Point de cachettes sous mon ombre

Le 20 Janvier 1993, un parterre d’invités de marque et une foule impressionnante venue de tous les coins de l’Amérique, s’étaient réuni pour ce qui allait être un moment historique à plus d’un titre. Parmi eux, une femme noire méconnue du grand public, attendant tranquillement que le protocole appelle son nom.

Le moment venu, elle s’est levée et s’est avancée vers l’homme qui était honoré ce jour-là, s’est inclinée respectueusement avant de monter à la tribune pour prendre la parole. Elle était emmitouflée dans un cardigan aux couleurs sombres et aux boutons dorés, et sur la poitrine, un ruban rouge écarlate, symbole on ne peut plus visible de sa solidarité envers les victimes du sida. 

Malgré ce froid décapant des hivers de l’Est Américain, elle ne portait pas de chapeau ou autre couvre-chef. C’était comme si elle avait décidé que sa chevelure naturelle dépareillerait de celle des personnalités qui avaient jusque-là été invitées à parler lors de ces cérémonies officielles. Connaissant sa fierté et son sens de dérision, cela pouvait même être un pied de nez aux enfants insolents du Sud qui s’en moquaient naguère, disant de ses cheveux qu’ils étaient crépus et hideux.

Rien en elle ne dénotait une quelconque peur ou angoisse. Non, elle s’est avancée de façon délibérée et avec une assurance qui aurait pu laisser croire qu’elle avait fait cela toute sa vie. Pourtant non, et rare d’ailleurs les littéraires et encore moins les gens de couleur qui s’étaient jamais approché de ces micros. Ou parlophones, si on considère que ce genre de cérémonies officielles étaient organisées longtemps avant l’invention des microphones.

Dès qu’elle a commencé à parler, toute l’audience, tant ceux qui la connaissaient que ceux pour qui elle était encore inconnue, se sont tous tus et ont écouté, fascinés et dans un silence presque religieux, la verve de cette femme de lettres hors pair.

Son poème ‘On the Pulse of Morning’, récité de façon calme et posée mais avec une assurance qui commandait le respect, avait été écrit par elle expressément pour l’inauguration du 42ème Président des Etats-Unis. En quelques versets, elle a brillamment retracé l’histoire de l’Amérique, prenant à témoin les arbres, les rivières et les roches qui ont vu passer toutes ces générations qui se sont succédé et ont déchiré cette nation. 

« Vous, les Turcs, les Suédois, les Allemands, les Ecossais
Vous les Ashantis, les Yorubas, les Krus,
Achetés, vendus, volés, arrivant dans un cauchemar
Et priant pour un rêve.
Tenez-vous ici à côté de moi.
Je suis l’arbre planté au bord de la rivière,
Je ne serai pas déplacé. « 

Maya Angelou, c’était son nom, un nom rappelant son ascendance africaine et sa volonté de ne pas rester anonyme dans la masse. 

Hormis le fait que c’était le début officiel du premier mandat de Bill Clinton, un originaire de l’Arkansas, état où elle avait passé une partie de son enfance, cette occasion était auspicieuse à plus d’un titre. Tout d’abord, Maya Angelou était le deuxième poète à avoir jamais été invité à prendre la parole lors d’une inauguration présidentielle. Le premier était Robert Frost – auteur du poème ‘‎The Road Not Taken’ – et cela datait de l’inauguration de JFK en 1961. Plus important encore, elle était la première noire Américaine à recevoir cet honneur dans les deux cents ans et plus depuis que de tels évènements étaient organisés. 

Dans l’histoire des Etats-Unis, d’ailleurs, un seul noir avait avant elle adressé une telle foule dans ce parc qui s’étend sur près de deux kilomètres entre le Parlement américain et le monument à la mémoire du Président Abraham Lincoln. C’était un jeune Pasteur idéaliste de l’Alabama, qui avait osé partager avec le monde son rêve impossible, quelques trente années auparavant.

Bien que ce soit à ce moment que le monde entier a découvert cette voix qui avait déjà fait vibrer l’Amérique, ce ne devait être que quelques années plus tard que Maya, sa voix, ses mots et son histoire allaient avoir un impact extraordinaire sur le jeune réfugié de la guerre du Rwanda que j’étais.

Cela devait être en 1997, j’étais nouvellement au Canada et j’apprenais avec plaisir les méandres de la langue anglaise. Et un jour, je suis tombé sur elle, par hasard, dans une émission à la télé, cette septuagénaire à la voix intemporelle, lisant son plus fameux poème devant un public aussi attentif que celui de l’inauguration de Clinton.

J’étais bouleversé ! C’est comme si j’étais la personne décrite dans la chanson ‘Killing me Softly’ de Roberta Flack – fameusement reprise par Lauren Hill et les Fugees – cette personne qui est allée écouter un musicien étranger et qui a eu l’impression qu’il la connaissait personnellement tant ses chansons retraçaient sa vie !

« Vous pouvez couvrir mon passage dans l’Histoire
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez même me jeter à terre et me piétiner
Mais malgré tout, comme la poussière, je m’élèverai en l’air.

