Paul Kagame n’a pas tué seulement Patrick Karegeya, il a tué Apollon Kirisisi mais aussi les autres:

Les trahisons mutuelles sont devenues un système de gouvernance au Rwanda

Il est des causes plus difficiles à défendre. Il est des situations plus complexes à expliquer également. Dire que Paul Kagame n’a pas tué seulement Patrick Karegeya; qu’il a tué également Apollon KIRISISI (l’assassin présumé) mais aussi James Kabarebe, Louise Mushikiwabo et beaucoup d’autres Rwandais, ne serait pas une exagération.

En effet, dans le Rwanda de Paul Kagame on ne peut être trahi que par les siens. Eh oui, dans ce goulag, la trahison vient toujours des gens qu’on aime le plus et qui comptent le plus à nos yeux. C’est dur à admettre mais c’est la triste vérité. Le système est érigé ainsi. Le cas Patrick Karegeya en est l’exemple.

Mais pourquoi, diable, Apollon Kirisisi qui était ami fidèle et confident de la victime en est arrivé à le liquider lui-même?

Pourquoi, diable, James Kabarebe, Général de son état, qui, à défaut de rendre les honneurs militaires à son frère d’armes, n’a pas daigné respecter un mort? Pourquoi  en est-il arrivé à traiter Patrick Karegeya de chien qui devait mourir comme un chien?  J’ai envie de dire qu’au moins lui ( James Kabarebe), il est dans les secrets de Dieu pour savoir de quelle mort il mourra.

Pourquoi diable, Louise Mushikiwabo, ministre de la république traite-t-elle Karegeya de la sorte? J’ai envie de dire que le jour où elle saura la vérité sur qui a commandité la mort de son frère Ndasingwa Lando… A moins qu’elle le sache et qu’elle ait été victime du syndrome de Stockholm.

Comment justifier que dans une assemblée de prières devant pasteurs, curés et tout ce que le pays compte comme notables, le président ait osé dire « j’ai tué et je vais tuer encore et encore »  et que tout ce monde ait applaudi sourire jusqu’aux oreilles?

C’est vrai, dans l’histoire du Rwanda, on a eu affaire à un roi qui souffrait des démences. C’était Yuhi Mazimpaka. C’est vrai aussi que Rome a eu Néron qui était fou qui a incendié la ville de Rome en accusant les adeptes du christianisme à tort. Les pauvres! Ils furent massacrés comme des mouches. La fin de l’histoire?  L’histoire se termine par la prise de Rome par un peuple  révolté et déterminé à renverser ce roi mégalomane et fou par dessus tout. Néron se donna la mort à deux pas de sa capture ( voir le film QUOVADIS).

Revenons à notre histoire des trahisons mutuelles érigées comme système de gouvernance au Rwanda. Tout ce monde souffre de l’axiome de Kagame qui veut que dans le Rwanda actuel l’enfant accuse son père, l’homme accuse sa femme et vice versa, l’ami trahit l’ami. Si tu ne le fais pas, c’est l’autre qui le fera à ta place.

Mes amis, laissez-moi vous dire ceci: Il y a urgence. Si on ne fait pas très attention, il y aura beaucoup d’autres Apollon Kirisisi, d’autres James Kabarebe, d’autres Louise Mushikiwabo, d’autres machins, chouettes et tutti quanti. Alors, comme à Rome, le peuple doit trancher le plus rapidement possible. Peuple Rwandais, prenez le devant de la scène.

Le dernier acte de Patrick Karegeya: laisser la piste qui mène à son assassin. Quelle bravoure!

Il y a des hommes qui naissent pour mourir en héros. Patrice Lumumba, Nkwame Nkrumah, Che Guevara , Nelson Mandela et j’en passe et de loin les meilleurs. Il y a d’autres dont le martyre devient ce tison flambant qui éclaire les autres pour continuer la lutte. Patrick Karegeya est de ceux-là.  Ah, ces héros qui ne meurent  jamais et qui laissent derrière eux un ultime geste de bravoure!

Tous ceux qui ont connu Patrick Karegeya disent que son combat contre l’exclusion et pour le vivre-ensemble du peuple rwandais ne sera jamais oublié. Il a allumé un feu qui ne s’éteindra jamais dit l’un, il aimait dire qu’un homme, un héros, ne meurt qu’un fois, rétorque l’autre.

