De l'imbroglio autour de la "mémoire des victimes du putsch du 5 juillet 1973" au scandale FDU à Lyon

Le 10 septembre 2014, NKIKO Nsengimana présumé responsable en exil des FDU Inkingi a signé avec un autre responsable d’une autre branche dissidente du même FDU Inkingi, Eugène NDAHAYO, un accord de réconciliation des FDU. A première vue, on aurait cru à un accord salvateur de cette formation politique dont sa présidente Umuhoza Ingabire Victoire, dans les géoles de Kigali du Président Paul Kagame, était considéré comme un chef de file de l’opposition rwandaise intérieure et extérieure. Le lendemain de cette signature, on se rend compte qu’il ne s’agissait que d’une signature scandaleuse entre deux individus en dehors de l’institution qu’ils sont cencé representer.

Ce scandale vient s’ajouter à l’imbroglio faisant suite à une cérémonie haute en couleurs du 16 août 2014 dénomée « Première Convention en mémoire des victimes du putsch du 5 juillet 1973 ». Au delà de cet acte légitime des familles des disparus il y a plus de 40 ans, les observateurs de la vie politique rwandaise avaient déjà conclu que cet événement n’était pas «politiquement» innocent. Un des organisateurs principaux de cette céremonie, Eugène Ndahayo, participe aux événements qui évoluent de l’imbroglio (16/08/2014) au scandale du 10/09/2014(link is external).

Le scandale Nkiko – Ndahayo: une récidive de Kabusunzu?

En juillet 1993, le parti MDR avait décidé de mettre fin au mandat de la primature de Dismas NSENGIYAREMYE. ce derniar avait été nomé par la coalition MDR, PSD, PL et PDC pour une une période conventionnelle de 12 mois prolongé de 3 mois. Le parti MDR a alors décidé de ne pas prolonger le mandat de Dismas Nsengiyaremye et le remplacer par feu Agatha UWILINGIYIMANA.

Au lieu d’en discuter avec son parti, Dismas NSENGIYAREMYE a convoqué le fameux « Congrès de Kabusunzu » avec l’aide de de son ami NKIKO Nsengimana, à l’insu du président du Parti , TWAGIRAMUNGU Faustin. Ce qui s’en suivit fut l’imbroglio politique que tout le monde connait. Et voici que 20 après, NKIKO Nsengimana semble recidiver en mettant sous le boiseau un congrès des FDU Inkingi qui devait se tenir dans 2 semaines. Affaire à suivre.

Imbroglio autour de la « Première Convention en mémoire des victimes du putsch du 5 juillet 1973 »

Le 16 août 2014, une cérémonie haute en couleurs et en émotions s’est déroulée à Bruxelles. Les organisateurs l’avait appelée « La première Convention en mémoire des victimes du putsch du 5 juillet 1973 ». Au delà de cet acte légitime des familles des disparus, les observateurs de la vie politique rwandaise commencent à relever quelques aspects difficilement explicables par le seul souci d’honorer la mémoire des politiciens de la Première République dont certains ont trouvé la mort avant même d’être jugés. Nous donnons ci-après les signes des soupçons que cet événement n’était pas «  politiquement » innocent.

1. Changement de ton

La nouvelle de cette « Première Convention » fut annoncée dans un communiqué de presse dont le ton ne laissait aucun doute : les organisateurs entendaient accuser publiquement ceux qu’ils appellent les « Bakiga » d’avoir massacré les « Banyenduga ».Ils faisaient alors transparaître qu’après 41 ans de silence et d’inaction, ils avaient cette fois-ci bien affûté leurs armes et allaient en découdre avec les « Bakiga ». Après avoir entendu quelques observations de ceux qui s’étonnaient de ce front ouvert dans le camp hutu 20 ans après leur éviction du pouvoir par les Tutsi qu’ils avaient chassés en 1959, les organisateurs se sont ravisés et ont changé de ton. L’invitation qu’ils ont ensuite lancée en désignant le lieu de la rencontre était nettement plus modérée et insistait sur le caractère de faire le deuil des leurs que sur la rancune ou la vengeance.

2. Double langage

Au cours de la cérémonie du 16 août 2014 qui s’est déroulée dans la commune bruxelloise de Woluwé Saint Pierre, plusieurs orateurs ont pris la parole. Mais trois discours sont à retenir comme les plus importants. Il s’agit de celui de Eugène Ndahayo, Albert Bizindori et Alphonse Munyandamutsa tous des fils des victimes dont on honorait la mémoire. On aurait dit que les rôles étaient distribués d’avance : Albert Bizindori a, dans son discours, calmé ceux qui s’inquiétaient que cette initiative avait pour but de lancer une guerre entre les « Bakiga » et les « Banyenduga » ; Eugène Ndahayo, quant à lui, a placé cet acte dans une perspective politique en restant volontairement vague et flou sur ses répercussions quant aux relations entre les régions nord et sud du Rwanda. C’est visiblement à Munyandamutsa qu’il avait été confié la sale besogne de verser le venin sur le président Habyarimana en particulier, et sur les « Bakiga » en général.

