Rwanda: Beatrice Munyenyezi Risque la Prison à Vie

Le 28 février 2024, à Butare, Rwanda – Le parquet rwandais a requis une peine d’emprisonnement à vie contre Beatrice Munyenyezi pour des accusations de génocide qu’elle aurait commis à Butare en 1994. Munyenyezi, qui a été extradée vers le Rwanda par les États-Unis en 2021 après avoir purgé une peine pour fausse déclaration aux autorités d’immigration américaines, maintient son innocence et exprime son espoir d’être acquittée pour rejoindre ses enfants.

Lors d’une audience tenue mercredi, la défense de Munyenyezi a contesté la crédibilité des témoignages à charge, soulignant des contradictions, notamment sur le fait qu’elle était enceinte pendant le génocide, ce que la défense appuie par des documents attestant de la naissance de ses jumeaux à cette période.

Me Bruce Bikotwa, avocat de Munyenyezi, a également mis en doute la fiabilité des témoins affirmant qu’elle était étudiante à l’Université du Rwanda à Butare durant le génocide, en précisant qu’elle avait été exclue de son lycée à Gitwe pour grossesse puis avait fréquenté le CEFOTEC à Butare, où elle a étudié pendant deux semestres avant le début du génocide.

La défense a plaidé pour le rejet des accusations, les qualifiant de « fondées sur des récits fictifs », tandis que l’accusation a insisté sur la validité des témoignages établissant le rôle de Munyenyezi dans les massacres de Tutsis à Butare, incluant des agressions contre des femmes et des filles tutsies.

Munyenyezi, âgée de 54 ans, nie les charges retenues contre elle, arguant qu’elle est principalement accusée en raison de ses liens familiaux. Son époux, Shalom Ntahobari, et sa belle-mère, Paulina Nyiramasuhuko, ancienne ministre de la famille en 1994, ont tous deux été condamnés pour génocide et sont détenus à Arusha, en Tanzanie.

Face à la peine requise par le procureur, Munyenyezi a déclaré devant le tribunal : « Je demande justice pour pouvoir retrouver mes enfants. Je ne nie pas le génocide, et je n’y ai pris aucune part. Les actes criminels sont personnels; si je suis jugée pour les actions de ma famille, cela serait injuste. J’ai confiance en la justice. »

Le juge a annoncé que le verdict serait rendu le 27 mars prochain, laissant planer l’incertitude sur l’issue de ce procès hautement médiatisé.