Témoignage de Paul Rusesabagina devant une commission parlementaire britannique

Le 24 février 2024, Paul Rusesabagina, un critique notoire du gouvernement rwandais, a livré un témoignage poignant devant la Commission des Droits de l’Homme du Parlement britannique, composée de membres des deux chambres législatives. Il a révélé les conditions sévères de sa détention au Rwanda, la qualifiant de période passée « dans un abattoir », et a exprimé son inquiétude quant au manque de liberté et de justice dans le pays.

Cette session, la première du genre où Rusesabagina s’exprime publiquement sur ses expériences de détention depuis sa libération en mars 2023, intervient dans un contexte de débat sur les projets du Royaume-Uni d’expulser vers le Rwanda des demandeurs d’asile arrivés sur son territoire. Malgré les assurances du gouvernement britannique sur la sécurité du Rwanda, cette proposition a été contestée, notamment après une décision de la Cour Suprême britannique en 2023, mettant en doute la stabilité du pays africain.

Rusesabagina, âgé de 69 ans, a été arrêté en août 2020 et condamné à 25 ans de prison en septembre 2021 pour terrorisme, suite à son implication présumée avec le Front de Libération Nationale (FLN). Il a décrit une arrestation brutale et une détention marquée par la torture et l’isolement, affirmant que ni sa famille ni ses amis n’avaient été autorisés à le visiter pendant près de trois ans.

Son récit détaille son enlèvement à Dubai, son transfert à Kigali les yeux bandés, et les quatre jours d’horreur dans un lieu inconnu où il a été torturé. Rusesabagina a décrit ce lieu comme un « abattoir », un endroit où il entendait les cris et les supplications d’autres détenus subissant des tortures similaires.

Lors de sa libération, une lettre demandant pardon au président Paul Kagame, attribuée à Rusesabagina, a été publiée par le ministère de la Justice rwandais. Toutefois, ni Rusesabagina ni ses avocats n’ont confirmé l’authenticité de cette lettre. Le gouvernement rwandais a régulièrement nié les allégations de torture et de mauvais traitements à son encontre.

Face à la commission, Rusesabagina a déclaré ne pas avoir bénéficié d’un procès équitable au Rwanda et a critiqué le refus du gouvernement de laisser ses avocats étrangers le représenter. Il a également souligné l’absence de liberté d’expression et de droits de l’homme au Rwanda, mentionnant les pressions exercées sur sa famille par les autorités rwandaises.

Le témoignage de Rusesabagina devant la commission britannique met en lumière les tensions persistantes autour des droits de l’homme et de la liberté d’expression au Rwanda. Il appelle à une prise de conscience internationale sur la situation des droits de l’homme dans le pays, tout en soulignant l’importance de la solidarité internationale, notamment de la part des États-Unis, dans sa libération.