Vouliez-vous me voir brisé?
Marchant la tête et les yeux baissés?
Les épaules tombant comme des larmes,
Affaiblies par mes cris mélancoliques?

Hors des huttes de la honte de l’histoire
Je m’élève
D’un passé enraciné dans la douleur
Je m’élève
Laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur
Je m’élève
Dans cette aube qui est merveilleusement claire
Je m’élève
Apportant les cadeaux que mes ancêtres ont donnés,
Je suis le rêve et l’espoir de l’esclave.
Je m’élève
Je m’élève
Je m’élève. »

J’étais bouleversé par ces mots! Et ce n’était pas que les mots, c’était la voix, une voix extraordinaire et unique, basse et captivante, un acapella qui résonnait et amplifiait les mots les plus simples plus que n’importe quel microphone n’aurait pu.

Sa voix était comme le blues, mais pas un blues douloureux, un blues plutôt enthousiasmant et joyeux. Cela donnait l’impression qu’elle avait traversé le temps sans s’effriter, indemne des tragédies qu’elle avait probablement subies pour pouvoir ressentir les peines du monde comme elle le faisait.

Rarement un poème m’a touché comme ‘Still I Rise’ (‘Et malgré tout, je m’élève’). J’ai appris ses paroles par cœur et en ai pratiquement fait mon hymne personnel. Jusqu’à ce jour ! 

Et que dire de ‘Phenomenal Woman’ (‘Femme Phénoménale’), cette célébration de la Femme dans toute sa gloire? 

«Je dis, c’est dans la portée de mes bras, l’envergure de mes hanches, la foulée de mes pas, la rondeur de mes lèvres.

Je dis, c’est dans le feu de mes yeux, et l’éclair de mes dents, le déhanchement de ma taille, et la joie dans mes pieds.

Je dis, c’est dans le déclic de mes talons, les boucles de mes cheveux, la paume de ma main, votre nécessité de prendre soin de moi.

Je suis une femme, Phénoménalement. Femme phénoménale, c’est moi. »

Elle avait la capacité innée de faire remonter à la surface des emotions enfouies au fond de nous, et leur donner une nouvelle couleur plus joyeuse, nous aidant à accepter des circonstances qui pourtant étaient loin d’être légères. 

Je suis également certain que beaucoup de femmes se sont retrouvées à reciter intérieurement les mots de ‘Femme Phénoménale’ avant un entretien d’embauche, une réunion importante au travail, en faisant les courses, en entrant dans le transport public ou en garant sa voiture. Autant d’occasions anodines où des regards ou commentaires malveillants peuvent saper notre moral et nous faire sentir comme si nous étions des moins que rien.

Il fallait donc que ce soit une de ces femmes phénoménales parmi mes amis qui allait encore aujourd’hui m’envoyer sur la piste de la personne derrière cette Voix et Textes Légendaires. 

Et comme à chaque fois que mes écrits sont sollicités, je me suis senti humble et quelque peu anxieux a l’idée que peut-être je n’arriverai pas à dépeindre fidèlement le portrait de quelqu’un qui a des moments différents et dans des circonstances différentes de nos vies, nous a redonné le goût de célébrer qui nous sommes.

D’habitude, j’aurais commencé par lire des articles et visionner en ligne des interviews de la personne mais dans son cas, j’ai voulu que ce soit elle qui me raconte sa propre histoire dans sa propre voix et qu’elle guide mon clavier. 

Vous vous demandez vous si je vais abruptement avouer que j’ai fait appel à une cartomancienne ou un medium qui aurai fait tourner les tables et réveillé Maya des morts, juste pour quelques instants ? Ou que j’ai fait un voyage incognito au village pour procéder à des rites traditionnels d’invocation des aïeux? Rassurez-vous je n’ai utilisé ni l’une ni l’autre de méthodes d’invocations des disparus.

Ce n’est pas que je les juge ‘païennes’, non, mais l’ère digitale m’a donné d’autres options plus pratiques que celles auxquelles mes ancêtres recouraient. Je vous laisse deviner comment j’ai fait. Un peu de mystère n’a jamais heurté personne.

Et qu’ai-je appris dans mes invocations digitales?

Sa vie a commencé le 4 Avril 1928 dans la ville de St. Louis au Missouri. A sa naissance, ses parents Bailey et Vivian Johnson l’ont appelée Marguerite Annie. 

Après le divorce de leurs parents, Marguerite et son frère Bailey – d’un an son ainé – ont été envoyés vivre chez leur grand-mère maternelle dans une petite ville appelée Stamps dans l’Arkansas. C’était un voyage on ne peut plus inhabituels: imaginez un petit garçon de quatre et sa petite sœur de trois ans mis dans un train avec une note indiquant: ‘A qui de droit, ces deux enfants s’appellent Marguerite et Bailey Johnson en route pour Stamps, Arkansas, chez Madame Annie Henderson.”

En fait, leur père les avez en fait confiés à un autre voyageur mais celui-ci était descend en route et avait laissé les deux enfants avec leur note manuscrite. Leurs parents quant à eux étaient partis chacun de son côté, lui en Californie et elle était restée à St-Louis et vivait chez sa mère. Il allait passer plusieurs années avant que les enfants ne revoient l’un ou l’autre.

