La Cour suprême kényane a validé l'élection de Uhuru Kenyatta à la tête de l'Etat

Les six juges de la Cour suprême kényane ont validé ce samedi 30 mars les résultats de la présidentielle du 4 mars, confirmant l’élection de Uhuru Kenyatta à la tête de l’Etat. Ils ont rejeté à l’unanimité les recours déposés par le camp de Raila Odinga, principal rival de  Kenyatta, et qui a immédiatement reconnu la victoire de son adversaire.

À l’annonce du verdict, des groupes ont manifesté dans quelques bidonvilles de Nairobi et des émeutes localisées dans les quartiers pauvres de Kisumu, la ville bastion de Raila Odinga, ont dû être réprimées par la police, qui a tiré des gaz lacrymogènes, mais aussi en l’air à balles réelles.

Selon plusieurs sources, ces accrochages ont fait au moins un mort et plusieurs blessés.
Raila Odinga a pourtant tenu une conférence de presse pour affirmer qu’il respectait cette décision.

La décision a été unanime sur les quatre points soulevés devant la Cour suprême, les six juges ont donc tous été d’accord sur le fait que l’élection a été transparente et équitable,

Selon la Cour, les votes nuls n’auraient pas dû être intégrés aux résultats des candidats. Le président de la Cour suprême, Willy Mutunga, a déclaré qu’il s’agissait d’un moment historique, mais il a ajouté que les dirigeants du pays devaient assurer que l’unité allait être préservée.

Du côté des plaignants, c’est la déception, comme l’a exprimé Gladwell Otieno, directrice d’Africog, l’organisation de la société civile qui a déposé un recours en même temps que Raila Odinga, pour contester les résultats.

« Je ne pense pas que cette décision soit bonne pour le futur de ce pays, peut-être que la population va célébrer sur le court terme, mais les problèmes de 2008 sont toujours ancrés dans notre société, et ils recommenceront car nous ne les avons pas résolus. Cela dévalue la loi, cela dévalue notre Constitution, cela dévalue nos institutions ».

Selon Ahmed Nasir Abdullahi, avocat de la Commission électorale indépendante, les recours ont échoué car ils n’apportaient pas suffisamment de preuves.

« Vous devez apporter les faits et les bonne références légales pour obtenir une décision et sur la base des preuves apportées, il n’y en avait pas, le recours a échoué. Ils n’ont pas réussi à montrer à la Cour le préjudice qu’ils ont subi lorsque le système électronique a échoué, puisque la Commission électorale s’est repliée sur le décompte manuel. Si vous devez me donner un message, que vous l’envoyiez par téléphone ou que vous me le remettiez de la main à la main, c’est pareil, le message est arrivé ».

La Cour suprême s’est donné deux semaines pour dévoiler les détails justifiant son verdict.

Lors d’un point de presse organisé samedi après-midi dans la foulée de la décision de la Cour, Raila Odinga a souhaité bonne chance à Uhuru Kenyatta. Odinga, qui avait été largement devancé dans la course à la présidence d’après les résultats officiels, n’a pas caché sa déception ni son amertume. En considérant que la décision de ce jour marquait une nouvelle étape sur la longue route vers la démocratie, Odinga a suggéré de façon à peine voilée que Kenyatta a été élu à l’issue d’un processus en fin de compte pas entièrement démocratique.

« La Cour a maintenant parlé. Même si nous ne sommes pas d’accord avec certaines de ses décisions, et en dépit de toutes les irrégularités que nous avons pointé du doigt, notre foi en la Constitution reste plus forte. Exprimer des doutes sur le jugement de la Cour pourrait mener à plus d’incertitude sur le plan politique et économique et empêcher notre pays de progresser dans la bonne direction. Nous devons être déterminés à réformer notre politique et nos institutions.

Le respect pour la suprématie de notre Constitution pour résoudre les désaccords entre nos citoyens est une des fondations majeures de notre société démocratique. J’espère que le nouveau gouvernement respectera la Constitution et l’appliquera à la lettre pour le bénéfice de notre peuple. Je souhaite le meilleur au président élu Uhuru Kenyatta et à son équipe ».