LA CPC REAGIS SUR LA CONDAMNATION À VIE PAR LA CPI DE MAITRE MATHIEU NGIRUMPATSE, ANCIEN MINISTRE ET PRÉSIDENT DU MRND PAR LE TPIR

Nous avons appris avec consternation la confirmation en appel de la condamnation à perpétuité prononcée contre Matthieu Ngirumpatse. Fallait-il 16 ans de procédure et un procès qui a coûté 100 à 150 millions de dollars pour découvrir que Matthieu Ngirumpatse était Président du MRND, actif dans des missions diplomatiques, et le condamner en définitive pour cette seule raison ?

C’est faire fi de son implication dans la démocratisation du pays, de ses prises de positions sages en faveur de la paix et de la sauvegarde de ses concitoyens et des risques personnels qu’il a pris pour sauver tous ceux qu’il a pu aider.

Condamner Matthieu Ngirumpatse, c’est condamner tout responsable d’un parti politique pour les actes des « militants » de leur parti.  Faut-il à tout prix tenter de museler ceux qui veulent travailler pour le progrès et la démocratisation de leur pays, dans un environnement incertain et potentiellement violent ?

Mais par-dessus tout, condamner Matthieu Ngirumpatse, c’est manquer la dernière occasion pour le TPIR de remplir la mission de réconciliation qu’il avait reçue du Conseil de sécurité et qu’il a trahie du premier au dernier jour de son fonctionnement.

Matthieu Ngirumpatse incarne pourtant cette idée de réconciliation, comme en témoignent tous les adversaires politiques du MRND qui se sont pressés pour contribuer à sa défense, au cours de son procès. Il l’a portée encore lors de son témoignage, et lors de chacune de ses déclarations finales, en première instance et en appel.

Le jugement d’appel clôt une mascarade de procès, dont la conclusion a de toute évidence été posée au premier jour et dont il a fallu beaucoup de contorsions pour lui donner une apparence de « jugement ».

Les Rwandais qui ont vécu la tragédie de notre pays connaissent eux, la valeur d’hommes comme Matthieu Ngirumpatse. Ils ne resteront pas insensibles à son sort tant qu’il restera injustement emprisonné, et délibérément écarté du processus de réconciliation auquel il aurait tant à apporter.

FaustinTwagiramungu
Ancien Premier Ministre du Rwanda
Président de la CPC