CRISE A L’EST DE LA RDC: LA DIPLOMATIE RWANDAISE À LA CROISEE DES CHEMINS

Accusé, preuves à l’appui de soutenir les rebelles tutsi du M23 en hommes, armes et munitions , le Rwanda a tenu bon et s’avérait être invincible compte tenu des bourgades qu’il a occupées à l’est de ce vaste pays sans grande résistance jusqu’à oser y installer un dispositif antimissile sol-air, un  bouclier contre les attaques des drones et avions de chasse de la RDC qui faisaient des centaines de victimes au sein de ses soldats déployés là-bas derrière l’étiquette M23.Le président Kagame s’en était vanté récemment lors du dialogue national en accablant d’insultes barbares ses homologues congolais et burundais, les affublant de ballons dégonflables. Toutefois, avec l’arrivée des troupes de la SADC, communauté économique d’Afrique australe constituées des contingents sud-africains; tanzaniens et malawites, le Rwanda semble ne plus facilement menacer les FARDC; pour preuve ses forces ne tiennent plus des villages occupées pour longtemps; par contre elles en sont chassées. Craignant que ses défaites risquent de s’exporter sur son territoire, ce pays fauteur de troubles dans la sous-région sous la signature de son Ministre des Affaires Etrangères, Biruta Vincent a écrit au président du conseil de sécurité de l’ONU en date du 12 février 2024 revendiquant le retrait des forces de la SADC. A travers les présentes lignes, nous tenons à analyser les tenants et aboutissants de cette démarche diplomatique rwandaise qui frise des lendemains non promettant pour le Rwanda et ses militaires envahisseurs de la RDC.

1.Faits 

Le gouvernement du Rwanda a officiellement exprimé ses préoccupations auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) concernant la coopération entre les forces de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et diverses factions armées, y compris les forces génocidaires rwandaises (FDLR et ses groupes dissidents), perçue comme une menace pour la stabilité du Rwanda. Cette inquiétude a été communiquée dans un document soumis par le Ministre rwandais des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Dr. Vincent Biruta, par l’intermédiaire de la Mission Permanente du Rwanda auprès des Nations Unies à Carolyn Rodrigues-Birkett, la présidente du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 13 février 2024. Dr. Biruta a mis en lumière l’alliance entre les forces de la SADC et la République Démocratique du Congo (RDC), avertissant qu’un tel partenariat pourrait exacerber le conflit dans la région et augmenter les hostilités. Il a souligné la présence de plus de 260 groupes armés au sein de la RDC et accusé les forces de la SADC de soutenir sélectivement les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) aux côtés des Forces Burundaises (FDNB), de mercenaires européens, des forces génocidaires rwandaises (FDLR et ses groupes dissidents) et divers groupes armés locaux motivés idéologiquement et ethniquement, connus sous le nom de Wazalendo. Ces groupes, a-t-il noté, sont engagés dans le nettoyage ethnique des Tutsi congolais, escaladant la situation à des niveaux rappelant les précurseurs du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Dr. Biruta a également abordé les opérations conjointes entre la mission dirigée par la SADC en RDC (SAMIDRC) et ces « groupes négatifs » contre les forces du M23, en défiance des recommandations issues du processus de Nairobi dirigé par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de l’initiative de Luanda dirigée par l’Angola. Il a exprimé son inquiétude concernant les déclarations publiques des présidents de la RDC et du Burundi soutenant un changement du pouvoir au Rwanda et l’augmentation des tensions ethniques dans la région. Le ministre a en outre critiqué l’hyper-militarisation de l’Est de la RDC et le soutien potentiel de l’ONU pour la coalition alimentant l’escalade du conflit, malgré la violence ethnique en cours et la rhétorique agressive des leaders régionaux. Il a transmis des préoccupations concernant la Mission de Stabilisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO) soutenant potentiellement les forces de la SADC, du Burundi et de FDLR, ce qui, selon lui, pourrait impliquer l’ONU dans une démarche erronée en s’alignant sur des efforts perçus comme ciblant les Tutsi congolais et déstabilisant le Rwanda. Dr. Biruta a reproché à la communauté internationale d’ignorer les causes fondamentales du conflit, y compris le soutien aux forces génocidaires rwandaises dans l’Est de la RDC, le refus du gouvernement de la RDC de répondre aux griefs des Rwandophones congolais, en particulier des Tutsi, et l’échec à rapatrier les réfugiés congolais. Il a soutenu que le soutien de l’ONU aux FARDC et à ses alliés encouragerait davantage une approche militaire plutôt qu’une résolution pacifique de la crise. Soulignant les risques d’exacerbation de la crise de longue date dans l’Est de la RDC, y compris le potentiel de conflit ethnique et de guerre régionale, Dr. Biruta a exhorté le CSNU à reconsidérer sa position sur le soutien logistique et opérationnel à la coalition dirigée par les FARDC. Il a plaidé pour une résolution pacifique à travers les processus de Nairobi et de Luanda et a affirmé l’engagement du Rwanda à contribuer à la paix dans l’Est de la RDC. Néanmoins, il a averti que le Rwanda continuerait à prendre des mesures préventives et défensives contre l’intention déclarée des présidents de la RDC et du Burundi de renverser le gouvernement du Rwanda et la menace posée par les forces génocidaires rwandaises opérant dans l’Est de la RDC.