3. Récupérations politiques non dénoncées

Après la cérémonie, l’événement fut récupéré par des individus connus soit comme des malades mentaux ou des politiciens véreux qui voulaient se refaire une santé médiatique. C’est ainsi que le tristement célèbre ancien ministre des Affaires étrangères de tous les gouvernements rwandais depuis 1993 avant d’être vomi par le FPR (Tito Rutaremara a dit de lui qu’il avait plusieurs langues dans sa bouche comme un animal ou un insecte rare dont j’oublie le nom…) et de se replier aux USA, nous avons nommé le sieur Anastase Gasana qui a sauté sur l’occasion pour se répandre sur le web en révélant des détails de cette affaire, des révélations qu’il sort directement de son imagination beaucoup trop féconde que la moyenne des êtres humains. De même un certain Rutayisire Boniface affirme sur une radio internationale qu’il est le vrai initiateur de cet événement (une messe en mémoire des « Banyagitarama » tués par les « Bakiga »). Notons que ces individus se proclament être des présidents des partis politiques et des associations mais dont on sait qu’ils sont les seuls adhérents. Il y en a même un qui déclare avoir une armée de plusieurs milliers de combattants et qui change souvent d’appellations: tantôt URUKATSA, tantôt IMVEJURU.

Les organisateurs officiels de cet événement continuent de voir et de suivre ces agissements des malades mentaux politiques qui détournent leur initiative, mais n’osent pas les dénoncer.

4. Démentis maladroits et non convaincants d’Albert Bizindori

Sur le site Ikaze Iwacu, un certain Cyprien Mugisha non autrement identifié, a publié un article dans lequel il juge que la commémoration de la mémoire des victimes du coup d’Etat de 1973 n’était pas opportune 41 ans après et surtout de le faire en exil. Il pensait alors que cette initiative est venue du FPR qui y a intérêt et surtout que certains de ses hauts responsables des services secrets sont des proches parents des organisateurs de cet événement. Il avait alors cité un certain Alfred Gasana qui serait un cousin de Maurice Niwese et d’Albert Bizindori, un des initiateurs de la Convention mais également numéro deux dans les services des renseignements intérieurs à Kigali.

Réagissant aux déclarations de Cyprien Mugisha, Albert Bizindori, au lieu de démentir le lien qu’il aurait ou pas avec les agents des services secrets du FPR, a admis, à demi-mots, que son cousin à Kigali était haut placé dans les rouages du FPR et que lui-même avait été Sous-Préfet à Kaduha pendant deux ans après la victoire du FPR, ce que jusqu’alors le grand public ignorait. Dans sa mise au point maladroite, Albert Bizindori fait l’amalgame de confondre ce Cyprien Mugisha qui relance le débat de savoir si le FPR n’était pas derrière cette soudaine campagne de souvenir.

5. Alfred Gasana, le « bourreau de Nyakabanda » ?

Après quelques recherches, nous avons découvert avec stupéfaction que le cousin d’Albert Bizindori nommé Alfred Gasana, aujourd’hui responsables des renseignements intérieurs au Rwanda, est la même personne qui fut surnommée, dans les années 2000, le « bourreau de Nyakabanda ». En 1994, Alfred Gasana était parmi les recrues de l’Ecole Supérieure Militaire (ESM) relocalisée à Kigeme à Gikongoro sous le commandement du général Rusatira. Après un court séjour dans les camps de l’Est du Zaïre, il retourna au Rwanda et fut tout de suite porté disparu. Il réapparaîtra six mois plus tard comme un cadre du FPR « UMUKADA », c’est-à-dire ces cadres civils qui servaient de guides aux militaires du FPR qui souvent mettaient les pieds au Rwanda pour la première fois et qui n’y connaissaient personne. Ces ABAKADA devaient surtout désigner des personnes à tuer dans les entités administratives qu’on leur désignait. Alfred Gasana fut affecté à Nyakabanda dans la préfecture de Gitarama. Il sillonna toutes les collines de cette commune et de ses environs en désignant aux soldats du FPR commandés par le major Wilson Gumisiliza, des personnes à exécuter sur place ou à faire disparaître. Le paroxysme des atrocités du couple Gasana-Gumisiliza fut atteint lors des opérations dites de « lutte contre des infiltrés ». Gasana quitta Nyakabanda en 2001. Il avait fait bien son « travail » qu’il en fut récompensé et admis dans le cercle restreint des responsables des renseignements du FPR. Mais entre-temps, il avait reçu le sobriquet de «  bourreau de Nyakabanda » pour l’hécatombe qu’il y a causé. Curieusement c’est à la même époque qu’Albert Bizindori était lui aussi Sous-Préfet à Kaduha et avait peut-être les mêmes attributions que son cousin Gasana. Les tueurs ne se trouvent peut-être pas du côté où on pointe le doigt. Ceux qui pensent donc que l’action d’Albert Bizindori pourrait être inspirée ou même avoir reçu la bénédiction de son puissant cousin de Kigali Alfred Gasana se basent sur ce constat et leurs suspicions sont compréhensibles.

Qu’en pensons-nous?

Enfin, après le « génocide rwandais » en voilà encore une autre mémoire qui divise les habitants de cet espace bantou. Nous pensons que la mémoire des personnes arrêtées suite au coup d’Etat de 1973 et qui sont mortes en détention et dont certaines n’avaient pas encore été jugées, mérite mieux que cette cabale de charlatans et de psychopathes voulant surfer sur cette vague émotionnelle pour exister.

Kalisa Médard

09/09/2014

Source:Archives-Afrique Centrale