Lorsqu’il explose de colère l’année passée, le dictateur rwandais a réclamé une guerre. Give me a fight, ordonnait-il alors. A l’époque, il voulait manifestement en découdre avec la Tanzanie tout en promettant de « cogner » Jakaya M. Kikwete, son président ; celui-ci avait eu le « tort » de prôner un dialogue avec la rébellion armée du Fdlr. N’ayant pu obtenir l’une ni réalisé l’autre, Kagame dévoile aujourd’hui son audacieux et criminel plan B. Une à une, les régions de son pays se retrouvent à la merci d’incendies en apparence d’origine mystérieuse. En apparence seulement car, malgré ce que viendra dire la propagande gouvernementale, trois indices au moins désignent la main de ses techniciens derrière ces actes odieux.
Tout d’abord, le mutisme de la police. L’Afandie nous avait habitué à une profusion de communiqués chaque fois qu’il y avait dans le pays un « incident » criminel médiatisé. Les grenades explosent et la minute qui suit, comme s’ils étaient de mèche avec les auteurs, les porte-parole des forces de police indiquaient avec une certitude déconcertante qu’il s’agissait d’une œuvre des Fdlr. Ne craignant pas de ridiculiser leur système de sécurité dont ils vantent pourtant la réputation de sérieux et d’efficacité, ils collent systématiquement ce crime aux membres et aux sympathisants supposés desdits Fdlr ! Pourquoi donc ce manque d’empressement à « démasquer » les responsables, s’agissant de ces incendies ? Le mensonge serait-il devenu subitement trop gros ?
Il y a ensuite la disette qui guette l’oligarchie afande. Avec le Congo, les « affaires » tournaient bien et même prospéraient. Aussi bien pour le chef que pour ses innombrables courtisans. N’ayant plus d’occasion pour aller marauder dans les mines du voisin, le partage du cadeau ne peut plus satisfaire tout le monde, d’où les mises à la retraite qui se succèdent. Et le feu dans tout cela ? Certains retraités en seront tenus pour responsables, accusés qu’ils seront, d’être en intelligence avec les Fdlr ou le Rnc. Les autres seront encouragés à monter leurs propres business sur les cendres de ces propriétés parties en fumées. Les secteurs importation (extincteurs), assurances (contre l’incendie) et immobilier (un taux d’occupation très risible des immeubles de rapport érigés grâce aux pillages) attisent déjà bien des convoitises. Bref, très bientôt des « Fire streets » pourront remplacer les trop ostentatoires « Congo streets »…
Enfin, 2017 approche ; comment s’agripper au pouvoir ? Pour y accéder, il a fallu créer une fight, il en fallait une autre pour y rester. Les Fdlr ayant publiquement déposé les armes et les autres opposants retardant le plus possible l’option militaire dans leurs scénarii de lutte, le dictateur panique donc quant à son sort. Son mentor et voisin a déjà, lui, le prétexte al Shabab et, tout récemment, une guérilla dans les massifs du Ruwenzori. Que pourra donc prétendre Kagame pour ne pas passer la main en 2017 ? Faute de fight donc, il allume des feux un peu partout, histoire d’expliquer aux crédules qui voudront encore gober sa propagande qu’une vague terroriste s’est abattue sur le pays, « omettant » d’indiquer qu’il est – comme il l’a toujours été depuis 1990 – derrière ces malheurs.
En brûlant Rome en juillet 64, un autre tyran voulait entre autres raisons changer le nom de cette ville. Il fit payer aux Chrétiens cette stupidité, ignorant que la religion de ces derniers lui survivra de plusieurs millénaires. A son tour, le Rwanda est en train d’être embrasé par la malveillance d’une clique essoufflée et qui veut faussement et injustement faire porter le chapeau à ses « ennemis ». Interrogé un jour sur ses fausses preuves concernant les fameuses et introuvables armes qui ont servi de prétexte à la mise à genoux de l’Irak et à la pendaison de son président, le général Colin Powell, tout honteux, répondra : « Passons à un autre sujet, voulez-vous ? » Devinette : après les flammes, quel sera le prochain sujet du général Kagame ?
Cecil Kami