2.Analyse: de quoi s’en mêle le Rwanda?

Une série de facteurs démasquent le Rwanda quant à son rôle actif et direct dans l’insécurité ravageant la RDC allant jusqu’à se faire attraper par son propre piège.

1) Le mobile de la guerre

Qui se ressemble s’assemble! Dit un maxime français l’équivalent de la version Kinyarwanda” ibisa barasabirana”. 

Lors de la préparation de l’invasion du Rwanda à Kampala qui fut déclenchée en 1990, les représentants des réfugies tutsi d’alors éparpillés à travers le monde conviennent de s’emparer du Rwanda mais aussi des autres pays voisins qui n’étaient pas encore gagnés au grand projet d’empire hima. Le Burundi n’était pas un problème car alors dirigé par un tutsi le major Pierre Buyoya et quand le hutu Ndadaye Merchiol l’a évincé aux élections en 1993, ils se sont empressé de l’assassiner et mutiler son corps dans seulement trois mois;Kagame est d’ailleurs parti à Bujumbura récupérer ses parties génitales, symbole de victoire mais aussi amulette pour assurer la domination du hamite(tutsi) sur le bantou(hutu). Le Zaire d’alors devrait passer aux Banyamulenge et Bagogwe et c’est ce qu’ils ont fait en 2001 quand Kabila Joseph tutsi rwandais adopté par Mzee Laurent Désiré Kabila occupa le pouvoir pendant 18 ans après s’être débarrassé de ce dernier. La Tanzanie devrait suivre avec les tutsi déjà intégrés dans la haute administration du pays et dans l’armée. C’est ainsi qu’ils ont soutenu Edward Lowassa se basant sur son origine hamite mais cela a foiré face au parti CCM implanté depuis longtemps dans le pays.

Qu’en est-il de la crise actuelle dans l’est de la RDC? Le mobile reste malgré que le pouvoir est passé au Bantous car des opportunités politico-militaires s’offrent aux velléités expansionnistes du Rwanda. En effet, l’armée de la RDC est noyautée par la présence d’une centaine d’officiers supérieurs et généraux tutsi qui ne font que livrer les informations stratégiques aux renseignements rwandais et ainsi le retour des hamites au pouvoir est toujours possible. A cette fin, le Rwanda de Kagame a su profiter de la présence des anciens réfugiés tutsi qui vivaient à l’est de la RDC et qui sont rentrés avec la victoire du FPR en 1994: en faire des réfugiés; utiliser ses soldats RDF issus de ces anciens réfugiés dont notamment à leur tête les généraux Ntaganda Jean Bosco; Nkunda Laurent; Makenga Sultan qui faisaient partie de l’armée patriotique rwandaise durant la prise du pays par le FPR  et ainsi trouver la cause légitime pour les faire reconquérir “leur” pays, la RDC et ainsi pouvoir continuer d’exploiter les resources de ce grand pays au sous-sol très riche de façon durable. C’est en peu de mots le mobile de cette guerre rwando-congolaise.

2) Un mensonge qui ne tient plus

Le Rwanda prétend que les FARDC sont appuyées par les FDLR dans leur lutte contre les RDF-M23 et que ipso facto tout soutien militaire devrait leur être refusé et s’y base pour réclamer que la SADC puisse quitter la région.En réalité, le Rwanda compte beaucoup d’anciens FDLR qu’il a d’ailleurs redéployés sur le terrain en RDC. Des exemples sont légions: l’actuel Ministre de la Défense, le général Marizamunda Juvénal et sa femme le colonel Séraphine Nyirasafari sont des ex-Far réintégrés dans la RDF, M.Gasana Alfred ministre de l’intérieur est un survivant des massacres perpétrés par les RDF en RDC en 1996 et ses parents avaient déjà été assassinés dans les opérations de vengeance organisées dans le pays après la victoire du FPR; qui plus est, un commandant RDF surnommé Cobra operant a l’est de la RDC du côté des M23 est ancien officier des FAR; le brigadier général J.Chrysostome Ngendahimana actuel commandant adjoint de l’académie militaire de Nyakinama est un ex-FAR; il en est de même du colonel en retraite Ndamage Donat pour le moment ambassadeur au Mozambique; le général major Murasira Albert actuel Ministre de la Gestion des Catastrophes et des Affaires des Réfugiés est un ex-Far, pour ne citer que ceux-là. La vraie raison qui sous-tend cette réclamation hypocrite est la crainte que le déploiement des forces sud-africaines, une des armées puissante d’Afrique, ne puisse provoquer un retournement de situation sur le terrain; en évincant les troupes rwandaises dont la défaite et le repli dans leur pays faciliterait l’entrée massive de leurs adversaires en termes de représailles. 