Grand-mère exigeait que tout le monde l’appelle Mama, et d’ailleurs cela devait devenir leur seule maman pour plusieurs années. Mama Annie était une femme bienveillante et mais austère, qui imposait une discipline de fer dans la maison. Elle se levait tous les jours à quatre heures du matin, faisait ses prières et réveillait les enfants à l’aube pour aller rester avec elle a son magasin.

Et oui, son magasin. C’était le lieu de ralliement du quartier, toute la communauté s’y ravitailler, blancs comme noirs. C’était une sorte d’épicerie, avec tous les produits que vous pouvez imaginer. Aux yeux des enfants, le magasin était tres grand, mais leur grand-mère n’était point une femme riche. Elle aurait pu sans doute être plus aisée, mais la plupart de ses clients étaient des noirs qui travaillaient dans les mines et dans les champs de cottons avoisinant et tres souvent, trop souvent, elle les laisser emporter des produits a crédit mais ne leur faisait pas pression pour la rembourser.

Stamps était complètement différente de St Louis. Non seulement c’était une petite ville, mais les enfants allaient rapidement prendre conscience qu’elle était ségrégée, avec les blancs vivant d’un côté et les noirs de l’autre. C’était la réalité de beaucoup de ville du Sud des Etats Unis dans ces années 1930 et au-delà. Les noirs aussi s’était vu refuser beaucoup de leurs droits, mais à cet âge-là les enfants n’en avait aucune conscience.

Les blancs des environs étaient pour la plupart de pauvres fermiers, mais cela ne les empêchait pas d’être hautains et impolis envers les noirs. Même envers Mama Annie. Marguerite et Bailey, deux petits enfants nés dans une grande ville du nord, étaient offusqués de voir comment ils s’adressaient à elle comme si elle était à leur service. Les enfants blancs, même les plus petits, avaient l’audace de l’adresser par son prénom Annie-ci et Annie-ça comme si elle était de leur âge. La réaction ou plutôt le manqué de réaction de leur grand-mère était tout aussi déconcertante que l’attitude de ces gens; elle ne les rappelait pas à l’ordre, non. Au contraire, elle les appelait Madame, Mademoiselle, Monsieur et les remerciait toujours d’être venus.

Mama Annie ne se rabaissait pas devant eux mais elle semblait complétement imperméable à leurs insolences, comme si elle se barricadait intérieurement à chaque fois qu’ils se présentaient devant elle. 

Marguerite se rappelle un jour où les enfants qui vivaient dans une ferme qui appartenait à sa grand-mère, des petits garnements qu’elle voyait souvent au magasin, ont trouvé sa grand-mère debout sur son porche et ont commencé à se comporter de manière désobligeante devant elle, prétendant l’imiter mais en exagérant ses expressions et en faisant des grimaces et des gestes désobligeants. Mais Mama Annie restait debout tranquillement, chantonnant, les yeux rivés sur l’horizon jusqu’à ce que les enfants se fatiguent et s’en aille en criant son prénom.

Marguerite, elle voulait exploser et leur dire leurs quatre vérités, mais le regard foudroyant de Mama Annie le lui interdisait sans jamais lui expliquer pourquoi. C’était tout simplement la manière dont sa grand-mère et d’autres noirs du Sud avaient trouver pour survivre, mais elle était encore trop jeune pour comprendre. 

« Maman n’était pas d’accord avec l’idée que l’on puisse répondre aux blancs, car on risquait sa vie en le faisant. Et il ne fallait certainement pas leur parler avec impudence, même en leur absence. »

Les deux enfants étaient on ne peut plus proche, de ce genre de liens indéfectibles des enfants qui se sentient abandonnés de leurs parents. Marguerite adorait son frère. Le petit garçon bégayait à l’époque et n’arrivait pas à prononcer son nom, et même quand il essayait de dire ‘my sister’, il ne s’arrêter qu’au mot ‘my’. Marguerite décida que désormais son nom serait Maya, un nom plus facile à prononcer pour son frangin. 

Leur vie était tranquille et sans soucis, une vie de deux petits enfants découvrant un monde adulte bizarre et qui tournaient tout en dérision. Le Dimanche était réservé à l’église. Leur grand-mère les forçait à s’asseoir sur la première rangée de l’église pour garder un œil sur eux et s’assurer qu’ils ne laisseraient pas leurs imaginations débordantes les détourner de la voie du christianisme.

Elle les avait mis à l’école et insistait sur l’importance de s’appliquer dans leurs études. Leur oncle Willy, le frère de leur père, qui avait eu un accident dans son enfance et était handicapé les surveillait lorsqu’ils faisaient leurs devoirs. Son accident l’avait liasse avec un visage déformé et une réduction de la mobilité du coté gauche, mais malgré son handicap, il arrivait toujours à les attraper avec force de sa main droite pour les rappeler à l’ordre quand il leur posait des questions et qu’ils les voyaient hésiter dans leurs réponses.

