L’ombre du Rwanda plane sur l’entretien téléphonique entre Tshisekedi et le Président polonais

Selon le compte X de la Présidence de la République Démocratique du Congo, Ce vendredi, 24 mai 2024, le Président Félix Tshisekedi a eu un entretien téléphonique avec son homologue polonais Andrzej Duda. Les sujets d’intérêt commun, les relations bilatérales et la situation dans l’Est de la RDC étaient au centre de cette discussion.

Le Président Duda a condamné la tentative de déstabilisation des institutions de la RDC survenue le dimanche 19 mai dernier à Kinshasa. Il a exprimé son attachement à la paix, la sécurité et la préservation de l’intégrité territoriale de la RDC. Il a également fustigé les manipulations orchestrées par des agitateurs sur les réseaux sociaux concernant sa récente visite au Rwanda. Duda a réitéré sa volonté de promouvoir et développer les relations entre la RDC et la Pologne, annonçant l’envoi à Kinshasa, dans les prochaines semaines, d’un émissaire spécial pour préparer une mission économique polonaise.

En février 2024, le Président polonais a visité le Rwanda pour une visite d’État, déclarant que Varsovie fournirait un soutien défensif à Kigali en cas d’attaque. La RDC a vivement condamné ce soutien militaire de la Pologne au Rwanda. Le ministère des Affaires étrangères congolais avait dénoncé les actions de la Pologne comme étant « hypocrites », affirmant que Kinshasa se réserve le droit de tirer toutes les conséquences de ce comportement délibéré et indélicat.

Kinshasa avait affirmé que la visite du président polonais au Rwanda indique un alignement avec Kigali, malgré le soutien précédent de la Pologne à la RDC lors de l’Assemblée générale de l’ONU pour condamner le soutien du Rwanda aux rebelles dans l’est de la RDC. La visite de Duda à Kigali avait compris des discussions à huis clos avec le Président Paul Kagame, où la coopération en matière de défense a été un sujet clé, qui avait irrité Kinshasa. La Pologne s’était engagée à fournir un soutien défensif à Kigali en cas d’attaque.

La Pologne est considérée comme un allié « indispensable » des États-Unis en Europe, et les deux pays sont membres de l’OTAN. Cependant, les critiques envers le président polonais avaient émergé dans un contexte de manifestations anti-occidentales à Kinshasa. Les Congolais avaient protesté contre l’insuffisance des gouvernements occidentaux à dénoncer l’implication du Rwanda dans la crise.

Les capitales occidentales, notamment Washington et Paris, avaient pressé les autorités rwandaises de retirer leurs forces de défense des territoires congolais pour prévenir toute déstabilisation supplémentaire. Washington a coupé tous les liens militaires avec Kigali, tandis que la Pologne semble adopter une perspective différente.

Human Rights Watch avait averti que les engagements diplomatiques avec le Rwanda ne devraient pas négliger la situation des victimes du M23, plaidant pour la poursuite des criminels de guerre présumés. Le groupe de défense polonais et d’autres entités polonaises ont établi une présence significative sur le marché rwandais, concluant des contrats pour la vente de fusils, de radars anti-drones et de services de maintenance d’hélicoptères.

Face à la menace d’une offensive militaire de Kinshasa, Kigali a acquis des systèmes de missiles anti-aériens. Les rebelles du M23, que Kinshasa dit être soutenus par Kigali, ont pris au sérieux la menace des drones de combat chinois CH-4 déployés par l’armée congolaise. Kigali a donc envisagé l’achat de systèmes anti-drones pour détecter et intercepter les drones hostiles.

Le Président Paul Kagame reste sous le feu des critiques pour son rôle dans le conflit en RDC. Selon les experts, Kigali a ajusté son positionnement militaire en réponse aux mesures de Kinshasa, y compris l’acquisition de missiles sol-air capables d’abattre des drones utilisés par Kinshasa.