Déclaration N°01/2024
Il est des discours que les Rwandais n’oublieront jamais ! Ces discours constituant à la fois des aveux de crimes de ceux qui les ont commis et des éloges à l’impunité des autorités issues du Front Patriotique Rwandais. Nous citons : « His Excellency yatanze amabwiriza kuri training ya RDF, kandi icyo commander in chief avuze kiba itegeko.Yaravuze ngo ndashaka ko RDF iba trained kuba a Killing machine, aho iciye ntihagire igisigara ; niyo training tubona, niyo training tubaha ; so bari better than we are, kuburyo nta ni mpungenge dufite about the next generation …», (notre traduction« son excellence a donné les ordres sur la formation à donner aux soldats de RDF. Il a dit qu’il voulait que RDF soit formée à être une machine à tuer, à tel point que tout soit rasé sur son passage. C’est la formation que nous avons, c’est la formation que nous leur donnons. Ainsi ils sont mieux formés que nous, et nous n’avons pas d’inquiétudes quant à la génération suivante… ». [voir FPR ni Killing Machine nk’ukoKabarebeabyemeza – YouTube][1].
Selon le même Général Kabarebe, actuellement Ministre de la Coopération régionale, dans son intervention au « Unity Club » le 30 octobre 2023, il avoue que l’armée rwandaise a saccagé ou ravagé la région. Il affirme que personne dans la région n’aurait envie de les accueillir chez lui. Nous citons : « amateka yacu ntabwo ari meza mu karere…akarere twarakayogoje, twateye akajagari … baraturambiwe…, ninde wakongera guhungira i Bugande…ninde wakongera guhundira i Burundi .. ; ninde wahungira i Congo, reba ibirikuhabera…. Tugomba kuba hano…nta choix dufite… » (notre traduction : notre histoire n’est pas bonne dans la région, nous avons semé la désolation dans la région, nous avons semé le désordre… ils en ont assez de nous…qui peut se réfugier encore en Ouganda.., qui peut encore se réfugier au Burundi…, qui peut se réfugier au Congo, regarde ce qui s’y passe maintenant.., Nous devons vivre ici.. Nous n’avons pas de choix… »). Le régime rwandais a été à maintes reprises accusé par l’Ouganda d’interférer dans sa sécurité intérieure. Et le président de la RDC, M. Antoine Félix Tshisekedi, à un certain moment, alors qu’il venait d’être fraichement installé à la tête de la RDC, a été médiateur entre Paul Kagame et Museveni pour régler ce conflit d’égo entre les deux présidents pour réouvrir les frontières fermées plus de deux ans au détriment des populations respectives des deux pays.
Le Burundi a accusé au départ le régime de Kigali de préparer et de soutenir un coup d’état au Burundi contre l’ex-Président Pièrre Nkurunziza. A la suite de ces faits les frontières du Burundi ont été fermées pendant plusieurs années. La tension avait baissé avec l’entrée au pouvoir de M. Evariste Ndayishimiye et les frontières avaient été réouvertes. A la suite des opérations et massacres effectués au Burundi et revendiqués par RED TABARA tout récemment, le Burundi accuse actuellement le régime de Kigali de soutenir et de former RED Tabara à tuer sa population. RED TABARA est considéré par Bujumbura comme une organisation terroriste qui tue les enfants et les civils. Le Burundi a décidé de refermer ses frontières avec le Rwanda depuis le 11 janvier 2024. La tension est à son comble. Le ton est monté et les autorités du Burundi dans leurs discours et interventions dans la région accusent le régime rwandais d’attiser les tensions et d’interférer dans la sécurité intérieure de leur pays et celle de la région.
La République Démocratique du Congo a accusé, à travers différent discours de son président et d’autres officiels, le régime de Kigali de soutenir militairement en hommes et logistiques les différentes rébellions qui ont endeuillés la RDC depuis 1996. Actuellement depuis 2021, il est accusé de participer militairement et massivement aux côtés du M23, un mouvement terroriste qui a commis beaucoup de crimes dont l’agression, les déplacements des centaines de milliers de populations, les massacres à grande échelle des civils notamment à Kishishe et dans la région de Rutshuru et de pillages des ressources minières de la région.
Ses propos tenus par M. James Kabarebe corroborent exactement ce qui se passe dans l’Est de la RDC et au Burundi. La région des grands lacs a été et continue d’être effectivement saccagée par les membres de l’armée RDF et les armées des différentes rébellions qui ont attaqué la RDC depuis les années 1996 avec la complaisance ou le soutien de certains Etats occidentaux.