Le soir, Mama Annie s’assoyait au salon et couper des habits reçus des blancs de la ville pour coudre des habits pour les enfants. Elle avait un air triste et lointain en ces moments-là, mais Maya n’avait aucune idée pourquoi.

Maya et Bailey n’avaient que rarement des nouvelles de leurs parents. Il arrivait que leur père et leur mère envoie des cadeaux, surtout à Noel, mais ces cadeaux les rendaient mélancolique, les poussant à chaque fois à s’interroger ce qu’ils avaient fait pour que leurs parents les relèguent si loin d’eux.

Leur père débarqua un jour sans prévenir, quatre ans après les avoir envoyés chez leur grand-mère. Maya avait alors huit ans. C’était un homme grand et corpulent, flamboyant, de sa voiture flambant neuve a ses costumes qui avaient l’air cousu sur mesure. Il avait une de ses personnalités extraverties, d’une bonne humeur, racontait des blagues. Elle ne cessait de s’étonner à sa manière si ‘correcte’ de parler l’anglais, en roulant les ‘R’. La seule personne qui parlait comme ça était le directeur de son école.

Les enfants étaient heureux de le voir. Ils étaient convaincus de par son allure, qu’il avait fait fortune en Californie et ils étaient impatient de voir Stamps en mourir de jalousie. Ce n’est plus tard dans la vie qu’elle apprit en fait qu’il était portier dans un grand immeuble de Long Beach. Comme beaucoup de gens qui visitent ‘le village’ il avait tout simplement voulu impressionner ceux qu’ils avaient laissé derrière. 

Sa venue avait toutefois ramené à la surface une question lancinante et dont ils avaient peur de la réponse: était-il venu les chercher ou allait repartir sans eux ? 

A la fin de la visite, leur père annonça qu’ils allaient partir ensemble et comme ça, sans prévenir, il les mit dans sa voiture et ils prirent la route. Les enfants étaient impatients de découvrir la Californie et le ‘palais’ où ils imaginaient que leur père vivait, mais à leur grande surprise, il leur annonça pendant le voyage qu’ils les amenaient chez leur mère à St-Louis.

La nouvelle les remplit d’angoisse. Autant ils s’étaient habitués à la présence de ce père excentrique, autant ils ne savaient rien de ce qui les attendait chez leur mère. Et sil elle s’était remariée et avait d’autres enfants et ne s’occuperait jamais deux?

« J’avais l’impression qu’on nous emmenait en enfer, et mon père était l’ange maléfique qui nous y emmenait, » pensa-t-elle. 

On peut dire que Maya était déjà tres mélodramatique!
Leur mère était belle et élégante, portant du maquillage, tout ce que Mama Annie leur avait dit qu’une femme ne devait faire. Maya était mal à l’aise en sa présence, mais son frère était tout de suite à l’aise avec elle.

En fait, la jeune fille se sentait complexée car elle ne se sentait pas belle, et se demandait même souvent comment deux parents aussi beaux que Vivian et Bailey ait pu lui donner naissance.

Les enfants restèrent avec leur grand-mère, Mme Baxter, le temps que leur mère trouve une maison. Leur grand-mère maternelle était on ne peut plus différente de Mama Annie. C’était une métisse à la peau claire, une infirmière qui avait fait carrière dans un grand hôpital de la ville et vivait dans une grande maison pleine de meubles. C’est d’elle que leur mère tirait sa beauté et son élégance, se disait Maya. Le seul point commun avec leur grand-mère maternelle est que la Mme Baxter était une femme qui commandait le respect. 

La sévérité de leur grand-mère paternelle et de leur oncle Willy les avait bien préparés à la vie en ville et surtout aux études. L’école primaire Toussaint Louverture était plus vaste que leur école de Stamps mais les élèves étaient indisciplinés et les enseignants tres impolis avec les enfants. Les deux enfants avaient un niveau scolaire tellement supérieurs aux autres enfants à l’école, et ce dans toutes les matières, que l’école décida de les mettre chacun dans la classe supérieure.

Leur mère Vivian, que les enfants appelaient ‘Madea’ car ils n’arrivaient pas à l’appeler Maman comme ils le faisaient avec celle qui les élevait depuis leur plus tendre enfance, vint un jour les emmener dans leur nouvelle maison, une maison qu’ils partageraient avec son copain, un homme replet appelé Freeman.

Toute comme leur grand-mère, leur mère avait fait des études d’infirmière mais à l’époque elle ne voulait pas du tout travaillait dans un hôpital. Elle préférait travaillait comme serveuse dans un bar appelé ‘chez Louis’. Elle y emmenait parfois les enfants et les faisait entrer par derrière, et ils restaient là à observer les mouvements de foule, et surtout leur mère qui parfois se mettait à danser joyeusement à la grande joie des clients.

Bailey et leur mère étaient immédiatement devenu tres proches, mais Maya était plutôt réservée. Elle toutefois faisait des efforts pour lui faire plaisir et essayer de se rapprocher d’elle. C’est ainsi qu’elle lui a même laisser lui couper les cheveux tres court comme les siens, malgré qu’elle se sentît un peu honteuse de laisser les étrangers dans la rue voire sa nuque découverte.

