Accord UE-Rwanda sur les Minerais: Bernard Ntaganda Dénonce les Dilemmes Éthiques et Politiques

Me Bernard Ntaganda

Le 19 février 2024, l’Union européenne et le Rwanda ont officiellement signé un accord de coopération pour l’exploitation des minerais. Cette décision intervient dans un contexte où les pays occidentaux sont souvent critiqués pour leur silence sur diverses questions, notamment les agissements du Rwanda dans la République Démocratique du Congo (RDC).

Bernard Ntaganda, président du Parti Social Imberakuri au Rwanda, a exprimé ses préoccupations concernant cet accord dans une interview accordée à la Deutsche Welle. Selon lui, le choix du moment pour conclure cet accord est particulièrement malavisé. Ntaganda soulève des questions pertinentes sur les tensions diplomatiques actuelles entre Kigali et Kinshasa. La RDC accuse son voisin de soutenir les rebelles du M23 dans l’est de son territoire, une situation qui, selon elle, facilite le pillage des ressources minières dans la province du Nord-Kivu.

L’accord suscite des interrogations, notamment en raison de la situation des droits de l’homme au Rwanda. « L’Union européenne recense sans cesse les violations graves des droits de l’Homme ici au Rwanda. La même UE passe des accords avec le gouvernement rwandais. Cela nous montre l’hypocrisie totale de l’UE », déclare Bernard Ntaganda. Ses commentaires mettent en lumière les contradictions apparentes dans les actions de l’UE, posant des questions sur la cohérence entre ses valeurs affichées et ses pratiques.

Ntaganda insiste également sur les défis internes du Rwanda, décrivant le pays non pas comme un État de droit, mais plutôt comme un lieu où les droits fondamentaux et les libertés sont bafoués. « Le gouvernement rwandais tourne le dos à la démocratie », affirme-t-il, en évoquant la répression des opposants politiques, des journalistes, et même des pertes de vies liées à l’exercice de la liberté d’expression.

Cet accord UE-Rwanda soulève donc des questions fondamentales sur l’équilibre entre les intérêts économiques et les principes éthiques. Il met en exergue le dilemme auquel sont confrontés de nombreux pays et organisations internationales : comment poursuivre le développement économique tout en respectant les droits de l’homme et en promouvant la justice sociale ? La signature de cet accord peut être vue comme une opportunité pour le développement économique du Rwanda et de l’UE, mais elle met également en lumière les défis éthiques et moraux inhérents à la politique internationale.

Dans un monde idéal, les accords économiques internationaux serviraient de catalyseurs pour le progrès social et le respect des droits de l’homme. Cependant, la réalité est souvent plus nuancée, et cet accord entre l’UE et le Rwanda en est un exemple. Il reste à voir comment cet accord influencera non seulement les relations économiques entre les deux parties, mais aussi la situation des droits de l’homme au Rwanda et les tensions régionales en Afrique centrale.