RWANDA: Ministre BIRUTA a bien hâblé sur la diplomatie rwandaise!

Vincent Biruta

Par RUGEMINTWAZA Erasme

Ce jeudi le 29 juillet 2021, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Rwanda, Vincent BIRUTA a fait le point  avec la presse. Comme il a tenu, lui-même à le souligner au départ, c’était plutôt un débriefing qu’une conférence de presse ordinaire, sur les politiques actuelles du pays. Qu’est ce qu’il a dit sur la pandémie de Coronavirus, sur la Diplomatie rwandaise, sur Pegasus, et sur la présence militaire rwandais au Mozambique?

Tout au départ, le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta a, d’une façon lapidaire, parlé de la pandémie, soulignant que le Rwanda, comme le monde entier a été bien secoué par la pandémie, qui semble d’ailleurs agrandir le fossé entre les riches et les pauvres quant au partage des vaccins. Une excuse bien réelle, si on regarde le programme de vaccination qui est au point mort dans le pays des Milles Collines, et une préparation psychologique à une hâblerie géniale pour dire aux rwandais que le Rwanda a un  grand projet de construire une firme de production de médicaments et vaccins contre le coronavirus que d’autres de moindre importance. Un projet plutôt mercantile qu’humanitaire!

Concernant la diplomatie, le Ministre a dit que les relations diplomatiques sont au bon fixe partant des visites des chefs d’Etats qui sont dernièrement venus au Rwanda pour des agendas diplomatiques entre autre Emmanuel Macron de la France et Etienne Tshisekedi de la République Démocratique du Congo ainsi que d’autres délégations de hauts niveaux qui ont été reçus dans le Village Urugwiro, sans oublier les délégations rwandaises envoyées tout azimut pour resserrer les liens amicaux. Partant de cela, le Ministre dit que la diplomatie rwandaise est plus que jamais en bonne position, d’autant plus que même la France vient d’envoyer son Ambassadeur à Kigali en la personne d’Antoine ANFRĖ. Concernant les relations du bon voisinage, il a beaucoup péroré sur le regain d’intérêt de bon voisinage avec le Burundi. Vincent BIRUTA dit que depuis son entretien avec son homologue burundais, à la frontière de deux pays, en octobre 2020, les choses vont bon train, car même le Premier Ministre Edouard NGIRENTE a effectué une visite officielle lors de la commémoration du 59e anniversaire de l’Indépendance, le 1 juillet 2021. Quant à l’Ouganda, Vincent BIRUTA a dit que tout le dossier dépend de la volonté et l’attitude positive de ce dernier, premièrement en cessant les mauvais traitements qui ciblent les rwandais et en coupant court au support qu’il apporte aux opposants du Rwanda.

Sur le dossier de la diplomatie rwandaise, le Ministre a aussi parlé du contingent de 1000 militaires et policiers rwandais qui sont envoyés au Mozambique. Il a souligné que le contingent a été envoyé sous la coopération bilatérale entre le Mozambique et le Rwanda et que le Rwanda a eu l’avis favorable d’autres partenaires entre autre la Commission de l’Union Africaine dont le Président Faki Mahamat a donné son feu vert. Il y a la Commission de Développement de l’Afrique Australe (CDAA ou SADC en Anglais) et d’autres pays qui ont des intérêts à défendre au Mozambique comme la France, suite à l’exploitation du gaz, les Etats-Unis et le Portugal qui ont dit oui à l’envoi du contingent. Aucun pays ne se serait opposé au déploiement  du contingent rwandais au Mozambique si ce n’est que quelques positions individuelles. Ainsi le contingent rwandais a la mission primordiale de combattre des insurgés et ainsi rétablir l’autorité de l’Etat sur la province de Cabo Delgado et défendre les civils. Le Ministre a par ailleurs affirmé que c’est le gouvernement rwandais qui prend en charge son contingent en tout, mais qu’il est prévisible que le Gouvernement mozambicain ainsi que les pays qui ont des intérêts pourront y contribuer. Le Ministre a catégoriquement refusé  toute implication de la France dans l’envoi de ce contingent. Il a refusé toute référence aux bonnes relations avec la France. Toutefois, on peut rappeler au Ministre qu’il a oublié ce que le Président Emmanuel Macron a dit lors de sa visite à Kigali au mois d’avril 2021. Emmanuel Macron a lui-même dit qu’il a avec Kagame 3 dossiers essentiels à savoir celui du Mozambique, de la RDC et de la Centrafrique. Ici Emmanuel Macron a bel et bien souligné que le problème du Mozambique a été débattu à trois à Paris entre lui, Kagame et Nyusi. Le porte-parole de la RDF qui était venu dans ce débriefing a tenu à informer les journalistes que les opérations militaires ont bien commencé, que déjà du 24 au 28 juillet 2021, l’armée rwandaise vient de tuer 14 personnes et saisir quelques armes et matériels militaires. Dans son intervention il laissait  facilement entendre que ces personnes tuées sont de simples gens et non de véritables combattants, ce qui laisse entendre qu’il n’y a vraiment pas de vrais groupes armés. Ces hommes armés ont même attaque le camp militaire de l’armée rwandaise et y ont perdu une personne. Une attaque contre les militaires rwandais dont le bilan est une simple personne, donne a penser! Ceci ressemble plus à une véritable révolte de la population contre l’occupation étrangère qu’une insurrection djihadiste!