Quand Maya pensait qu’en allant à Saint-Louis, elle se rendait en enfer, elle avait raison mais elle s’était trompée en croyant que sa mère était la personne qui allait la faire souffrir. Elle allait rencontrer le diable mais le diable viendrait sous la forme d’un homme, M Freeman, le copain de sa mère.

M. Freeman travaillait dans la société de trains. Il gagnait bien sa vie et prenait soin de la famille de sa Chérie, Vivian, que tout le monde appelait Bibbie.

Sa vie avait l’air d’être centrée autour de Bibbie. Quand il rentrait le soir, il prenait son repas et attendait tranquillement qu’elle renter à la maison. Les enfants s’occupaient en lisant des livres mais lui ne lisait rien. Il n’écoutait même pas la radio. Il restait assis au salon à observer la porte, en attendant que sa femme rentre, Quand elle arrivait, son visage s’illuminait et il était aux petits soins pour elle.

Cela n’aurait jamais traversé l’esprit de la petite fille de huit ans qu’il avait des désirs secrets pour elle et elle ne se méfia donc pas de lui.

Comme une panthère qui guette sa proie, M Freeman se rapprocha petit à petit de la fillette. Un jour, profitant que sa mère était sortie et que son frère jouait dehors, l’homme l’a pris de force, une douleur comme elle n’avait jamais connu, qui l’a laissé dans un état de choc tant physique que psychologique.

Après cet acte infame, M Freeman l’a menacé de tuer son frère bien-aimé si elle en parlait à qui que ce soit. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, et pourquoi il voulait faire du mal à Bailey.

La douleur était si forte que la petite fille alla se cacher dans sa chambre et se jura de ne plus en sortir. Sa mère se dit qu’elle était malade et que si ça continuait, elle devrait l’emmener à l’hôpital.

Un jour, en voulant changer les draps du lit de sa sœur, son frère vit ses dessous couverts de sangs et malgré son jeune âge – il n’avait que neuf ans – il compris tout de suite ce qui été arrivée à sa petite sœur.

« Dis-moi qui t’a fait ça, sinon cet homme fera du mal à une autre petite fille. »

Quand elle lui expliqua que si elle le lui disait, l’homme le tuerait, il la calma et répondit tranquillement :

«Il ne peut pas me tuer. Je ne le laisserai pas ». 

Alors elle lui raconta son terrible secret, il se mit à pleurer. Elle qui n’avait pas pleurée, laissa couler ses larmes et ils restèrent là ensemble, deux enfants perdus dans un enfer qu’ils ne comprenaient pas.

Le petit garçon fit preuve d’un courage extraordinaire : il décida d’aller voir leur grand-mère et lui raconter ce qui s’était passer. Elle était horrifiée et prévint immédiatement la police. Mr Freeman fut arrêté et envoyé en prison pour attendre son jugement.

La jeune fille fut emmenée à l’hôpital et y resta pendant des jours. C’était devenu, par la force des choses, son refuge loin cette maison. Sa famille la visitait tous les jours, sa mère et grand-mère apportaient des fleurs et des confiseries et ses oncles veillaient sur elle pour éviter que personne ne lui fasse encore du mal. 

Bailey apportait des livres de la bibliothèque et les lui lisait pendant des heures, essayant comme il pouvait de lui faire oublier cet épisode, mais elle n’arrivait pas retrouver l’innocence de son enfance volée.

Et même si elle avait voulu oublier, elle ne l’aurait pas pu : la petite fille fut obligée de comparaitre au tribunal et de témoigner contre Freeman, endurant les questions gênantes devant tout un monde venu soutenir la famille et ceux plus nombreux accouru par indiscrétion. C’était en 1936 et les tribunaux n’avaient pas encore compris qu’exposer un enfant a un interrogatoire public était en soit une autre forme de violence en son endroit. 

Freeman fut reconnu coupable et condamné à un an de prison, mais il ne fut emprisonné qu’une seule journée avant d’être relâché. 

Quatre jours après sa libération, la police vint voir sa grand-mère pour lui apprendre que l’homme avait été retrouvé mort, suite à des coups, mais qu’on ne savait as qui l’avait fait.
C’était trop pour l’enfant. Non seulement avait elle gardé longtemps le secret de ce qui lui était arrivé, mais quand elle avait parlé, cela avait résulté dans la mort d’un homme.

« J’avais donné mon âme au diable et je ne pouvais en réchapper. La seule chose que je pouvais faire était d’arrêter de parler à tout le monde, sauf Bailey. D’une certaine manière, je savais que parce que je l’aimais tellement je ne pourrais jamais lui faire aucun mal, mais si je parlais à quelqu’un d’autre cette personne pourrait mourir aussi. Il fallait que j’arrête de parler.»

Dans son subconscient d’une petite fille de huit ans, elle avait associé la parole et la mort, et cela la dépassait complétement.

Au début, sa famille croyait que son silence était passager, que c’était juste du au choc post-traumatique, mais ils finirent par voir que c’était devenu permanent. Quand elle refusait de répondre aux questions des adultes ou de se comporter comme avant, au lieu de la comprendre, ceux-ci en concluaient qu’elle n’en faisait qu’à sa tête. Ils disaient même qu’elle était insolente et il arrivait souvent qu’un adulte agacé par son comportement la frappe ou la gifle.

