Proposition britannique controversée : inciter les migrants à s’installer au Rwanda avec une compensation financière

Ce Mercredi 13 Mars 2024 l’annonce du ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni a suscité un vif débat. Le gouvernement propose aux migrants arrivés illégalement sur le territoire britannique jusqu’à 3 000 livres sterling pour qu’ils acceptent de se relocaliser volontairement au Rwanda. Cette proposition s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large, initiée il y a près de deux ans, visant à déporter les migrants illégaux vers le Rwanda sans traiter leurs demandes d’asile, et ce, indépendamment de leur volonté. Cette approche a été largement critiquée à l’international, y compris par les Nations Unies, pour ses implications éthiques et légales.

Le Premier ministre Rishi Sunak, du parti Conservateur, a qualifié la question de « priorité nationale urgente ». Cependant, à ce jour, le Royaume-Uni n’a pas réussi à déporter de migrants au Rwanda, principalement en raison de défis juridiques et de l’opposition rencontrée, notamment de la part de la Chambre des Lords.

Pour contourner ces obstacles, un nouvel accord avec Kigali a été proposé, se concentrant sur la relocalisation volontaire au Rwanda. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a confirmé que le Rwanda était prêt à accueillir des personnes désireuses de refaire leur vie en dehors du Royaume-Uni. L’année passée, le Royaume-Uni a enregistré 19 000 départs volontaires, bien que les détails concernant leurs origines ou destinations n’aient pas été divulgués.

Ce nouveau programme cible les migrants dont les demandes d’asile ont été rejetées, les laissant sans fondement légal pour rester au Royaume-Uni, mais incapables de retourner dans leur pays d’origine. Selon The Times, les migrants éligibles peuvent recevoir une aide financière allant jusqu’à 3 000 livres (environ 3 509 euros), accompagnée d’une assistance des autorités rwandaises pouvant aller jusqu’à cinq ans, incluant un soutien au logement. Les migrants d’Afghanistan et d’Iran figurent parmi les bénéficiaires potentiels de ce programme.

Le gouvernement britannique affirme que le Rwanda est un pays « sûr » pour les migrants. Toutefois, cette affirmation est contestée par les organisations de défense des droits humains, qui accusent le président rwandais Paul Kagame de créer un climat de peur, de réprimer la dissidence et de restreindre la liberté d’expression. Ces critiques soulèvent des préoccupations sérieuses quant à la sécurité et au bien-être des migrants se relocalisant au Rwanda, mettant en doute la viabilité et les fondements éthiques du programme.

L’initiative souligne l’interaction complexe entre la politique d’immigration, les relations internationales et les droits humains, et lance un débat sur les responsabilités des nations à protéger les populations vulnérables tout en gérant leurs frontières. Alors que le Parlement britannique examine ce nouveau projet de loi, la communauté internationale observe attentivement, dans l’attente des résultats de cette proposition controversée.