« S’obstiner (changer l’article 101 de la constitution) et fuir comme Blaise-l’assassin ou se battre (ne se fier qu’à sa quincaillerie militaire) et mourir comme le « guide » libyen? »
C’est vraiment bizarre le sens des coïncidences que parfois développent nos dictateurs. Tenez : Blaise Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara a choisi le mois (d’octobre) où il a tué ce dernier pour se mettre à dos son peuple et récolter ce qu’il venait de semer. Son clone rwandais, le général Kagame a, lui, choisi de célébrer à sa façon l’anniversaire de sa défénestration du Congo (via Chanzu). Novembre 2013 – novembre 2014. Une année que les griffes d’afande PC ont été sérieusement limées par la détermination des forces congolaises sublimée par l’appui des troupes sud-africaines, tanzaniennes et malawites. A Chanzu, le mythe de l’invincibilité de Kagame s’est définitivement effondré et depuis, l’homme a du mal à s’en remettre. Pour donner le change, il a ordonné l’assassinat du colonel Patrick Karegeya, s’en est vanté et puis… pschitt ! Panne d’inspiration. Jusqu’à ce qu’un ange de la mort lui souffle une idée scabreuse en deux lettres et deux chiffres : TL-50 ; vous savez, ces missiles anti-aériens commandés à la Chine en ce mois (désormais) de la honte pour les RDF, l’armée de Kagame.
Avant toutefois ces dragons de la mort (TL n’est que l’abréviation de Tian-Long, mot chinois qui signifie dragon), le dictateur rwandais avait littéralement « fui » son pays. Parti en août pour les USA, afande Kagame a ensuite sillonné le monde, s’entretenant avec moult adjoints de ses pairs et n’est revenu à Kigali que début novembre 2014 ! Tout un trimestre d’absence qu’il a cru justifier en déclarant qu’il était parti, non pas en touriste, mais en businessman, pour le compte soit disant du pays. D’aucuns ont cependant voulu ne voir en ce périple qu’un voyage prémonitoire, en parallèle avec le soulèvement des Burkinabè.Mais qu’était-il vraiment allé négocier au nom du peuple rwandais ? Une voie ferrée, a-t-il expliqué, mais pourquoi donc ce besoin subit et urgent de remplacer au pied levé les ministres en charge des dossiers « négociés » ? Seul peut-être le despote Hastings Kamuzu Banda du Malawi avait mieux fait avant : à quatre-vingt-un ans (1985), ce « président à vie » était aussi son propre ministre des Affaires étrangères, de l’agriculture, de la justice et des travaux publics…
Et si donc cette absence était motivée par autre chose ? Les cadavres du lac Rweru par exemple. Il s’est passé quelque chose d’horrible, de criminel même dans les safe house d’Afandie. Il se dit qu’une bonne frange de l’armée que le régime a associée à une hypothétique tentative de coup d’état est en train de payer un lourd tribut au désespoir de plus en plus grandissant du boss. Pour ne pas avoir à s’exprimer sur ce drame, Kagame a préféré « fuir » le pays trois mois durant, croyant retrouver, à son retour,la curiosité éteinte. Peine perdue car à peine avait-il mis ses pieds dans la capitale qu’une fosse commune a été découverte à quelques centaines de mètres de la prison centrale de Kigali. Une fois de plus, les doigts pointent vers les « techniciens » du régime qui ont dû y enterrer des citoyens indésirables dans leur propre pays. Autant le cas Compaoré reviendra encore et toujours réveiller les consciences africaines, autant le « précédent Kafando » hantera plusieurs bourreaux encore en activité. Ce civil élu pour présider la transition au Burkina a en effet fait fort en ordonnant,à la surprise générale, l’expertise de la supposée tombe du capitaine Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè. Tout finira donc par se savoir, peu importe les efforts des afande et leurs semblables à cacher la vérité.
Fuir le pays, écrivais-je. Par déception. Par dépit. Comme une suite des plus logiques à ce sentiment d’insécurité manifesté ces derniers jours par le président rwandais ; lié à une peur irrationnelle d’être abandonné, ledit sentiment a donc poussé afande Kagame à fuir son pays et son peuple. Tu quoque BBC ! devrait-il marmonner le long de sa courte fugue. L’un des symptômes les plus observés chez les abandonniques (sujets atteints de l’abandonnisme) étant l’agressivité, l’acquisition des missiles TL-50 et le moment choisi pour en faire la publicité ne peuvent que mieux s’expliquer.Exhiber sa force pour cacher ses faiblesses et ses peurs. Faire semblant d’avoir toujours la maîtrise de la situation alors qu’au détour d’une phrase, on avoue : « If you want to destroy me, I’ll make it expensive for you ».Autrement : « Je leur vendrai très chèrement ma peau ». Ça ne vous rappelle rien ni personne ? Je me battrai jusqu’à la dernière goutte de mon sang, disait le colonel Kadhafi quelques semaines seulement avant sa triste fin. Son sang sera effectivement versé dans un tunnel indigne et de sa verve et de son « courage ». Et Kagame, que va-t-il faire maintenant ?
Apparemment deux choses : s’obstiner (changer l’article 101 de la constitution) et fuir comme Blaise-l’assassin ou se battre (ne se fier qu’à sa quincaillerie militaire) et mourir comme le « guide » libyen. Inspiré par l’histoire d’une fille qui venait d’être abandonnée par son amoureux, Gilbert Bécaud chantait « Et maintenant, que vais-je faire / Vers quel néant glissera ma vie ?» Abandonné par ses amis d’hier, que va devenir mon président ? Avez-vous noté la marche arrière initiée à propos de l’affaire BBC? (c’est maintenant la faute à RURA!). Maupassant lui, demandait « Pourquoi ne jugerait-on pas les gouvernements après chaque guerre déclarée? » Il s’empressait d’ajouter : « Si les peuples comprenaient cela, s’ils faisaient justice eux-mêmes des pouvoirs meurtriers, s’ils refusaient de se laisser tuer sans raison, s’ils se servaient de leurs armes contre ceux qui les leur ont données pour massacrer, ce jour-là la guerre serait morte ». Celle de Kagame pourra donc ne pas avoir lieu… Il lui reste un peu de temps pour choisir.
Cecil Kami