L’Union Européenne face à ses responsabilités au Rwanda et en République Démocratique du Congo

Dans une lettre ouverte adressée à Monsieur Nicolas Berlanga, ambassadeur de l’Union Européenne en République Démocratique du Congo (RDC), datée du 21 février 2024 et originaire de Goma, le mouvement La LUCHA exprime une forte indignation vis-à-vis de la posture de l’Union Européenne concernant sa relation avec le Rwanda, en lien avec les tensions et violences en cours dans l’Est de la RDC.

Le cœur de cette préoccupation réside dans l’accord conclu le 19 février 2024 entre l’Union Européenne et le Rwanda, visant à renforcer le rôle du Rwanda dans le développement des chaînes de valeur pour les matières premières, notamment le tantale, l’étain, le tungstène, l’or, le niobium, et les réserves de lithium. Ce partenariat s’étend également à la coopération militaire, avec un financement européen significatif alloué aux forces armées rwandaises, ainsi qu’au soutien financier à divers programmes rwandais, totalisant des centaines de millions d’Euros.

La LUCHA critique ouvertement l’Union Européenne pour son soutien inconditionnel au Rwanda, malgré les conséquences néfastes de cette alliance sur la sécurité et la paix en RDC. Le déploiement de troupes rwandaises au Nord Kivu, soutenant la rébellion du M23 depuis fin 2021, a mené à des actes de violence extrême, incluant meurtres, viols, et pillages. Ces actions ont forcé des millions de Congolais à fuir leurs foyers, exacerbant une crise humanitaire et sécuritaire déjà critique.

La lettre dénonce l’hypocrisie de l’Union Européenne, qui, malgré sa condamnation verbale du soutien rwandais au M23 en décembre 2022, continue de renforcer ses liens avec Kigali. La LUCHA interpelle directement l’ambassadeur européen sur les conséquences de ces politiques, qualifiant le soutien continu au Rwanda de complicité dans les agressions subies par la RDC.

Face à cette situation, La LUCHA appelle l’Union Européenne à clarifier sa position concernant le conflit au Nord Kivu et sa relation avec le Rwanda. Elle demande la suspension immédiate de tout nouvel accord, notamment le partenariat Global Gateway sur les ressources minières, et propose de conditionner l’aide européenne au retrait des troupes rwandaises de la RDC.

Cette lettre soulève des questions cruciales sur les responsabilités internationales dans la gestion des conflits et la promotion de la paix. Elle interpelle directement l’Union Européenne sur les implications de ses politiques extérieures, exhortant à une réévaluation de ses alliances et à un engagement plus fort envers la résolution des tensions dans la région des Grands Lacs africains.