Mais la fille avait pris sa décision et aucun mauvais traitement, aussi brutal qu’il soit ne pouvait lui faire changer d’idée. 

Vous vous dites surement que ce n’est pas possible, que ce n’est pas la même Maya que vous connaissez. Comment est-ce une petite fille muette pourrait-elle un jour devenir la femme extraordinaire que nous célébrons aujourd’hui, cette femme dont les échos de sa voix résonnement encore aujourd’hui ? 

Nous y arriverons, patience !

Finalement, en désespoir de cause, sa grand-mère pris la décision de la renvoyer à Stamps, chez Mama Annie, espérant qu’au moins là-bas, la fille retrouverait la parole. 

Elle se retrouva ainsi encore une fois dans ce train en direction du Sud, seul avec un frère qui râlait d’avoir à quitter sa mère mais heureux quand même ne pas être séparé de sa petite sœur meurtrie par la vie.

Malgré qu’elle soit heureuse de se retrouver à la campagne, après la pollution sonore permanente de la grande ville, elle continua à rester silencieuse, qu’elle soit à la maison, à l’école, à l’église ou au magasin. Les gens finirent par se dire qu’elle se donner des ais car elle revenait de la grande ville du Nord.

Maya allait rester silencieuse pendant cinq ans ! Au point que tout le monde autour d’elle finirent par accepter qu’elle ne reparlerait jamais et arrêtèrent d’insister.

Correction : pas tout le monde. C’est une amie de sa grand-mère qui allait la sortir de sa coquille et la ramener petit à petit, et de façon tres subtile, dans le monde des parlants, si l’on peut le dire ainsi.

Mme Bertha Flowers était une femme noire éduquée, qui parlait en articulant tous les mots à la perfection, du moins c’est comme ça que Maya se rappelle d’elle.

Maya ne peut dire à quel moment la femme l’a remarquée mais un jour elle demanda à sa grand-mère si Marguerite – c’est comme ça qu’elle l’appelait, jamais Maya – pouvait l’accompagner pour l’aider à porter ses paniers de courses. 
Sa grand-mère acquiesça un peu trop rapidement, ce qui laissa penser à Maya qu’elle mijotait quelque chose avec son amie.

La jeune fille la suivit quand même, intriguée car elle ne lui avait jamais fait de telle requête et d’ailleurs elle portait ses paniers elle-même d’habitude.

Sa maison était un vrai paradis pour le petit rat de bibliothèque qu’elle était : il y avait plus de livres qu’elle n’en avait jamais vu de sa vie. 

Mme Flowers invita la jeune fille à s’asseoir avec elle pour lui tenir compagnie. Elle prit un livre et se mit à le lire à haute voix. A la fin, elle se tourna vers la jeune fille et lui demanda comment elle l’avait trouvé.

Avant de se rendre compte du piège bienveillant qu’elle lui tendait, la jeune fille lui répondit ‘Très bien Madame.’

Les mots étaient naturellement sorti de sa bouche, brisant son voeux de silence, mais elle ne le regretta pas. Elle se sentait en confiance dans cette maison, et c’était la première fois de sa vie que quelqu’un la voyait pour elle-même et non comme la sœur de Bailey, ou l’enfant de Mama Annie ou encore la petite fille de Mama Baxter. Elle se sentait visible, appréciée et aimée.

Mme Flowers lui remis un livre et lui demanda de le mémoriser et de venir le lui reciter à voix haute la prochaine fois qu’elle la verrai.

Elle insista que la voix est la meilleure manière de communiquer entre les êtres humains et que lire les mots ne suffisait pas, il fallait les lire à voix haute si on voulait leur donner une vraie vie.

Mme Flowers l’introduit à des livres écrits par des grands noms de la littérature américaine de l’époque, écrivains qui allaient être ses premières influences le jour où elle-même se mettrait à écrire.

Les relations entre les races étaient un sujet qui préoccupait beaucoup l’esprit de Maya et Bailey durant leur temps dans le sud ségrégé. Les autorités qui venaient parler à leur école – tous des blancs – leur passaient toujours un message qui laissait à penser que les noirs devaient apprendre à rester à leur place et que les rêves n’appartenaient qu’aux blancs. Malgré ces discours démagogiques, Maya et son frère était convaincus au plus profond de leur être que personne si ce ne sont les noirs eux-mêmes ne doit déterminer ce qu’ils peuvent devenir. 

Bailey fut un jour témoin d’une scène qui allait le hanter pendant des années. Son frère avait vu un homme noir qu’on venait de repêcher de la rivière. Il avait été tué par des blancs avant d’être jetée à l’eau. Des hommes blancs se tenaient autour de son corps et l’un d’eux le poussa du pied pour le retourner et voir son visage.

Bailey n’en revenait pas de voir qu’un homme ait été tué pour la seule raison qu’il était noir, et même dans la mort, on le poussait du pied comme une chose qu’on ne veut pas toucher.

