« Le gouvernement de la RD Congo est incapable de gouverner son immense territoire »: dit Paul KAGAME

Par Erasme Rugemintwaza

C’est le 31 Décembre, dans le pays des Milles Collines, tout le monde attend le discours de vœux du nouvel an de Paul Kagame avec peu de patience car la situation diplomatique du pays est trop tendue pour être tue! Et sans la moindre surprise Paul Kagame défend à couteau tiré, ses hommes du M23, allant jusqu’à qualifier le Gouvernement de la RDC d’incapable de gouverner son immense territoire! Qu’est-ce qu’il a dit au vrai?

Le bilan de l’année

Le bilan de l’année 2022 est brossé sommairement par l’homme fort de Kigali. Toutefois il ne manque pas de dire que le Rwanda connaît une croissance économique. Mais ceci est bien l’antipode de la réalité car les Rwandais ont perdu leur pouvoir d’achat suite à l’inflation du franc rwandais sans précédent, ce qui entraîna ipso facto l’augmentation des prix des produits de première nécessité. Kigali se vide et connaît un phénomène jamais observé: les gens quittent la ville pour aller vivre dans les milieux périphériques moins chers où mieux dans les campagnes! Au Rwanda trop peu de ménages mangent deux fois par jour. Paul Kagame ne pouvait pas passer sous silence la lutte contre le Covid-19. Certes le Rwanda a un bon taux vaccination effective de 70%, mais ce qui est intéressant pour Paul Kagame c’est le business. En fait, en connivence avec le Directeur général de l’OMS, le Tigréen Tedros Adhanom Ghebreyesus, Paul KAGAME a gagné un deal de produire les vaccins contre le coronavirus à Kigali. Il n’a pas non plus oublié de souligner la tenue de la réunion des Chefs d’Etats et de Gouvernements de la Commonwealth (CHOGM), une pierre qui lui a permis de faire deux coups simultanément: redorer son blason terni par des actes de violation grave des droits de l’homme, mais aussi faire du business avec ses compagnies du secteur touristique.

La Diplomatie: mensonge et peur

Concernant le bilan de la diplomatie, Paul Kagame a réellement manqué le terme approprié. Mais dans une sorte de balbutiement, il a dit que les relations diplomatiques sont au bon fixe, qu’il y a des bons points marqués dans la normalisation du bon voisinage mais qu’il y a le problème crucial de la RDC.

_ »Nous avons d’excellentes relations diplomatiques avec d’autres pays de la région et nous avons beaucoup réalisé ensemble. Mais de nouveaux défis sont également apparus, qui nécessitent notre attention, en particulier dans notre voisinage, avec RDC. »_ , dit-il avec une manifeste hésitation.

La plaidoirie du M23

Dans son discours de 13 minutes Paul Kagame n’ a jamais prononcé le nom de M23 dont le Rwanda est accusé de soutenir. Il a tenu à souligner que le Rwanda soutient les initiatives régionales. _ »Nous tous dans la région et nos partenaires internationaux doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre les solutions durables; qui nous échappent depuis deux décennies et demie. Des initiatives régionales sont en cours, dirigées par le président de l’Angola, le président Lourenço, et le président du Burundi, le président Ndayishimiye, et l’ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta. Je remercie ces dirigeants, ainsi que les chefs des États de l’EAC, pour le travail crucial qu’ils entreprennent, et que le Rwanda soutient pleinement. Nous les félicitons également d’avoir accepté de déployer une force pour aider à stabiliser l’Est du Congo. »_

