« Un gouvernement élu ne peut négocier avec un groupe terroriste »: Patrick Muyaya

le porte-parole du gouvernement de la RDC, Patrick Muyaya

La République Démocratique du Congo (RDC) appelle la communauté internationale à imposer des sanctions sévères contre le Rwanda, l’accusant de soutenir les rebelles du M23 qui combattent dans l’est du pays, afin de restaurer la paix dans la région. Dans une interview en anglais avec BBC Newsday ce jeudi 15 Février 2024, le porte-parole du gouvernement de la RDC, Patrick Muyaya, a déclaré que son gouvernement ne dialoguerait pas avec le M23, même si ce dernier a exprimé sa volonté de participer à des pourparlers de paix.

Muyaya a également mentionné les visites récentes du Ministre de la Défense Jean-Pierre Bemba à Goma, dans le cadre des efforts pour assurer la sécurité des habitants de Goma et Sake. Les combats intenses entre le M23, les forces armées de la RDC (FARDC), et leurs alliés, comme les forces de la SADC, se sont concentrés autour de la ville de Sake, à environ 25 kilomètres au nord-ouest de Goma, ces dernières semaines.

« Il est simple ce que nous demandons à la communauté internationale. Utiliser des sanctions pour faire pression sur le Rwanda afin qu’il cesse ses actions dans l’est de la RDC, » a dit Muyaya. Il a ajouté que des pays comme les États-Unis possèdent des renseignements indiquant que le Rwanda soutient le M23, une affirmation soutenue par des rapports d’experts des Nations Unies. C’est pourquoi, l’année dernière, les États-Unis ont imposé des sanctions à des hauts gradés de l’armée rwandaise (RDF).

Le Rwanda nie soutenir le M23 et accuse à son tour la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle opérant dans l’est du Congo qui se dit opposé au gouvernement rwandais. La RDC réfute également cette accusation. L’an dernier, le commandement militaire de la RDC a déclaré qu’il n’y aurait aucune tolérance pour tout militaire trouvé en collaboration avec le FDLR, promettant des sanctions sévères.

Muyaya a souligné dans l’interview avec BBC les conditions de vie insupportables des personnes déplacées, rappelant que plus de 8 millions de personnes ont été perdues au cours des 30 dernières années, et actuellement, plus d’un million de personnes ont fui leurs maisons autour de Goma, vivant dans des conditions extrêmement difficiles. Il a insisté sur le fait que ces violences doivent cesser, critiquant le manque d’action significative de la part de la communauté internationale malgré deux années de conflit et d’attaques.

Concernant la proposition de dialogue de M23, Muyaya a réitéré que le gouvernement élu ne peut négocier avec un « groupe terroriste ». Il a rejeté l’idée que les actions militaires du Rwanda ou les récentes attaques sur Goma changeraient la position du gouvernement. « M23 n’existe pas; c’est un outil, et c’est l’armée rwandaise qui agit, » a-t-il affirmé.

Enfin, Muyaya a souligné que la seule voie vers la paix est l’accord de Luanda, rejetant toute négociation directe avec le M23. Les affrontements entre le M23 et les FARDC ont repris à la fin de l’année 2021, marquant une nouvelle escalade du conflit dans la région.