Le sheriff appela les enfants et leur demanda de soulever le corps et de l’amener à la prison. Il ne voulait même pas se fatiguer à le transporter, il préférait laisser des enfants traumatisés par la vue de ce mort, le soulever à sa place ! Et pendant tout ce temps, l’officier plaisantait avec ses compères, riant bruyamment comme si de rien n’était! 
Comment peut-on refuser aux gens la dignité dans la vie comme dans la mort ?

En 1940, peu après qu’ils aient complété leurs études, leur mère leur demanda de revenir vivre avec elle. Leur grand-père était décédé et leur grand-mère avait décidé de déménager toute sa famille dans la ville d’Oakland, en Californie. 

Ils y restèrent un temps, heureux d’avoir retrouvé leur grand-mère Baxter.

Leur mère se remaria avec un homme d’affaires noir affluent – il possédait plusieurs propriétés – et la petite famille déménagea à San Francisco, laissant leur grand-mère derrière.

Maya obtint une bourse d’études et continua ses études dans une école de métiers de la ville. Les rues de la ville étaient également une grande école pour elle. Dans la rue, elle apprenait les réalités de la vie. Et à son plus grand bonheur, elle y apprenait le patois parlé par les noirs et elle se faisait un plaisir de parler en dehors de l’école et de repasser à un anglais plus formel quand elle se retrouvait entre les murs de l’école.

Son frère et sa mère l’encouragèrent aussi à prendre des cours de théâtre et de danse, mais elle hésita longuement à cette idée. Elle était encore complexée par son apparence physique et se disait que la classe se moquerait d’elle. Mais son frère insista et elle finit par accepter. 

Elle était ébahie de voir que personne ne se préoccupait d’elle et elle put perfectionner ses mouvements sans plus aucune honte. Finalement, l’expérience était extraordinairement libératrice! C’était le début d’une longue histoire d’amour avec la dance et les performances qui la mènerait un jour sur des scènes du monde entier. 

Un jour vint la triste séparation avec son grand frère tant aimé. Il avait 17 ans et avait décidé de s’enrôler dans la marine.
Dans sa dernière année d’école, Maya tomba enceinte et décida de cacher sa grossesse pour que sa mère ne la force pas à quitter l’école. Son fils allait naitre trois mois après la fin de ses études., quand la jeune fille avait 17 ans. 
Mais elle n’aimait pas le père de l’enfant et n’avait jamais songé à lui demander de l’épouser. Elle chercha du travail pour s’occuper de son fils elle-même.

C’est en 1952 qu’elle se maria à un européen, un marin grec. Il s’appelait Anastasios Angelopoulos qui rêvait de devenir chanteur. A l’époque les mariages entre races étaient fortement désapprouvés par la société mais elle était amoureuse et s’en préoccupait peu. Malheureusement, son mariage dura moins de trois ans.

Après l’échec de son mariage, elle décida de se lancer dans la dance et la musique, et après un temps à chanter dans les cabarets, elle fut recrutée par une troupe musicale et entama une carrière internationale. Au fil des ans, elle allait performer avec plusieurs troupes célèbres et même apparaitre dans des shows télévisés. Elle abandonna le nom Marguerite Johnson et adopta le nom de Maya Angelou (diminutif de Angelopoulos) qu’elle trouvait plus mystérieux et mieux adapté à la scène.

Sa carrière l’amena à voyager de par le monde, apprenant au passage toutes les langues parlées dans les pays où sa troupe performait. Elle continua sa formation en dance moderne sous la houlette de chorégraphes de renom. 

En 1957, cette artiste multi-talentueuse enregistra un album musical, le premier de sa carrière, ’Calypso Lady’.

Mais depuis l’enfance, c’était vraiment la poésie qui l’attirait. Elle se décida finalement à déménager et s’installer à New York où convergeaient tous les grands écrivains noirs de l’époque, afin d’elle aussi devenir ‘une vraie écrivain’. Elle s’inscrivit dans l’Association des Ecrivains et peu de temps après, elle publia ses premiers poèmes. 

C’est à cette époque qu’elle rencontra un activiste anti-apartheid Sud-Africain, Vusumzi Make, et en 1960, elle le suivi en Egypte où il vivait en exile.

Elle y resta un temps, travaillant comme éditrice pour un hebdomadaire local. Son idylle avec Vusumzi n’allait durer que quelques temps, mais au lieu de rentrer aux Etats-Unis, Maya décida de rester dans la diaspora et continuer à découvrir le continent de ses ancêtres. Elle obtint un boulot au Liberia, mais en route, elle transita au Ghana et tomba amoureuse du pays de Kwame Nkrumah. Comme beaucoup d’autres noirs américains à la recherche de leurs racines, elle décida d’y rester et d’y élever son fils.