Mais Paul Kagame blâme la communauté internationale de ne pas comprendre le problème congolais, d’utiliser les approches inefficaces tout en faisant des dépenses colossales et de surcroît blâmer le Rwanda, alors que le problème est purement congolais.
_ »Cependant, ces efforts ne porteront pas ses fruits, à moins que l’approche inefficace de la communauté internationale ne change considérablement. Il est décevant que la communauté internationale accepte de s’adonner à la paix et finit par compliquer les questions; ce qui sape les processus régionaux. Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars pour le maintien de la paix au cours des deux dernières décennies, la situation de sécurité dans l’est du Congo est pire que jamais. Pour expliquer cet échec, certains dans la communauté internationale blâment le Rwanda, même s’ils savent bien que la véritable responsabilité incombe principalement au gouvernement de la RDC, ainsi qu’à ces acteurs externes, qui refusent de résoudre les causes profondes du problème – nulle part ailleurs. C’est un mensonge très cher, ce qui n’a aucun sens logique. Ils ne disent la vérité que dans les chuchotements, ont peur de déplaire au gouvernement congolais et de compromettre leurs propres intérêts, mais en fait, ils enhardissent les dirigeants de la RDC à prendre des mesures de plus en plus drastiques pour consolider leur base populiste, dans le processus, faisant du mal à leur population. Même si le groupe d’experts des Nations Unies documente la collaboration entre l’armée congolaise et le FDLR et d’autres milices, sans parler de l’augmentation alarmante du discours de haine, ces éléments sont pratiquement ignorés, comme s’ils n’étaient pas sans conséquence. Cette attitude est choquante, mais pas surprenante, compte tenu de ce que les Rwandais savent et ont vu dans notre région dans les années 1990. Nous en avons assez de cette hypocrisie. Il est grand temps que la diffamation injustifiée du Rwanda s’arrête. Bien sûr, nous sommes directement touchés, lorsque les restes des milices engagés dans le génocide au Rwanda deviennent des forces auxiliaires de l’armée de la RDC et font des attaques à travers notre frontière. Aucun pays ne peut accepter cela. Le Rwanda n’acceptera jamais cela comme normal et répondra toujours de manière appropriée parce que notre sécurité et notre stabilité sont primordiales. Nous n’aurions pas pu mieux apprendre de notre histoire. Il y a plus d’une centaine de groupes armés qui pullulent dans l’est du Congo, y compris des milices génocidaires rwandais comme le FDLR. Ces groupes créent une insécurité constante pour les civils en RDC et au Rwanda. »_ Paul Kagame attaque, avec froideur toujours, le fait que la communauté internationale, ne veut pas considérer ce que le Groupe d’Experts de l’ONU, a commenté comme faisant partie des causes de l’insécurité dans l’Est de la RDC, qui n’est autre que la présence de genocidaires Hutus de la FDLR.

Mais _ »La raison pour laquelle cette situation prévaut est que la RDC ne veut pas ou ne peut pas gouverner son immense territoire. Le Rwanda devrait-il supporter seul le dysfonctionnement de cet immense pays? La situation des réfugiés congolais, dont le droit même à une nationalité est nié par leur propre pays d’origine, en est un exemple. Il ne s’agit pas seulement d’un « discours de haine », mais d’une persécution active pendant des décennies. Le Rwanda fait partie des pays d’Afrique de l’Est qui accueillent depuis des décennies des centaines de milliers de réfugiés congolais. Nous avons plus de 70 000 inscrits rien qu’au Rwanda. Et de nouveaux réfugiés continuent d’arriver même maintenant. Pourtant, la communauté internationale prétend effectivement que ces personnes n’existent pas, ou qu’elles ne savent pas ce qui fait d’elles des réfugiés en premier lieu. La politique semble être qu’ils restent indéfiniment au Rwanda, ce qui ne sert qu’à blanchir le mensonge selon lequel ils sont en fait des Rwandais qui méritaient d’être expulsés. Il s’agit d’un problème international, et il nécessite une solution internationale, car les problèmes politiques non résolus qui font que ces groupes armés continuent d’apparaître et qui sous-tendent le discours de haine que nous continuons à voir sont les mêmes. Le Rwanda n’acceptera pas de porter le poids des responsabilités de la RDC. »_ Ainsi le Président Rwandais Paul Kagame a disqualifié la RDC qui ne sait pas gouverner son immense territoire, qui ne sait gérer le problème de ses réfugiés congolais qui sont plus de 70 milles au Rwanda et que la communauté internationale semble les avoir déjà condamnés à rester toute leur vie au Rwanda.

Pour terminer sa plaidoirie pour le M23 Kagame enfreint aux normes internationales d’empêcher les réfugiés d’attaquer leur pays d’origine et aux initiatives régionales qu’il a pourtant salués au début de son discours, _ »Nous avons suffisamment de fardeaux à porter nous-mêmes et nous le ferons aussi efficacement que possible. Les conditions pour que les réfugiés congolais rentrent chez eux dans la sécurité et la dignité doivent être établies. Dans tous les cas, le Rwanda ne pourra jamais les empêcher de rentrer chez eux de la manière qu’ils choisiront. »_

Paul Kagame se dédouane en disant que le discours vise la bonne compréhension de la situation pour les Rwandais et la Communauté internationale. Il termine son discours en promettant une sécurité indéfectible du pays.

Conclusion

A bien analyser ce discours, l’apparence tant morale que physique et surtout son habillement négligé, on trouve bien que Paul Kagame a perdu les pédales. Il semble se rendre devant une communauté internationale désabusée et qui en a marre de ses prétextes pour écumer la RDC. Attendons voir!