Le  chef de la diplomatie rwandaise, Vincent BIRUTA, a nié avec la dernière énergie l’utilisation du logiciel espion Pegasus. Il a réitéré: « Comme le président l’a dit en 2019, le Rwanda n’utilise pas cette technologie ». Il a insisté sur le fait que l’espionnage est l’apanage de tous les Etats, et que rien d’étonnant si le Rwanda espionne ses potentiels ennemis. Vincent BIRUTA a dit, sans détour, que si sur la liste du Projet Pegasus de 3500 numéros de téléphones, 67 ont été soumis au test légiste et que seulement la moitié a montré les signes d’infection par Pegasus,  cela ne devrait pas être la source de tant de tapage! Il ne manque pas de dire que le nombre est trop infime pour être une affaire de tant d’ampleur et que le gouvernement ignore ce qui se cache  derrière tout cela. Il conclut que tout le scandale Pegasus est rattaché au procès de Rusesabagina,-qu’il n’osa point prononcer le nom. Les objectifs de tout étant de ternir l’image du Rwanda, dénigrer le verdict qui sortira du procès en question sans oublier de semer une méfiance des rwandais envers le gouvernement car tout le monde se sentirait espionné. Tous ces mots montrent bien que l’affaire Pegasus est réelle et que Rusesabagina est déjà un condamné.

Concernant le nouveau ministère de l’Unité et les Affaires civiques, le Ministre Vincent BIRUTA n’a fait que répété ce qui est déjà  connu : la fusion des 3 institutions étatiques à savoir la Commission Nationale d’Unité et la Réconciliation (NURC), la Commission de Lutte Contre le Génocide(CNLG) ainsi que le Fonds d’Assistance aux Rescapes du Génocide (FARG) devrait se faire. Concernant l’unité et la réconciliation des Rwandais, il a fait savoir le niveau atteint est bon mais que c’est une lutte sans relâche car il y a toujours ceux qui détruisent les réalisations et qui sont contre cette politique. Miraculeusement, il a tiré la conclusion sur ce point en insistant sur la fait qu’après 27 ans, FARG devrait avoir d’autres orientations, ce qui laisse entrevoir que l’unité et la réconciliation des Hutus et Tutsis trop attendue, sera toujours phagocytée par la politique de consoler les Tutsi, victimes du génocide par la FARG et de terroriser les bourreaux Hutus par le CNLG et entretenir les sites mémoriaux.

Le Ministre Vincent BIRUTA, a aussi parlé des informations répandues par les media de Danemark révélant que le Danemark aurait donné une bagatelle d’argent au Rwanda pour recevoir ses immigrants clandestins dans le centre de Bugesera. Le Ministre a réfuté tout cela tout en révélant que les accords entre les deux pays ne concernent que les réfugiés venus de la  Libye. Un argument qui, à tout égard, ne tient pas debout! Il a par ailleurs remercié les Pays-Bas pour avoir extradé le nommé RUTUNGA, présumé génocidaire. Le Ministre Vincent BIRUTA avec un langage fort, emprunté au Président Kagame, s’est moqué des pays qui donnent des instructions au Rwanda quant à la conduite du procès de Rusesabagina. Avec ironie et cynisme, connus au langage de Kagame, il dit que ces puissances qui se targuent d’être de bons exemples de la liberté du pouvoir judiciaire sont celles-là qui dictent comment le procès de Rusesabagina doit être conduit!

Le Ministre a débité de bons mensonges

Les débriefings du  Ministre sont de pures mensonges parce que c’est la ligne du gouvernement sur des questions clés. Et de surcroît, un sacro-saint principe stipule que la diplomatie est l’art du bon mensonge!

Si on commence par le problème de la pandémie de coronavirus, on peut jeter un coup d’œil sur la situation alarmante que traverse le Rwanda. Pire est de constater que le gouvernement semble prendre la situation en une « conjecture » de business. Le Ministre a, lui-même, révélé que beaucoup de pays aident le Rwanda dans la lutte contre la pandémie. On se demande alors comment le Rwanda utilise les fonds d’aides dans ce domaine, vu que le pays n’a pas aucun programme solide de vaccination: voici qu’après 4 mois, on a seulement vacciné 439.568 personnes ! Comment le pays a-t-il utilisé les fonds d’aides, gardés top secrets, déboursés par les Etats-Unis, la Belgique? Et où sont les 100 millions d’euros, c’est-à-dire 100 milliards de francs rwandais qu’Emmanuel Macron a donné, dans sa marche irréversible pour la normalisation des relations diplomatiques entre Kigali et  Paris? D’où viennent ces nouvelles souches de coronavirus? N’est-pas le cadeau empoisonné de ces étrangers à qui on a ouvert le pays au grand dam des rwandais qui sont enfermés  à la maison? Est-ce que réellement la priorité pour le Rwanda serait la construction d’une firme de production de médicaments et des vaccins contre Covid-19, comme Vincent Biruta l’a exprimé, plutôt que la vaccination des Rwandais? Une question d’étique! Le Rwanda enregistre actuellement au moins 80 décès de coronavirus chaque semaine; imaginez les personnes qui auront trépassé dans les huit mois pour que ladite firme soit opérationnelle! Ceci montre que le pays préfère le business aux dépens de la vie des Rwandais! Aussi, comment peut-on penser acheter des armes et armures pour aller tuer les gens, chez eux, alors que chez toi, chaque semaine il y a plus de 80 morts de covid-19 ? Cet argent utilisé pour se faire interventionniste au nom ses sacro-saints principes de protection des civiles, est bien suffisant pour vacciner les plus vulnérables rwandais ! Le Rwanda serait aux enchères sans que les rwandais le sachent !

