Erik Prince, fondateur de Blackwater, dans un accord des mercenaires en RDC

Eric Prince

En décembre 2023, un rapport des Nations Unies a révélé l’implication d’Erik Prince, fondateur américain de la société militaire privée controversée Blackwater, dans un arrangement mercenaire douteux dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), région marquée par des conflits et riche en minéraux. Ce rapport, issu du Groupe d’experts de l’ONU chargé de surveiller l’embargo sur les armes en RDC, révèle les tentatives de Prince d’orchestrer le déploiement de 2 500 mercenaires latino-américains dans le Nord-Kivu.

Les allégations contenues dans ce rapport s’inscrivent dans un contexte de complexités régionales, soulignant le risque d’une escalade des conflits entre la RDC et le Rwanda, le retrait progressif d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies en difficulté, et une prolifération d’activités mercenaires au milieu des intérêts étrangers. La citoyenneté américaine de Prince met en relief des préoccupations significatives pour les États-Unis concernant les risques de corruption et de trafic d’armes, notamment si Prince a agi pour le compte d’entités gouvernementales externes.

Le Nord-Kivu est au cœur d’une lutte enchevêtrée dans des guerres par procuration, des activités économiques illicites et des défis de gouvernance. La région, malgré sa richesse en ressources, reste empêtrée dans la violence et le sous-développement, conséquences de griefs historiques. Sa situation stratégique, frontalière du Rwanda, de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Burundi, en fait un carrefour pour les populations déplacées, le trafic et les confrontations armées.

Le rapport met en évidence plusieurs développements récents aggravant la situation, notamment l’offensive renforcée du groupe rebelle M23 par le Rwanda, contre les forces militaires de la RDC et les casques bleus, s’emparant de territoires significatifs. Ceci a augmenté le risque d’une guerre ouverte entre la RDC et le Rwanda. De plus, la décision du gouvernement de la RDC d’accélérer le retrait des casques bleus de l’ONU suite à des manifestations mortelles contre leur inefficacité perçue, et l’ajustement de sa politique d’embargo sur les armes en décembre 2022, ont davantage compliqué la dynamique sécuritaire dans la région.

L’implication de Prince, détaillée dans le rapport de l’ONU, marque une escalade significative dans l’utilisation de contractants militaires privés (PMC) en RDC. Le déploiement proposé sous un accord bilatéral entre la RDC et les Émirats arabes unis (UAE), visait à contrer les avancées du M23 et à sécuriser les opérations minières dans le Nord-Kivu. Le rapport mentionne également les activités préliminaires d’autres contractants, y compris un contingent arrivé dans la région mi-2023, soulignant la nature opaque de ces opérations et les risques associés de corruption et de trafic d’armes.

La présence de PMC comme Agemira RDC et Congo Protection en RDC illustre l’interaction complexe entre les activités militaires privées, le patronage politique et l’exploitation des ressources naturelles. Ces entités, souvent liées à des intérêts étrangers et des transferts d’armes illicites, soulignent les défis de réguler les opérations de sécurité privée et la nécessité de mécanismes de gouvernance et de surveillance complets.

Les intérêts étrangers, en particulier ceux des UAE et de la Chine, comme allégué dans le rapport de l’ONU, jouent un rôle important dans le scénario qui se déroule. Les deux pays sont impliqués dans des efforts pour étendre leur influence en RDC par des engagements économiques et militaires, soulevant des questions sur les implications de telles activités sur la stabilité régionale et la souveraineté.