En vue des élections législatives et présidentielles prévues dans trois mois, le Rwanda s’anime d’un élan préparatoire sans précédent. Ces scrutins marquent une étape cruciale, puisqu’ils représentent la première occasion où les deux élections se tiendront simultanément.
Divers partis politiques ainsi que des figures politiques de tout bord au Rwanda ont entamé des activités préparatoires intensives pour ces élections. Parmi eux, Dr Frank Habineza, président du Democratic Green Party of Rwanda, se distingue en exprimant son intention de se représenter à la présidence après une tentative non fructueuse en 2017.
Cependant, la candidature de Habineza soulève des interrogations, notamment concernant la possibilité d’un conflit d’intérêt étant donné son mandat de six ans en tant que député. Sa décision de se présenter pour la présidence impliquerait qu’il ne pourrait pas se représenter comme député.
Dans une interview accordée au média IGIHE, proche du pouvoir en place, Habineza a partagé ses perspectives sur la préparation électorale, les leçons tirées de son expérience parlementaire, et sa vision de l’opposition politique au Rwanda.
Selon Habineza, son parti, le Green Party, a entamé les préparatifs électoraux dès 2022, en anticipation des élections législatives de 2024. Ces préparatifs comprenaient la mise en place de structures partisanes, y compris pour les jeunes et les femmes, dans tout le pays. L’objectif était de préparer une base solide de candidats pour les élections.
Malgré des ressources limitées et des défis structurels, le Green Party affirme avoir atteint une base significative de 300 000 membres à travers le Rwanda, un chiffre que Habineza estime crucial pour le soutien électoral.
La décision de Habineza de se concentrer sur la présidence plutôt que sur un siège de député découle d’une vision stratégique visant à encourager des changements substantiels au Rwanda, malgré les difficultés rencontrées lors des élections précédentes. Habineza souligne l’importance de présenter des idées et des propositions qui bénéficient aux Rwandais, même si elles sont initialement adoptées ou adaptées par d’autres partis au pouvoir.
Ce positionnement illustre la dynamique complexe de l’opposition politique au Rwanda, où les espaces pour le débat et la critique du gouvernement restent restreints. Les discussions sur la démocratie, la liberté d’expression, et les droits de l’homme au Rwanda continuent d’être des sujets sensibles, avec des rapports internationaux régulièrement critiquant le pays pour son manque de progrès dans ces domaines.
Toutefois, Habineza et son parti restent déterminés à participer activement au processus électoral, en dépit des obstacles et de la critique. Leur engagement témoigne de la volonté de certains secteurs de la société rwandaise de chercher des voies alternatives pour le changement politique et social, dans le cadre d’un système qui présente des défis considérables pour l’opposition.
L’approche de ces élections sera un test important pour la maturité démocratique du Rwanda et la capacité du pays à accueillir un débat politique diversifié et significatif.