Pareils propos avaient été également tenus avant lui au micro du Journaliste Dieudonné Niyonsenga alias Cyuma Hassan par un vieux Pasteur Ezra Mpyisi[2] qui a une certaine notoriété au Rwanda. Il a souligné que la situation d’insécurité créée par le régime rwandais dans les pays de la région qui avaient accueilli les réfugiés tutsis, ne leur permettrait plus d’avoir ou de demander asile dans ces pays. Ils ne leur font plus confiance par rapport à la sécurité.
Ces propos corroborent également les affirmations de M. Paul Kagame, Président de la République dans ses discours ambivalents lorsqu’il affirmait : « twabasanzeyo bamwe turabica abandi turabacyura… notre traduction : Nous les avons poursuivis là-bas (en RDC), nous en avons tués certains et les autres ont été ramenés … ».
Il rentre enfin dans les aveux publics à travers les propos de l’actuel Chef d’Etat Major de Rwanda Defense Force (RDF), le général Mubarak Muganga qui affirmait en 2020 que les militaires rwandais opéraient régulièrement sur le sol congolais en toute impunité en utilisant le vol régulier de Rwandair, une société rwandaise de transport aérien. Dans ses propos il affirme qu’il a besoin de faire la guerre pour être occupé et que la RDC sera le théâtre des affrontements ou le champ de bataille :« tuzarwanirayo ..dusigaye tujyayo n’indege Rwandair tugakora ibiraka tugataha. Tugomba kuyirwanirayo icyo gihugu kituruta inshuro 89…. Iwacu ni hato tuzayirwanirayo…(Notre traduction : Nous nous battrons là-bas.. Nous y allons actuellement avec l’avion de Rwandair et faisons le job et rentrons. Le champ de bataille doit être là-bas, ce pays est plus grand que nous 89 fois. Chez nous c’est petit (pas d’espace), la guerre c’est là-bas.. ».
Les autorités rwandaises, avec le soutien des puissances occidentales, ont toujours menti qu’ils n’étaient pas en RDC. Que les soldats de l’armée du FPR étaient disciplinés et ne tuaient pas la population partout où ils passaient. Les propos du général James Kabarebe ont un sens surtout lorsque les Rwandais savent que l’armée du FPR, qu’il a appelé Killing machine avec conviction, a rasé en toute impunité la population rwandaise partout où elle est passée, de Kagitumba à Cyangugu, pour prendre le pouvoir pendant le conflit depuis 1990. Et après la prise du pouvoir jusqu’après la guerre de ce qu’ils ont appelés la guerre des infiltrés vers les années 2003.
Parmi les massacres très connus de l’armée du FPR on pourrait citer notamment les massacres sélectifs dans les communes de Byumba. Ils allaient de maison à maison dès les débuts de la guerre, et, en 1994, ils ont sillonné toutes les communes du pays, en passant par les zones appelées tampons, au stade de Byumba, dans les communes de l’Est du pays notamment Giti, Muhura, Murambi, Kayonza, Rutonde, Bicumbi. D’autres massacres connus ont été commis spécifiquement dans la ville de Kigali en 1994 notamment au stade Amahoro et ses environs, aux alentours de la maison du parlement qui était appelé à l’époque CND (Conseil National de Développement), à Kabuga et à Ndera et ailleurs dans la ville.
Ailleurs dans le pays, les massacres au Bugesera, sur les barrières de tris à Giticyinyoni et à Butare, les massacres du camp de Kibeho en 1995. A ces crimes s’ajoutent les massacres massifs commis sur les réfugiés en République Démocratique du Congo et ceux commis après le retour forcé des réfugiés en 1996 durant ce qui a été appelé guerre des infiltrés dans les régions de Gisenyi/Ruhengeri/Byumba/Kigali-Ngari/Gitarama/Kibuye où le FPR n’a pas hésité à enfermer des milliers de gens dans les grottes de la région de Gisenyi.
Signe de la volonté de couvrir d’impunité les crimes du FPR, seuls ont été jugés, par les tribunaux internationaux, nationaux classiques ou transitionnels Gacaca, les membres de l’armée des ex-FAR et les personnes de l’ethnie hutu pour le crime de génocide des tutsi et les crimes associés comme les crimes contre l’humanité et contre les biens.
