Le face à face des Rwandais avec leur propre histoire (1ère partie)

Au Rwanda, l’histoire s’écrit souvent sous la pression de l’actualité politique mise au goût du jour par le régime au pouvoir. Et, delà, se créent des « mémoires négatives » et concurrentes qui divisent la nation. Retour sur les événements dramatiques récents qui ont endeuillé le Rwanda, auxquels la vision ethnico-manichéiste plane.

Le passé élogieux du Rwanda pré-colonial est devenu aujourd’hui un passé piteux. L’avenir du Rwanda est encore incertain. Et la lueur de la paix se fait toujours attendre et désirer. A quand alors le Rwanda meilleur et paisible, où Hutu, Twa et Tutsi ne sont que des éléments constitutifs de la cohésion et de l’identité sociale? La transformation sociale et positive du Rwanda poste-génocide se veut donc aujourd’hui une urgence pressante mais aussi un impératif pour les Rwandais – quelles que soient leurs ethnies – d’entamer aussitôt que possible le dialogue engagé et sincère. La réécriture d’une histoire plus objective et dépassionnée se veut, elle aussi, également une nécessité incontournable.

Une nouvelle page tournée de l’histoire rwandaise où le manichéisme qui dépeint les Hutu comme étant les mauvais et les Tutsi comme les bons n’a plus aujourd’hui de place. Mais alors….quand sera-t-elle tournée définitivement? Et qui s’en charge? Vous et moi ou quelqu’un d’autre? Dans tous les cas, elle est désespérément attendue. Vous et moi, main dans la main, nous pouvons encore redorer l’image ternie du Rwanda et le rendre radieux. Mieux encore le rendre un pays sûr où les valeurs humaines et sociales d’antan telles que, par exemple, ubupfura, urugwiro, gutabarana, la disponibilité, l’écoute attentive et d’entre-aide mutuelle etc. forment une muraille voire donc une forteresse du « bien-vivre-ensemble ».

Ces valeurs constitutives de l’originalité de notre humanisme hier enviées, sont aujourd’hui en voie de disparition. Sauvons-les en les inculquant ou plutôt en les transmettant à la nouvelle génération qui, seule, peut mieux sauver le Rwanda plus que nous et être de bons gardiens de notre humanisme. Faisons en sorte que cette nouvelle génération hérite un pays où l’amour est plus fort que la haine, un pays sûr où des crimes ou erreurs commis par des Hutu ou Tutsi soient des vieux maux.

Tel est le défi majeur auquel nous ne pouvons relever ou surmonter que si seulement nous nous engagions d’ici et maintenant à une analyse profonde et rationnelle de la crise de notre société. Tel est le nouveau gage d’une élite rwandaise engagée et dynamique. Mais dans tout cela, une transformation intro-oncogénique et extro-oncogénique s’impose. Une analyse et apologie du « bien-vivre-ensemble » qui éveille les consciences et interpelle…

L’occultisme de l’histoire et la hantise des Rwandais

 »Génocide » et  »mémoire », ce sont deux mots qui évoquent dans l’imaginaire comme dans la réalité sociale, l’inoubliable drame de l’histoire du Rwanda et du monde au 21ème siècle. Avril 1994 – 2015: vingt et un ans de la commémoration de cet innommable drame. Un temps de mémoire et de face à face des Rwandais avec leur propre Histoire. Un temps d’analyse qui, pour ceux et celles qui tiennent encore à la vie, aux valeurs humaines, sociales et du « bien-vivre-ensemble »,  arrive donc à point nommé. Ainsi, ma réflexion qui, d’amblée, se veut être un avant-goût de la mise à jour de la manière dont les Rwandais – Hutu,Twa et Tutsi – tôt ou tard, accepteront de s’asseoir ensemble pour réécrire leur propre Histoire, dont celle de la commémoration à un même jour pour leurs morts. (à suivre)

Tharcisse Semana

Vepelex