3) Une guerre médiatique

Quand on navigue sur twitter et you-tube les pro-FARDC et les pro-M23-RDF s’échangent des mensonges fanatiques allant jusqu’à déclarer mort tel général qui le lendemain se retrouve vivant faisant des déclarations comme si ressuscité; décuplant ou inventant le nombre des soldats succombés sur le front; bref les medias fiables sur la guerre qui se poursuit dans la partie orientale de la RDC nous manquent énormément. Alors à qui se fier? De qui se méfier? Heureusement, du côté du Rwanda, nous accédons à des informations de sources sûres des militaires rwandais qui combattent sur le terrain en RDC et qui rentrent pour être remplacés par d’autres dans cette mission. Ce sont ceux-ci, en qualité de collègues, frères, voisins ou amis, qui nous informent à coeur ouvert sur la situation qui évolue tant bien que mal sur le champ de bataille; le bilan alarmant des morts et des blessés et à les entendre dire, rien n’est promettant du côté des M23-RDF vu les forces d’appui sur terrain et les pertes qu’ils y subissent. Une autre source non moins fiable reste les hôpitaux du pays de Rubavu; Musanze; Nemba; Kanombe; CHUK qui quotidiennement accueillent les morts et les blessés en un nombre qui va crescendo; d’où conclure à l’ampleur des combats.

4) Le malaise de Kagame remarqué

Lors du mini-sommet de l’union africaine tenu à Addis-Sabeba sur la crise de l’est de la RDC, le Président Kagame était entouré de sa garde rapprochée alors que les autres présidents voisins du Rwanda étaient détendus; il n’a pas salué son homologue congolais.Même si les pancartes sur les quelles était écrit”stop génocide à l’est de la RDC” qui l’ont accueilli ont été vite écartées, il s’est directement senti inconfortable et a jugé par pis-aller de couvrir sa honte en se faisant rapprocher ses gardes. C’est aussi le poids psychologique des millions de morts sur sa conscience que ses guerres a causés qui le hante et étant surtout conscient que ses homologues le savent.

5) De quoi se mêle le Rwanda?

Si le Rwanda nie sa présence en RDC, l’on s’enquiert pourquoi c’est lui qui diplomatiquement appui la position des rebelles M23 en se faisant son porte-parole devant l’ONU; l’Union Africaine alors que ce mouvement devrait se chercher ses représentants. En effet, du bout des lèvres et en langues étrangères surtout en Anglais, les autorités rwandaises nient leur présence au sein des M23 mais dans leurs discours adressés à la population rwandaise ils affirment qu’ils sont bel et bien dans ce vaste pays à la recherche des resources naturelles pour renflouer ses caisses.Tout simplement, toutes ces rebellions AFDL; RCD;CNDP;AFC qui déstabilisent la RDC depuis 1996 sont toutes des fabrications rwandaises pour leurrer la communauté internationale. Mais sur terrain, les faits parlent d’eux-mêmes car nous voyons de nos propres yeux la circulation sur les routes du nord-ouest du Rwanda bloquée à cause des centaines de camions militaires transportant les troupes rwandaises et les armes lourdes se dépêchant de Kigali vers les zones frontalières rwando-congolaises. Pire encore, les drones du Rwanda viennent de larguer deux bombes sur l’aéroport de Goma, de quelles preuves additionnelles avons-nous besoin?

Conclusion: diplômatie à la croisée des chemins

Lukuta eyaka na ascenseur vérité eyi na escalier kasi mpe ekomi, clamait le célèbre musicien Koffi Olomide congolais dans sa chanson” loi” littéralement le mensonge prend l’ascenseur pour arriver le premier mais la vérité monte par les escaliers mais elle parvient aussi à destination. Le Rwanda a beau mentir qu’il ne soutient pas la rébellion M23 ; qu’il ne pille pas les ressources naturelles de la RDC, son implication directe lui retombe sur la tête. D’une part, les observateurs sur place, les satellites, la population rwandaise, la population congolaise de l’Est, font le constat du déploiement des soldats rwandais sur le territoire congolais franchissant les postes frontaliers avec la RDC : Bugeshi ; Busasamana ; Cyanzarwe, etc. Que dire des prisonniers de guerre rwandais capturés sur le front. D’autre part, pays sans matières premières, le Rwanda devient premier exportateur du diamant ; du cuivre ; du cobalt ; du coltan ; du lithium ; de l’or alors qu’aucune de ces premières précieuses ne se trouve dans son sous-sol. En pratiquant la politique de l’autruche, le Rwanda s’est dénudé devant la communauté internationale, mais la solution du conflit se trouve entre les mains de grands de ce monde. Kagame n’est qu’un pion des Etats-Unis et du Royaume-Uni : un coup de fil de la part de l’Oncle Sam suffit pour l’acculer au retrait immédiat de ses troupes.