Le lundi 13 mai 2024, la Rwanda Investigation Bureau (RIB) a annoncé via son compte X l’arrestation de Barikana Eugene, ancien député de l’Assemblée nationale du Rwanda. Barikana est accusé de possession illégale d’armes à feu, une infraction qu’il justifie en déclarant avoir oublié de rendre ces armes.
Barikana est actuellement détenu à la station RIB de Remera, où une enquête est en cours pour déterminer comment il a acquis ces armes et pourquoi il les possédait sans autorisation légale. La RIB a rappelé aux citoyens que la possession d’armes est strictement réglementée par la loi et que toute violation de cette loi constitue un crime passible de poursuites.
Suite à cette annonce, Munyakazi Sadate, un fervent partisan du régime de Paul Kagame, a exprimé sa désapprobation sur X. Il a souligné que des figures de l’opposition telles que Cyuma, Agnes, Rachid, Karasira Aimable et d’autres sont souvent conseillées avant d’être arrêtées, et a critiqué le manque de traitement équitable pour Barikana, qui selon lui, méritait des conseils similaires avant toute action punitive. Sadate a souligné que Barikana a joué un rôle significatif dans le pays et que l’ignorer ainsi est une atteinte à ses contributions passées.
Le porte-parole de la RIB, Dr. Thierry Murangira, a précisé sur son compte X que Barikana avait démissionné de son poste de député avant son arrestation.
Barikana, âgé de 57 ans, est une figure influente du parti FPR-Inkotanyi, ayant servi comme député pendant plus de dix ans. Avant cela, il a occupé divers postes de haut niveau, notamment chef de cabinet du Premier ministre, secrétaire permanent au ministère de l’Administration locale, préfet de l’ancienne préfecture de Kibungo et sous-préfet de Kanazi dans la région de Bugesera.
Bien que ces accusations ne soient pas le motif de son arrestation actuelle, Barikana a été accusé par divers individus de violations des droits humains, y compris des meurtres de civils Hutu dans les régions de Bugesera et Kibungo durant son mandat.
Le Rwanda se prépare aux élections législatives de juillet 2024, ainsi qu’aux élections présidentielles. Barikana ne figure pas sur la liste des candidats députés de FPR-Inkotanyi pour ces élections.
Le 14 mai 2024, le journal pro-gouvernemental Igihe.com a rapporté que Barikana avait été trouvé en possession d’une grenade et d’un chargeur de munitions pour fusil AK-47. Le vendredi 17 mai 2024, des informations ont circulé sur les réseaux sociaux selon lesquelles sa nouvelle résidence à Kagarama, Kigali, avait été fouillée minutieusement par les forces de sécurité.
Des analystes politiques estiment que l’arrestation de Barikana cache des motifs plus profonds. Ils suggèrent que les accusations de possession d’armes sont un prétexte pour sa détention, soulignant que Barikana traversait des difficultés financières et que son exclusion de la liste des candidats FPR pour les élections de juillet 2024 avait exacerbé son mécontentement, le rendant vocal dans les hautes sphères du parti.
Certains membres de FPR, en particulier ceux issus de la première génération de combattants Tutsi, se plaignent d’être marginalisés au profit de jeunes opportunistes Hutu cherchant seulement à plaire au président Kagame. Barikana, un Tutsi de la région du Nord du Rwanda issu des Bagogwe et cadre du FPR de longue date, a été crucial dans le recrutement de combattants pour le FPR pendant les années 1990, notamment en République République Démocratique du Congo, dont certains dirigeants actuels de la rébellion du M23.
Jusqu’à la rédaction de cet article, aucune date n’a été fixée pour la comparution de Barikana devant la justice.
