RDC- Entre détention et silence: le sort contrasté des soldats au Burundi et au Rwanda

Depuis janvier de cette année, 242 soldats burundais sont détenus dans quatre prisons du Burundi, à savoir Bururi, Ngozi, Rumonge et Ruyigi, après avoir refusé de participer aux opérations militaires aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) contre le groupe rebelle M23 dans la province du Nord-Kivu.

Selon les informations recueillies par la Voix de l’Amérique auprès de diverses sources, des audiences judiciaires ont eu lieu il y a deux semaines pour les détenus de Bururi et Rumonge, directement dans les établissements où ils sont incarcérés. Ces soldats, arrêtés pour la première fois en décembre dernier, font face à des accusations de mutinerie et de désobéissance aux ordres militaires, des infractions sévèrement punies dans le contexte de conflit.

À Bururi et Rumonge, certains détenus sont emprisonnés depuis plus d’un mois. Les arrestations ont commencé le 9 décembre 2023, avec 34 individus envoyés à Ruyigi le 17 janvier et 84 à Ngozi entre les 22 et 23 du même mois. Jusqu’à présent, 118 d’entre eux ont été informés par le tribunal militaire qu’ils resteraient en détention pendant la durée de leur procès.

Un haut gradé, sous couvert d’anonymat, a indiqué à la Voix de l’Amérique que la détention de nombreux soldats pour refus de combattre le M23 n’est qu’une partie du problème. Certains sont également accusés de détournement de fonds destinés aux opérations militaires, et d’autres ont déjà été expulsés de l’armée.

Le Président burundais Evariste Ndayishimiye a abordé la question le 29 décembre dernier, affirmant lors d’une conférence de presse à Cankuzo que les refus de combattre en RDC devaient être sévèrement punis, considérant ces actes comme une trahison envers leur engagement militaire. Il a également justifié la présence de troupes burundaises en RDC par la lutte contre le terrorisme.

De l’autre côté de la frontière, au Rwanda, la situation est marquée par un silence notable concernant le sort des soldats rwandais engagés en RDC. Bien que des messages de condoléances circulent sur les réseaux sociaux pour les soldats tombés au combat, les détails de leur mission et les circonstances de leur décès restent peu clairs. Aucune information officielle n’a été divulguée sur d’éventuelles détentions de soldats refusant de participer aux combats en RDC.

Le Rwanda est également accusé d’envoyer d’anciens combattants du FDLR, rapatriés et démobilisés, pour combattre en RDC, profitant de leur connaissance du terrain et de leur appartenance ethnique pour faciliter les opérations militaires dans les provinces du Nord-Kivu, notamment à Rutshuru et Masisi.

Cette approche stratégique, consistant à équiper le M23 en matériel militaire et uniformes semblables à ceux de RDF pour brouiller les pistes, met en difficulté la démonstration de l’implication directe du Rwanda dans le conflit congolais. Malgré le soutien apparent du Rwanda au M23, les autorités rwandaises restent muettes sur leur présence en RDC, une position qui s’aligne sur la politique de déni adoptée par le gouvernement rwandais face aux accusations internationales de soutien au groupe rebelle.

L’implication rwandaise en RDC, notamment son soutien au M23, a été critiquée tant au niveau régional qu’international, avec des accusations de violation de la souveraineté de la RDC et d’escalade du conflit. Cela met en lumière une stratégie complexe de Kigali, qui, tout en niant officiellement toute présence militaire en RDC, semble œuvrer en coulisse pour sécuriser ses intérêts dans une région stratégique mais instable.