Rwanda:Ignominie, amaburakindi, casus belli, etc.

L’Afandie (ou plutôt les techniciens de celle-ci) et les chiffres, c’est une histoire qui date de bien longtemps : l’éternel taux de croissance reflétant le « miracle » économique rwandais, celui de la mortalité infantile, le nombre de personnes « tirées » de la pauvreté, celui de femmes siégeant au parlement, etc. Spécialistes du window dressing, les clercs d’Afandie adorent exhiber des chiffres, les aligner à l’intention des crédules et autres paresseux qui ne savent ou ne peuvent pas gratter le maquillage et découvrir toute la laideur de la république kagamienne. Toutefois, plus les temps avancent, plus le recours à cette escroquerie numérale montre ses limites. A la veille du piétinement de la constitution rwandaise, un chiffre jette définitivement le discrédit sur ce processus d’intronisation de Kagame I Rutagambwa, afande du Rwanda…

Dans un article paru le 14 juillet 2015, le site theeastafrican.co.ke écrivait en effet ceci : « According to parliament speaker Donatilla Mukabalisa, petitions signed by a total of two million people — or roughly 17 per cent of the population — have demanded that Kagame be allowed to stay in office ». Ainsi donc, pour seulement 17% de la population (que ça !), ceux qui se font appeler représentants du peuple (intumwa za rubanda) s’apprêtent à faire du général-président rwandais le propriétaire de toute une nation. Un vrai hold up. Quand on sait que, de ces 17 pour cent, une bonne partie a été forcée de signer les fameuses pétitions, l’on se demande à quoi aura servi tout le cirque du parlement, mais surtout que comptent-ils faire de l’opinion des 83% qui ne se sont pas prononcés ?

Avait-on vraiment besoin d’un rappel sur le sens du mot « dictature » ? Lisons l’encyclopédie Wikipédia : « Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune loi ou institution ne les limite ». Sans qu’aucune loi (la constitution) ni institution (le parlement) ne les (Kagame et ses obligés) limite. Seulement, de la dictature afandienne, l’on est en passe de se diriger vers une monarchie absolue en passant par un despotisme (un gouvernement qui ne respecte pas les libertés des individus et dont le principe est la crainte – Montesquieu). Cette manipulation de la loi fondamentale, cette provocation, véritable rupture avec un peuple républicain depuis plus d’un demi-siècle maintenant a un nom : casus belli ! Un acte de nature à déclencher les hostilités. Entre les faussaires, les tortionnaires, les usurpateurs et le peuple.

Lorsqu’ils prennent les armes contre leur pays en Octobre 1990, les conjurés du Fpr avaient un séduisant refrain : « nous nous battons pour rentrer chez nous et y instaurer la démocratie ». Vingt-cinq ans après, la platitude de ce slogan a fini d’ôter tout le crédit (alors tout !) dont pouvait encore se prévaloir la bande à Kagame au lendemain de leur « victoire » de 1994. Leur démocratie a effectivement écrit des pages qui se lisent par Kibeho, Tingi-Tingi, colonel Augustin Cyiza, Assiel Kabera, Seth Sendashonga, Victoire Ingabire, Déo Mushayidi, colonel Patrick Karegeya, Assinapol Rwigara, etc. Voilà pour les regrettés ; pour les vivants, la démocratie afande a pondu les inénarrables Tito Rutaremara, Boniface Rucagu, Evode Uwizeyimana, Edouard Bamporiki, mais aussi E. Ndahiro, Jack Nziza, Fred Ibingira et leurs curieux semblables…

Et comme si trafiquer la constitution ne suffisait pas, voilà qu’en bons fils de Magayane, les soldats sans frontières d’Arbre-dans-l’œil s’ingénient à embraser le Burundi, histoire de réaliser les prophéties de leur père (un clin d’œil à Rwabujindiri et au Bugesera ?). Sur un plateau de télévision suisse, Kagame insinuait l’autre jour que son homologue burundais devrait s’en aller parce que contesté par la rue dans seulement quelques quartiers de Bujumbura. Quid de son départ à lui lorsqu’il n’y a que 17% qui « veulent » encore de sa présidence ? Amaburakindi, disait tout récemment le plus bruyant des thuriféraires de Kagame. Amaburakindi ; traduction : faute de mieux. Vraiment ? A tous les opposants d’aider les Rwandais à trouver ce « mieux » car il existe bel et bien et n’a absolument rien à voir avec ces assa-saints… Halte à cette ignominie.

Cecil Kami