Réactions et controverses autour de l’interview de Jean Luc Habyarimana par Deutsche Welle

Le 15 mai 2024, le département de la langue française de la radio allemande Deutsche Welle (DW) a publié une interview de Jean Luc Habyarimana, fils cadet de l’ancien Président rwandais Juvénal Habyarimana, assassiné en 1994. Jean Luc Habyarimana, qui avait 18 ans au moment des faits, a partagé ses souvenirs du 6 avril 1994, jour où l’avion de son père a été abattu. Trente ans plus tard, ses souvenirs restent vivaces.

Jean Luc Habyarimana a rappelé le contexte de la guerre civile rwandaise, déclenchée en octobre 1990 par le Front patriotique rwandais (FPR), soutenu par l’armée ougandaise. Les accords d’Arusha en octobre 1993 devaient instaurer un gouvernement d’union nationale, mais la situation sécuritaire demeurait instable. Le soir du 6 avril 1994, alors que Jean Luc et sa famille entendaient l’avion de son père atterrir, deux missiles tirés depuis la colline de Masaka ont abattu l’appareil, provoquant une explosion dont les débris sont tombés dans le jardin de leur résidence.

Suite à la publication de cette interview, les réactions ne se sont pas fait attendre. Olivier Nduhungirehe, ambassadeur du Rwanda aux Pays-Bas, a exprimé son indignation sur son compte X, accusant Bashi Wendi, la journaliste de DW de s’être laissée instrumentaliser. Il a critiqué l’absence de questions sur les responsabilités de Juvénal Habyarimana dans le génocide.

La journaliste française pro-Kagame, Maria Malagardis a également dénoncé l’interview, estimant que DW donnait une tribune à un membre de la famille Habyarimana, responsable de violences et d’incitations à la haine durant les années précédant le génocide.

Norman Ishimwe, activiste des droits de l’homme basé en Belgique, a défendu DW et la journaliste Bashi Wendy contre les accusations d’Olivier Nduhungirehe. Ishimwe a qualifié ces attaques de tentative d’intimidation visant à réduire au silence les journalistes et à dissuader les médias de diffuser des voix dissidentes. Il a souligné la faible liberté de la presse au Rwanda, pays classé 144e par Reporters sans frontières, et a appelé à la défense de la liberté d’expression pour tous les Rwandais.