Accord préliminaire entre le FMI et le Rwanda : un pas vers la résilience et la durabilité?

Le 22 mars 2024, une étape significative a été franchie dans le partenariat entre le Fonds monétaire international (FMI) et le Rwanda. À l’issue d’une mission à Kigali du 11 au 22 mars, dirigée par Ruben Atoyan, les équipes du FMI et les autorités rwandaises ont conclu un accord au niveau des services sur les politiques nécessaires pour achever la troisième revue de l’Instrument de coordination des politiques (ICP) et du programme sous l’égide de la Facilité de résilience et de durabilité (FRD), ainsi que la première revue de l’arrangement au titre de la Facilité de crédit à la consolidation (FCC).

Cette entente ouvre la voie à une discussion par le Conseil d’administration du FMI, prévue de manière provisoire pour mai 2024, qui pourrait résulter en un accès du Rwanda à 57,5 millions de DTS (environ 76,6 millions de dollars US) sous la FRD et à 66,75 millions de DTS (environ 88,9 millions de dollars US) sous la FCC.

La mission du FMI a souligné la continuation de la croissance robuste de l’économie rwandaise en 2023, avec une progression significative du PIB de 8,2 % en glissement annuel, tirée par la performance solide des secteurs des services et de la construction, ainsi qu’une reprise de la production agricole. Malgré un environnement extérieur difficile, le Rwanda a réussi à maintenir une politique monétaire rigoureuse, ce qui a mené à une décélération marquée de l’inflation, passant de 21,7 % en novembre 2022 à 4,9 % en février 2024.

Les autorités rwandaises ont été félicitées pour leur gestion économique, notamment pour avoir atteint tous les objectifs quantitatifs fixés dans le cadre de l’accord PCI/FCC et pour avoir avancé dans la mise en œuvre de réformes visant à rationaliser les dépenses, à bâtir des filets de sécurité sociale, et à renforcer la fonctionnalité du marché des changes. Leur engagement continu dans la mise en œuvre de réformes liées au climat, notamment l’intégration des risques climatiques dans la planification budgétaire et le renforcement de la gestion des risques de catastrophes, a également été souligné.

Le rapport met en lumière les défis restants, tels que la vulnérabilité de l’agriculture dominée par la pluie aux chocs climatiques, illustrée par les mauvaises récoltes et les inondations dévastatrices de l’année précédente. Il recommande une posture fiscale soigneusement calibrée pour amortir les effets des inondations de mai 2023, tout en soutenant une consolidation fiscale crédible et équilibrée à moyen terme.

Cependant, la réaction de Dr David Himbara, économiste et ancien conseiller du président Paul Kagame, à cette annonce du FMI a été marquée par une ironie cinglante. Sur sa page X, il a commenté que le Rwanda, comparé à Singapour par Kagame, attendait avec impatience les prêts de sauvetage de 165 millions de dollars du FMI pour faire face à d’importants besoins d’importation de nourriture et de biens d’équipement ainsi qu’à des exportations médiocres. Cette critique souligne la perception des défis économiques auxquels le Rwanda est confronté, malgré les avancées notables.