D’autre part, pour garantir cette impunité, les soutiens et lobbies internationaux du FPR ont soutenu que l’armée APR du FPR étaient disciplinée et n’a agi qu’en sauveur pour arrêter les tueries en cours en 1994 en faisant fi de ce qui s’était passé depuis le 1eroctobre 1990 quand l’APR composée essentiellement de militaires tutsi, insérés dans l’armée ougandaise ont lancé les hostilités à partir de la frontière avec l’Ouganda. Toutes les personnes y compris les chercheurs et les enquêteurs privés ou officiels au TPIR ou dans les institutions étatiques, qui ont rapporté, interviewé, parlé, témoigné ou écrit sur ces massacres et sur leurs préparations ont été qualifiées de négationnistes ou de support des auteurs du génocide par le FPR et par ses lobbyistes. Ces lobbyistes agissent publiquement en interne et en international (Europe et Amérique du Nord surtout) dans les institutions étatiques, dans les médias internationaux et dans les organisations internationales de défense des droits humains. Ces personnes sont harcelées, menacées d’élimination, voire trainées devant les tribunaux pour les faire taire, et ça depuis 1994.
Ces lobbies agissent sur et par l’image et le crédit des organisations internationales et des médias internationaux. En conséquence, les agissements de ces organisations internationales par influence des lobbies et par manque de neutralité de leur part, ont favorisé cette impunité, entachant ainsi leur mission de promotion et de défense des droits humains et de protection de la dignité humaine. Ce qui fait que plusieurs personnes de terrains ont de plus en plus mal à avoir confiance dans leurs actions de protection de la dignité humaine même ailleurs dans d’autres pays. L’impunité devrait être combattue quel que soit le régime et ses soutiens.
Pour l’année 2023, ses propos sont une bonne nouvelle pour les défenseurs des droits humains dans le cadre de la lutte contre les injustices et l’impunité. Ces propos devraient constituer un tournant à prendre par les Rwandais complaisants et la communauté internationale qui soutiennent aveuglément le régime de Kigali. Ces propos tenus par les personnes en position d’autorité dans le régime actuel de Kigali, devant les publics dans les médias officiels de la République Rwandaise devraient être prise en considération dans le cadre de la lutte contre l’impunité au Rwanda et dans la région.
Ce sont d’une part des aveux de crimes commis contre les populations rwandaises et d’autres part des aveux des crimes d’agression et de déstabilisations de la région des grands lacs. Dans ces moments de saccage de la région, ils ont commis des massacres à grande échelle au Rwanda et dans la région des grands lacs qui sont documentés dans les différents rapports des Nations Unies (dont le fameux UN Mapping report sur la RDC inexploité jusqu’aujourd’hui – cfr Mapping Report (mapping-report.org)), des ONG de défense des droits de l’homme et dans les écrits des personnes individuelles qui se sont penchées sur la situation rwandaise depuis octobre 1990 jusqu’aujourd’hui. Ces aveux constituent des démentis contredisant les récits officiels propagés par les lobbies en Europe et en Amérique du Nord.
Pour pérenniser cette impunité, le régime, à travers ses ténors, comme le Général James Kabarebe et consorts s’attaquent toujours dans leurs interventions, à ceux qui parlent et défendent des droits humains. Ils osent affirmer sans vergogne que c’est à travers la défense des droits humains qu’est véhiculée l’idéologie du génocide, pour attaquer le Rwanda et sa population. Ils blanchissent ainsi le FPR et son armée RDF alors que ce sont eux qui ont tué et tuent les populations rwandaises pour des intérêts inavoués et pour garantir l’impunité du groupuscule d’individus détenteurs du pouvoir au Rwanda. De là le parjure et l’ignominie qui veulent que les violations des droits humains par les caciques du FPR soient perçues comme le gage de protection des droits humains du peuple rwandais qui en est pourtant la principale victime !
Sans l’impunité soutenue au Rwanda et dans la région, les tensions liées l’insécurité et aux conflits guerriers régionaux ayant leur épicentre au Rwanda n’auraient pas lieu d’être.
L’ODHR condamne toutes les formes d’impunité au Rwanda et dans la région ainsi que les soutiens tant internes qu’externes qui encouragent le régime de Kigali à commettre des exactions contre sa propre population et celle des pays voisins dans la région des grands lacs.
Pour la coordination de l’ODHR
Laurent Munyandilikirwa
[1]M. James Kabarebe, général rwandais, ex-chef d’Etat major des armées en RDC en 19976/1998, ancien chef d’Etat Major des armées au Rwanda, ancien Ministre de la défense au Rwanda, ancien Conseiller de Paul Kagame à la Présidence de la République sur les question de sécurité et de défense et actuellement Ministre rwandais de la coopération régionale
[2] Voir KAGAME YANGA KANDI YANGISHA ABANYARWANDA N’ABATUTSI BY’UMWIHARIKO MU BIHUGU BY’ABATURANYI. (MPYISI) – YouTube : il se demande où peuvent aller les tutsi au vu des situations créés dans les pays qui les avaient autrefois accueillis notamment la RDC, l’Ouganda, le Kenya ou le Burundi.