Kagame accuse Tshisekedi de semer la confusion et de provoquer des divisions parmi les dirigeants régionaux

Dans une récente déclaration faite lors d’un entretien exclusif avec le magazine Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagame a exprimé des accusations sérieuses à l’encontre de son homologue de la République Démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi. Selon Kagame, Tshisekedi est responsable de semer la confusion et de provoquer des divisions parmi les dirigeants régionaux concernant les conflits armés dans l’est de la RDC.

Paul Kagame reproche à Tshisekedi d’utiliser son habileté à manipuler les perceptions pour influencer à la fois les dirigeants nationaux et internationaux, allant jusqu’à affecter les relations entre les organisations régionales telles que la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et la Communauté Est-Africaine (EAC). « Pourquoi ne pas chercher un moyen de discuter plutôt que de permettre à Tshisekedi de dicter les conditions, surtout qu’il ment ? », interroge Kagame, mettant en doute la sincérité des intentions du président congolais.

L’accusation de Kagame s’étend à la gestion des menaces verbales de Tshisekedi, qui a déclaré en 2023 qu’il pourrait attaquer Kigali sans avoir à y mettre les pieds. Kagame minimise ces menaces, les considérant comme un reflet de l’incompétence de Tshisekedi à comprendre les implications de ses paroles en tant que chef d’État, ce qui soulève, selon lui, de graves préoccupations sécuritaires pour le Rwanda.

Concernant les conditions posées par Felix Tshisekedi pour améliorer les relations bilatérales, Kagame affirme que le Rwanda a également des demandes à formuler, notamment le retrait des propos de Tshisekedi sur une éventuelle invasion du Rwanda et un changement de régime à Kigali. De plus, Kagame conditionne toute discussion à la cessation du soutien de la RDC au Front Démocratique de Libération du Rwanda (FDLR), groupe armé que le Rwanda accuse d’implication dans le génocide de 1994.

La critique de Kagame s’étend au président burundais Evariste Ndayishimiye, qu’il accuse de duplicité concernant le déploiement de troupes supplémentaires en RDC, malgré les assurances contraires.

Depuis deux ans, les relations entre le Rwanda et la RDC sont marquées par des échanges tendus. Le Rwanda est accusé de soutenir le groupe rebelle M23 dans l’est de la RDC, des allégations que Kigali réfute constamment. En retour, le Rwanda accuse la RDC d’héberger les combattants du FDLR.

Jusqu’à présent, les pays et organisations régionales mentionnés n’ont pas répondu officiellement aux déclarations de Kagame. Cette absence de réponse met en évidence la complexité et la sensibilité des tensions dans la région, où les enjeux de sécurité et les accusations mutuelles continuent de dominer le dialogue interétatique.