Pérennité au Pouvoir: La Vision de Paul Kagame sur la Leadership au Rwanda

En pleine période préélectorale, le Président rwandais Paul Kagame a répondu aux interrogations sur son long maintien au pouvoir. Lors d’un entretien accordé à Radio 10 et Royal FM le 1er avril 2024, Kagame a articulé sa vision de la gouvernance, ancrée dans les particularités et les défis du Rwanda.

Kagame a souligné que son acceptation de rester en poste découle non pas d’un attachement personnel au pouvoir, mais plutôt d’une demande populaire et d’une évaluation des besoins du pays. Il réfute l’idée d’une réticence à laisser le pouvoir, en affirmant que si le contexte rwandais le permettait et que cela ne nuisait pas au bien-être des citoyens, il aurait déjà quitté sa fonction.

Il confronte les critiques sur sa longévité au pouvoir en soulignant les différences fondamentales entre le Rwanda et d’autres nations, y compris celles développées comme les États-Unis. Kagame pointe du doigt une certaine hypocrisie internationale, notant que des dirigeants de divers pays peuvent rester longtemps en poste sous différentes appellations, telles que Premier ministre ou Chancelier, sans susciter les mêmes critiques.

Cependant, les événements passés et la répression des oppositions mettent en lumière une réalité politique complexe. Depuis son accession au pouvoir en 2000, remplaçant Pasteur Bizimungu, Kagame a fait face à des accusations de museler l’opposition. Des figures politiques ayant tenté de le défier dans les urnes ont été emprisonnées ou contraintes à l’exil, mettant en question la véritable ouverture du jeu politique rwandais. Les cas de Pasteur Bizimungu, Faustin Twagiramungu, Dr Théoneste Niyitegeka, Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda, Diane Rwigara, Gilbert Mwenedata, et Barafinda Sekikubo Fred illustrent les défis et les risques auxquels sont confrontés ceux qui tentent de s’opposer à Kagame.

En annonçant sa candidature pour les élections de juillet 2024, soutenu par son parti, le FPR-Inkotanyi, Kagame semble ignorer les appels à une alternance politique. Les observateurs prévoient un scrutin sans surprise, où le président sortant devrait largement l’emporter, continuant ainsi à diriger le pays qu’il a officieusement contrôlé depuis 1994.