Décès du colonel rwandais Anatole Nsengiyumva à Niamey

Le 7 mai 2024, une nouvelle émanant de sources fiables a rapporté le décès du Colonel Anatole Nsengiyumva à Niamey, au Niger. Ancien haut gradé de l’armée rwandaise, sa mort marque la fin d’une longue série d’événements judiciaires et de déplacements forcés qui ont caractérisé sa vie post-génocide.

Né en 1950 dans l’ancienne commune de Satinskyi, préfecture de Gisenyi, Nsengiyumva a fréquenté l’école des officiers à Kigali, sortant en 1971 dans la 10ème promotion. Au fil des années, il s’est élevé dans les rangs militaires, servant comme officier d’ordonnance et Aide de Camp du président Habyarimana après le coup d’État de 1973, et plus tard en tant que chef du renseignement militaire jusqu’en 1992. avant de commander un secteur opérationnel à Gisenyi durant les périodes critiques précédant le génocide de 1994.

Arrêté au Cameroun en mars 1996, Nsengiyumva fut transféré à Arusha en janvier 1997 pour y être jugé pour génocide. Lors du procès Militaire1, où il comparut aux côtés de figures telles que le Général Gratien Kabiligi et le Colonel Théoneste Bagosora, il plaida non coupable. Initialement condamné à la perpétuité en 2008, sa peine fut réduite en appel à 15 ans en 2011, ce qui mena à sa libération compte tenu du temps déjà passé en détention.

Depuis sa libération, Nsengiyumva et plusieurs de ses co-accusés se sont retrouvés sans pays d’accueil, résidant à Arusha sous une forme de limbo judiciaire et social. Sous la pression de la Tanzanie, ils furent finalement envoyés au Niger en 2021, où ils ont continué à vivre dans une précarité notable, exacerbée par les déclarations des autorités nigériennes et l’inaction de l’Organisation des Nations Unies concernant leur relocalisation ou réunification familiale.

Le colonel Nsengiyumva n’est pas le seul à avoir trouvé la mort en exil au Niger. En 2023, le colonel Tharcisse Muvunyi est également décédé dans des circonstances similaires, après s’être vu refuser la permission de se rendre au Royaume-Uni pour des raisons médicales, où résidait sa famille.

Le décès de Col Nsengiyumva soulève des questions critiques sur le traitement des anciens détenus du TPIR et les responsabilités internationales envers ceux qui ont été jugés mais ensuite laissés dans un état de négligence.