Rwanda: Jean Daniel Mbanda soumet sa candidature à la présidence tout en affirmant que « le poste n’est pas vacant »

Jean Daniel Mbanda

Le jeudi 30 mai 2024, Jean Daniel Mbanda, aspirant candidat indépendant à la présidence lors des élections prévues pour juillet 2024, a déposé sa candidature auprès de la Commission Électorale Nationale (NEC). En 2017, il avait exprimé son intention de se présenter à la présidence, mais s’était retiré après l’assassinat brutal de Christine Iribagiza, une de ses principales soutiens.

Mbanda a déclaré : « En 2017, je suis venu au Rwanda pour collaborer avec le gouvernement en place et son leader, mais rien n’a changé. Me porter candidat est la meilleure façon de le soutenir (le Président). Nous ne souhaitons pas qu’il fasse face à des opposants qui affirment qu’il manque de véritables concurrents. Je suis ici pour infirmer ces propos. » Il a affirmé avoir soumis sa candidature pour aider le gouvernement et le Président à préserver l’unité nationale.

Lors d’une conférence de presse devant les bureaux de la NEC, Mbanda a critiqué les médias pour leurs questions, ce que certains ont interprété comme une tentative de détourner l’attention des sujets délicats. Il a réitéré que le poste de Président n’était pas vacant.

Mbanda a évoqué les défis qu’il a rencontrés pour recueillir les signatures nécessaires, mais il a aussi reconnu ce que cette expérience lui a enseigné. Il a observé que les Rwandais sont devenus plus avisés politiquement et que la NEC avait bien organisé le processus électoral, ne trouvant aucun défaut à leur organisation.

« Je suis habituellement très critique, mais j’ai cherché des erreurs dans l’organisation des élections et n’en ai trouvé aucune. Les citoyens ont mûri politiquement. Un habitant m’a demandé si la collecte des signatures ne nous empêcherait pas de voter pour notre propre candidat. Je lui ai expliqué que ces signatures me permettent de concourir contre ce candidat. »

Jean Mbanda, âgé de 71 ans, est connu au Rwanda pour avoir été député et avoir occupé divers postes, y compris dans l’association de football. Ancien député du Parti Social Démocrate (PSD), il s’était présenté à la présidence de la Fédération Rwandaise de Football (FERWAFA) mais avait perdu, accusant son rival Degaule Nzamwita de fraude électorale, soutenue par des personnes influentes.

Mbanda a également fait les gros titres lorsqu’il a écrit sur les réseaux sociaux à propos du procès au Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha, en Tanzanie, déclarant ne pas comprendre pourquoi le Colonel Théoneste Bagosora était emprisonné. Le gouvernement rwandais considère Bagosora comme l’architecte du génocide de 1994. Mbanda a même affirmé que Bagosora l’avait sauvé, lui et 16 autres Tutsis, en 1994.

Mbanda, qui réside actuellement au Canada avec sa famille, aurait été déchu de son passeport, ce qui l’empêcherait de quitter le pays. Sa candidature à la présidence pourrait être perçue comme une manière de se protéger en attirant l’attention internationale si la situation se dégradait.

Les analystes politiques rwandais estiment que les déclarations de Mbanda visent à critiquer subtilement le régime du Président Kagame, insinuant que les résultats des élections sont connus à l’avance. Ils interprètent son discours comme une stratégie pour éviter des confrontations directes tout en insinuant que les élections manquent de transparence.

La Commission Électorale Nationale a clôturé la réception des candidatures, avec neuf postulants, dont sept indépendants, ayant déposé leur dossier entre le 17 mai et le 30 mai 2024.