« Je pleurais mes ancêtres. Tout avait commencé ici. Les lynchages de l’Amérique. Les maux de mon pays, les regards chargés de haine des Blancs, les rejets odieux fondés sur la couleur de la peau, les moqueries, les droits bafoués, les lamentations et les gémissements sonores inspirés par la perte d’un monde, la sécurité inaccessible – ce long et terrible voyage vers la misère, qui se poursuivait toujours, avait débuté ici. Je serrais mes lèvres pour les souder l’une à l’autre. La seule manifestation de ma détresse, c’étaient les larmes brûlantes qui, comme du miel, glissaient sur mes joues»

Elle obtint un travail comme Enseignante et Assistante Administrative a l’Ecole de Musique et Théâtre de l’Université du Ghana et comme éditrice pour le journal The African Review. Durant cette période, elle publia des articles pour le Times du Ghana et la compagnie de Radio et Télédiffusion Nationale. Elle s’immergea dans la vie de ce beau pays du golfe de Guinée qu’elle finit même par en parler la langue principale. 

En 1964, elle décida qu’il était temps qu’elle rentre aux Etats-Unis pour participer dans le mouvement des droits civiques. A l’époque, Malcolm X était au summum, et son idée de créer une organisation pour les noirs faisait beaucoup de vagues.

Malheureusement, Malcolm X fut assassiné le 21 février 1965, à peine quelques mois après le retour de Maya au bercail, emportant avec lui ce rêve grandiose.

Maya décida de se tourner vers le mouvement de résistance pacifique de Martin Luther King, participant dans la communication du mouvement et à la demande du Révérend King, servit comme l’une des coordinatrices de la Conférence des dirigeants chrétiens du sud.

Dans une de ces tournures tordues du destin, Martin Luther King devait être également assassiné et ce, le 4 avril 1968, jour de son quarantième anniversaire de Maya. Elle était dévastée ! Depuis cette année fatidique du départ de MLK, Maya a décidé de ne plus jamais célébrer son anniversaire.

Ces chasses-croisés avec la mort la convainquirent qu’il était temps de s’adonner à temps plein a sa passion de l’écriture. Avec l’encouragement de ses amis, elle se mit à écrire l’histoire de sa vie, osant mettre sur papier le crime odieux dont elle avait été victime a huit ans.

‘I know Why the Caged Bird Sings’ (‘Je sais pourquoi l’oiseau en cage chante’), fut un succès littéraire immédiat dès sa parution en 1969 jusqu’à ce jour. Sa biographie a inspiré un film du même nom et en 2011, la maison d’Edition Random House publié une version audio on ne peut plus magnifique du livre, lu par l’auteure elle-même. La même année, le magazine Time l’a inclus dans sa liste des 100 livres en anglais les plus influents depuis 1923.

Depuis la parution de son récit autobiographique, Maya Angelou est devenue un écrivain reconnu dans les sphères littéraires et académiques américaines et internationales. 

Il est toutefois impossible de classer Maya dans cette seule catégorie d’écrivain. Elle était multi-talentueuse et n’avait pas peur d’explorer tous les talents que Dieu lui avait donné.

En 1972, un de ses manuscrit a été tourné en film, ‘Georgia, Georgia’. C’était d’ailleurs la première femme Africaine Américaine à avoir son manuscrit tourné en film. 

Elle ne s’est pas arrêtée là. En 1977, Maya a joué un rôle dans l’adaptation télévisé du livre ‘Racine’ d’Alex Haley et dans les années 1990, elle est apparue des films à succès tels que ‘Poetic Justice’ et ‘How to Make an American Quilt’. En 1998, Maya Angelou a dirigé son premier film, ‘Down in the Delta’.

Ses prix incluent le prix littéraire le plus exclusif du monde, le prix Pulitzer et une médaille de la liberté obtenue en 2010 des mains du premier Président noir des Etats-Unis.

Et tenez vous bien, elle a eu un Grammy pour son poème ‘On the Pulse of the Morning’. Je parie que vous ne saviez pas qu’un poème peut obtenir ce genre de prix ? Eh bien oui !

Aujourd’hui, il est difficile de croire que Maya Angelou n’a jamais fréquenté l’Université. C’est son talent, et uniquement son talent, qui l’a propulsé au sommet du monde académique américain et elle y est restée pendant plusieurs décennies. Son charisme et sa maitrise parfaite de la langue anglaise dans toutes ses nuances lui a valu d’obtenir plus de trente doctorats honorifiques.

Depuis 1981, Maya s’est installée en Caroline du Nord, où elle a occupé un poste de Professeur Emérite d’Etudes Américaines à l’Université Wake Forest.

Elle est restée dans son état d’adoption jusqu’à son décès en 2014.

Le dernier poème qu’elle a écrit et publié était ‘His Day Is Done’ (Son jour est arrivé), un hommage à la mémoire de son ami de longue date, Nelson Mandela qu’elle a rencontré pour la première dans les années précédant son emprisonnement à Robben Island. 

« La nouvelle arriva sur les ailes d’un vent, peu disposée à porter son fardeau», dit-elle dans ce merveilleux éloge.

La vie est une boucle qui ne s’arrête pas. 

Maya, femme phénoménale, nous vous serons reconnaissants à jamais pour avoir élevé nos esprits et nos âmes et, surtout, de nous avoir permis de nous tenir sur vos épaules de Géant, pour mieux voir l’avenir.

Contributeur

Um’Khonde Habamenshi