C’est vrai. Patrick Karegeya a fait partie du système. En décidant de quitter ce navire des crimes et des mensonges, en claquant la porte de cet univers impitoyable de l’Agafuni et Akandoya, en dénonçant ouvertement cette mégalomanie d’un président prédateur, vampire et fou de surcroît, il venait de signer son arrêt de mort. Il le savait, il se savait menacé. Ne disait-il pas qu’un homme ne meut qu’une fois? En décidant de l’éliminer par  » un meurtre trop parfait » comme les medias partisanes tentent de nous le faire gober, le meurtrier ne s’attendait pas à ce que l’homme pose un  dernier acte de bravoure: Mettre les enquêteurs sur la piste de son assassin. Apollon Kirisisi.

En prévenant son neveu qu’il allait revoir Apollon Kirisisi à l’hôtel, l’homme a sans doute posé un dernier acte de bravoure. A-t-il eu un sursaut de méfiance à l’égard de cet homme qui venait d’habitude à son domicile et qui du coup changeait de programme? Il ne pouvait pas trop se méfier non plus car c’était lui qui lui avait réservé la chambre. C’était encore lui qui était parti le chercher à l’aéroport et qui lui avait servi de chauffeur toute la journée. Il ne pouvait pas s’imaginer que cet ami de longue date tuait le temps en attendant le moment fatidique. Il ignorait également que l’homme avait empoché des millions de dollars pour trahir cette amitié de longue date. Ah, cette chanson de Jacques Buhingiro: Amafaranga, niyo adutunga, niyo aduteranya, Amafaranga niyo aguha inshuti, niyo agura inshuti yo kabyara yogatsindwa.

Apollon Kirisisi ne pourra jamais survivre de son forfait, de cette trahison. C’est un homme fini. Il a tué un homme bon dont le Rwanda de demain avait besoin. Pour qu’un grain produise des fruits il faut qu’il soit mis en terre. Des milliers de Karegeya sont nés. Les consciences se sont réveillées.  Paul Kagame et ses sbires n’ont qu’à bien se tenir.

Eh oui, chaque jour qui passe le président rwandais s’approche de la fin de son règne. De quelle fin de règne? Ce qui rappelle ces paroles d’Honoré Ggbanda à propos de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga, Maréchal du Zaïre:

« Le soir de l’office funèbre, j’ai vu devant moi un morceau de bois posé sur une table basse, entouré des membre de la famille, des enfants en pleurs. A l’intérieur de cette boîte en bois, un homme était endormi, vêtu d’un costume, d’une chemise et d’une cravate et d’une paire de chaussettes sans chaussures. J’ai bien regardé sa figure. Ses yeux, d’habitude éclatant, étaient fermées. Le Marchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga, c’était lui! Et pourtant, aucune fanfare ne jouait, sinon les sanglots de douleurs de ses enfants qui déchiraient le silence de la salle! Aucune garde d’honneur. Seules ses filles et les quelques femmes membres proches de la famille entouraient le corps, assises par terre et poussant chacune des cris de douleur qui perçaient les cœurs meurtris. La bousculade habituelle des autorités nationales et des proches pour le simple anniversaire d’un de ses enfants avait cédé la place à un vide total et au calme de la cour d’exécution d’un meurtrier qu’on amène à l’échafaud »

Oui, le Maréchal Mobutu est mort très isolé. Et pourtant, il fut l’homme le plus craint de toute l’Afrique. Vanité de vanité, tout est vanité. Akamanyu K’umutsima.

Paul Kagame, en 20 ans de règne au Rwanda ( sans parler de l’Ouganda), il aura tué le double de ce que la deuxième guerre mondiale a emporté. Triste record. Alors, Patrick Karegeya, sa dernière victime?

Patrick Karegeya, tu as été enterré, loin de la terre de tes ancêtres. Mais saches que tes amis; ta famille et le peuple rwandais se battront pour qu’un jour ta dépouille soit rapatriée.

Salut grand homme. Paix à ton âme et
Que la terre te soit légère.

Maurice Shankuru