Rwanda:La problématique des prisonniers inquiète le PDP-IMANZI.

COMMUNIQUE DE PRESSE 2014/0020

Rwandaises, Rwandais, Amis du Rwanda,

En date du 04/08/2014, le Premier Ministre M. MUREKEZI Anastase a présenté devant l’Assemblée Nationale le programme d’action du Gouvernement durant le second mandat (2010-2017) du Chef de l’Etat, Son Excellence Paul KAGAME.

Dans ce programme basé sur quatre (4) piliers à savoir : la Bonne Gouvernance, la Justice,
l’Economie et le bien-être social de la population, nous revenons sur le contenu consacré au
thème de la Justice où nous avons constaté une importante lacune au sujet des voies et
moyens de résoudre la question relative aux plus de cinquante mille (50.000) prisonniers
enfermés dans nos prisons depuis 1994.

Tout en restant conscient du fait que ces lourds effectifs s’expliquent en bonne partie par les
conséquences du génocide qui a ravagé notre pays en 1994, nous estimons néanmoins que 20
ans après ce génocide, la question des prisonniers devrait être examinée dans la mesure où les
Rwandais refusent de rester prisonniers de leur histoire d’autant plus que le Gouvernement ne
cesse d’afficher sa satisfaction quant aux progrès réalisés sur le chemin de l’Unité et la
Réconciliation au Rwanda.

Ci-après une brève présentation de la question:

– Chaque année l’Etat consacre un budget de six milliards de francs rwandais (6.000.000.000
frw) à la prise en charge des prisonniers;

– plusieurs parmi ces prisonniers souffrent de maladies incurables dont beaucoup meurent
effectivement en prison, d’autres sont devenus aveugles ou malvoyants suite à la malnutrition
quand d’autres ne quittent jamais leur brancard où les trouvent les membres de leur famille
venus leur rendre visite;

– Parmi ces prisonniers se trouvent beaucoup de personnes âgées entre 70 ans et 90 ans;

– Beaucoup parmi ces prisonniers sont frappés de la peine de prison à vie dont certains ont
déjà fait 20 ans. Si certains parmi ces derniers ont avoué le crime de génocide et demandé
pardon, d’autres déclinent toujours toute responsabilité dans ce crime et continuent de se
battre afin de prouver leur innocence;

– Parmi ces prisonniers on n’en trouve même qui, tout en ayant déjà terminé leur peine, tardent
cependant à être libérés;

– Le Commissaire Général du Service des prisons(RCS), le général Rwarakabije Paul déclarait
récemment que la surpopulation atteint 130% dans les prisons de Nyanza et Huye;

– Il faut par ailleurs signaler le problème des familles de ces prisonniers qui semblent
pratiquement elles-mêmes prisonnières du fait de lourdes responsabilités qu’ils ont à l’égard de
leurs membres détenus.

La question des prisonniers du génocide se révèle particulièrement complexe dans notre pays
dans la mesure où il est très probable que plusieurs parmi les détenus ayant déjà accompli
près de 20 ans de prison soient innocents alors que des criminels patentés circulent librement
à travers les villes et les villages de notre pays.

Par ailleurs, la majorité des détenus pour les crimes de génocide au Rwanda sont de simples
paysans qui, pour la plupart, ont été entraînés dans le génocide par des dirigeants. Pendant que
ces paysans continuent de moisir en prison, certains de ces dirigeants qui ont été jugés par le
Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ayant son siège à Arusha en Tanzanie
ainsi que ceux qui ont été jugés dans d’autres pays étrangers, continuent de bénéficier de
facilités telle que la réduction de leurs peines par ailleurs inférieures à celles imposées par les
tribunaux Gacaca au Rwanda.

Aucune personne de bonne foi ne mettrait en doute le fait que notre pays a été longtemps
miné par le virus de l’ethnisme et du régionalisme. Ceci a été encore une fois confirmé par
l’actuel Premier Ministre Murekezi Anastase alors qu’il était en visite dans le District de
Muhanga en 2013. Il était à l’époque Ministre de la Fonction publique et du Travail et était
l’hôte d’une semaine dédiée à l’Unité et à la Réconciliation organisée dans le Secteur de
Kabacuzi, dans le District de Muhanga en date du 25/11/2013. Le Ministre avait alors
demandé pardon à tous les Rwandais pour une lettre adressée au Gouvernement Rwandais en
1973, lettre qu’il avait cosignée avec ses collègues étudiants en Belgique. Ils réclamaient dans
cette lettre la réduction du nombre de Batutsi dans les secteurs de l’éducation et du
commerce.

Nous demandons vivement que soit pris en compte le problème des prisonniers dans notre
pays afin qu’il y soit trouvé des solutions durables dans l’intérêt suprême de la Nation.
Au cours de l’année écoulée, le Général Rwarakabije Paul, Commissaire général du Service
des prisons(RCS), a proposé de libérer les détenus souffrant de maladies incurables ainsi que
ceux ayant atteint un certain âge.

Le PDP-Imanzi lance un appel pressant à Son Excellence le Président Paul Kagame et au
Gouvernement du Premier Ministre Murekezi Anastase pour qu’ils examinent cette
proposition dans la perspicacité et dans un esprit d’humanité, de compassion et de pardon.
Nous demandons enfin aux diverses organisations de défense des droits de l’homme de suivre
de près la problématique des prisonniers dans notre pays et de plaider en leur faveur.

Vive la Liberté, la Vérité et la Solidarité.

Fait à Bruxelles , le 11/12/2014
MUNYAMPETA Jean-Damascène.
Secrétaire Général du parti.