Dans un article d’opinion par Gustave Mbonyumutwa, activiste belgo-rwandais des droits humains et cofondateur de l’association Jambo asbl, une analyse approfondie est présentée sur l’échéance électorale cruciale prévue au Rwanda en juillet 2024. Gustave, petit-fils du premier président du Rwanda et fin connaisseur de la politique rwandaise, met en lumière les enjeux de cette élection présidentielle et des législatives qui se tiendront simultanément pour un mandat de cinq ans.
L’attention se porte sur la candidature de Paul Kagame pour un quatrième mandat, après plus de 24 ans au pouvoir, et sur la domination du parti FPR-Inkotanyi depuis 1994. La préoccupation majeure, selon Gustave, réside dans la capacité du Rwanda à présenter une opposition crédible et indépendante face au FPR, tant pour les législatives que pour la présidentielle.
Historiquement, le FPR et Kagame ont écarté toute opposition sérieuse, assurant des victoires électorales quasi-totales. Cependant, l’émergence de Victoire Ingabire, figure emblématique de l’opposition, qui a récemment fait appel à la Haute Cour de Kigali pour restaurer ses droits civiques et politiques, représente un tournant potentiel. Gustave note que cette démarche, effectuée le 14 février 2024, vise à permettre à Ingabire de se présenter aux élections après avoir été emprisonnée pendant huit ans, puis libérée par grâce présidentielle en 2018.
La situation de Mme Ingabire, condamnée à 15 ans de prison dans un procès controversé, soulève des questions sur l’indépendance de la justice rwandaise et le futur politique du pays. Gustave s’interroge sur les motivations du FPR à permettre éventuellement une telle candidature, dans un contexte de critiques internationales croissantes concernant la liberté d’expression au Rwanda.
La décision attendue de la Haute Cour, prévue pour le 13 mars 2024, est cruciale. Elle déterminera non seulement l’avenir politique d’Ingabire mais aussi la perception de l’ouverture démocratique du Rwanda. Gustave présente plusieurs scénarios possibles, questionnant si le FPR profitera de cette opportunité pour démontrer une certaine ouverture ou continuera à réprimer toute opposition significative.
Cet article met en évidence le dilemme fondamental auquel est confronté le régime de Kagame : ouvrir l’espace politique et faire face à une concurrence réelle ou maintenir un contrôle strict, au risque de renforcer les critiques sur le manque de liberté politique. Gustave Mbonyumutwa, à travers son expertise, offre un éclairage crucial sur les dynamiques politiques à l’œuvre au Rwanda à l’aube d’un moment électoral décisif.