Si on fait une revue succincte de ce que le chef de la diplomatie rwandaise a dit sur la politique du bon voisinage, l’on remarque facilement qu’après s’être rendu qu’il a compliqué la vie à ses paires de voisins,  Kagame est entré de se ressaisir pour briser la haine anti-Kagame qui s’est développée chez les peuples voisins suite aux crimes qu’il commet en toute impunité. Les Congolais l’enterrent chaque jour! Ceux qui acceptent de vivre avec Kagame, diton, ce n’est par compassion, c’est plutôt la peur de ses méfaits. Et l’atmosphère politique dans ces pays voisins lui semble aujourd’hui propice, car ceux avec qui, il avait des pierres d’achoppements ne tiennent plus les raines du pouvoir : en Tanzanie c’était Jakaya Kikwete, au Burundi c’était Nkurunziza et en RDC c’étaient les Kabila. Mais comment peut-on prétendre qu’avec le Burundi, par exemple, à qui Kagame a tué deux présidents Melchior NDADAYE et Cyprien NTARYAMIRA, en soutenant le putsch contre Pierre NKURUNZIZA, il y a un bon voisinage? Jusqu’à l’heure actuelle, Kigali garde les putschistes contre Pierre NKURUNZIZA. Celui-ci, avant le putsch s’était vu avec Kagame à Butare. Leur entretien s’est soldé par une querelle, si l’on croit ce que disent ceux qui étaient à Butare, dans ce mois d’avril 2015. Le putsch soutenu par Kigali, le groupe armé RED-Tabara, sont des plans machiavéliques de Kigali contre Bujumbura! Mais Kigali ne manque pas d’accuser toujours Bujumbura de soutenir les ennemis du pays comme le FLN; une façon de se faire victime et de justifier ses plans: protéger les Tutsi contre les Hutu qui veulent revenir continuer le génocide! Les burundais connaissent très bien Kagame, ils craignent sa méchanceté. Ce qu’ils peuvent faire est de fermer les yeux pour ne pas courroucer ce fils de Hadès! Mais Evariste NDAYISHIMIYE ne mâche pas les mots sur le mauvais voisinage avec le Rwanda. A la 59e commémoration de l’indépendance du Burundi, avec un peu d’humour reconnu au Burundais, il a dit, en réaction de la présence du premier ministre rwandais, que c’est bon de tourner la mauvaise page et d’écrire une nouvelle pour le bien des peuples. Mais quelques semaines avant, il avait dit, lors d’une conférence de presse, à son retour de l’Ouganda, que Museveni est un Frère et ami avec qui on a le pacte de sang, qu’il est venu au secours du Burundi aux mains des putschistes (rwandais), mais qu’il y a un frère qui s’est intercalé entre leurs pays. Il parlait de Kagame du Rwanda ou du Rwanda de Kagame! Nul n’ignore les projets d’infrastructures qui contournent le Rwanda pour aller au Burundi! A maints égards, Kagame est bien isolé!

Sur le sujet de Pegasus, le Ministre Vincent BIRUTA répète la parole de son chef, que le Rwanda est sujet d’un complot, qu’il n’utilise pas la technologie; mais dans son discours il y a une nuance quantitative, au lieu 3 milles numéros prétendus surveillés par Kigali il dit qu’il y a seulement une trentaine infectés. C’est comme dire « Nous ne pouvons qu’espionner 30 seulement ».  Quant au contingent militaire au Mozambique, il est certain que le Rwanda est allé en business bien planifié à Paris, car la province de Cabo Delgado regorge des richesses naturelles immenses. Emmanuel Macron n’a pas su garder secret son plan, il ne savait pas que les Rwandais ne sont jamais consultés sur le déploiement des militaires et que ipso facto  cela constitue un grand secret alors que sous les cieux de la bonne gouvernance, cela n’en est pas un!

Grosso modo, le débriefing du Chef de la diplomatie rwandaise, Vincent BIRUTA n’avait pas d’autres objectifs que d’entretenir la confusion, et de débiter des hâbleries pour ceux qui ignorent ou ceux qui admirent la politique de Kagame. Cette politique  se greffe ou puise ses racines dans la nature des Rwandais : Mentir, mentir et mentir!