Burundi-Rwanda:Cadavres du lac Rweru: le mystère reste entier

Qui sont les personnes tuées et enveloppées dans des sacs découverts flottant dans le lac Rweru, au nord-est du Burundi, depuis la mi-juillet? Qui les a tuées? Bujumbura et Kigali nient qu’il s’agisse de leurs ressortissants et aucune réponse officielle n’a encore été donnée à toutes ces questions par les autorités burundaises, mais beaucoup estiment que les marais situés au nord du lac auraient gardé à jamais leur secret si la rivière Kagera qui prend sa source au Rwanda n’avait dévié de son cours à cet endroit.

Des réponses évasives, des rires nerveux, la voix qui tremble parfois. La peur semble dominer chez les paysans rwandais depuis qu’ils voient passer au fil de l’eau des cadavres enveloppés dans des sacs. Et ils assurent que cette histoire n’aurait jamais éclaté au grand jour si la rivière Kagera ne s’était frayée depuis quelques mois un nouveau chemin jusqu’au lac Rweru que le Rwanda partage avec le Burundi.

« Bien sûr que nous avons peur, explique l’un d’eux. Vous ne pouvez pas voir chaque jour deux, trois personnes tuées de cette manière emporter par la Kagera sans être terrifié. Vous l’avez su parce que la rivière les a jetés dans le lac Rweru, sinon beaucoup d’autres ont été emportés avant ».

Pas d’enquête conjointe

Un autre agriculteur rwandais invoque carrément « un miracle de Dieu » pour que la mort dans des conditions atroces de ces dizaines de personnes en provenance du Rwanda ne soit pas vaine. Mais il faudrait pour cela que les enquêtes lancées depuis bientôt un mois aboutissent. On en est encore loin. Il n’y a pas eu de commission mixte d’enquête burundo-rwandaise comme annoncé et la procédure d’enquête utilisée n’est pas des plus orthodoxe :

« En fait, avec les Rwandais, on n’a pas fait d’enquête ensemble, indique la gouverneure de la province de Muyinga, dans le nord-est du Burundi, frontalière du Rwanda, Aline Manirabarusha. Mais pour le moment ce que nous sommes en train de faire, c’est continuer l’enquête. Nous demandons aux chefs de colline, aux chefs de zone s’il n’y a pas quelqu’un qui aurait perdu l’un des siens ».

Depuis que cette affaire est à la une des journaux burundais, plutôt indépendants, les autorités burundaises ont évité toute démarche qui pourrait embarrasser le voisin du nord, et cela ne risque pas de changer, selon de nombreux observateurs.