et non-permanents du Conseil. Le gouvernement congolais attend de cette instance une réaction qui, espère-t-il, sera alignée avec les principes de protection des populations civiles en temps de conflit.

Le Vice-Premier Ministre a salué la condamnation de l’attaque par les États-Unis et a apprécié la solidarité manifestée par divers partenaires internationaux. Cependant, il a exhorté les diplomates présents à éviter toute forme d’ambiguïté dans leurs déclarations qui pourrait brouiller la compréhension publique des faits. Lutundula a insisté sur la nécessité d’une neutralité active, comparant le rôle des diplomates à celui d’un arbitre qui, tout en étant neutre, doit aussi savoir sanctionner les fautes.

La situation au Kivu est d’une complexité remarquable, aggravée par des décennies de conflits et de tensions ethniques. Le Ministre des Affaires étrangères a rappelé que le territoire attaqué, majoritairement peuplé de Hutus congolais, avait déjà été le théâtre de violences par le passé, notamment durant et après le génocide de 1994 au Rwanda. Selon lui, les récentes déclarations du Président rwandais Paul Kagame exacerbent les tensions et pourraient mener à une nouvelle escalade de violence dans la région.

Malgré le contexte tendu, le Vice-Premier Ministre a affirmé que les discussions pour la paix doivent continuer, en soulignant l’importance de la médiation de l’Union Africaine dans le cadre du processus de Luanda. Il a aussi mentionné la mise en place d’un plan de démantèlement des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), discuté lors d’une réunion à Luanda sous l’égide du Président angolais João Lourenço.

Sur un autre plan, Christophe Lutundula a abordé la coopération avec l’Union européenne, insistant sur l’importance de la mise en place d’un comité d’experts pour la traçabilité des produits stratégiques. Cette initiative vise à assurer que les échanges commerciaux ne contribuent pas à financer indirectement les conflits dans la région. Le Vice-Premier Ministre a exprimé le désir de renforcer la confiance mutuelle entre la RDC et ses partenaires européens pour éviter toute implication dans des pratiques douteuses.