RWANDA. LE CLAN KAGAME AURA BIENTÔT LE MONOPOLE DANS LE SECTEUR HÔTELIER

L’hôtellerie, c’est l’un des rares secteurs de l’économie rwandaise qui avait réussi à s’échapper de la mainmise de Paul Kagame et de ses hommes. Ils ont alors mis tout en oeuvre pour rattraper ce retard et d’ici quelques mois, la chaîne d’hôtels qu’ils ont créée aura le monopole sur tout le territoire rwandais.

Pratiques mafieuses  « Made in Uganda »

Pour rappel, les pratiques frisant le gangstérisme ont été initiées depuis 1986 quand des officiers rwandais tutsi ont aidé Museveni à conquérir le pouvoir en Ouganda. En guise de reconnaissance, il leur fut permis d’investir la capitale Kampala et de se livrer aux pillages en vue de se constituer un butin de guerre.

En octobre 1990, le président Museveni leur fournit armes et munitions et les lâcha sur le Rwanda. Avec leurs troupes, ils envahirent d’abord les régions frontalières en y chassant ou en y tuant la population pour occuper ses biens et récolter ce qu’elle avait semé. Au fil du temps, les zones conquises furent soumises aux mêmes rapines et saccages.

Après sa victoire sur les Forces Armées Rwandaises (FAR) en juillet 1994, l’armée du FPR (Front Patriotique Rwandais) se livra aux razzias de plusieurs villes et régions.

Dans la ville de Kigali, les militaires du FPR et leurs partisans se sont appropriés des véhicules neufs de toutes sortes et des containers de médicaments trouvés dans les magasins généraux du Rwanda (MAGERWA), du matériel de construction, des appareils électroménagers, des TV et autres appareils Hi-Fi, des ordinateurs et autre matériel informatique, des pierres précieuses, des sacs de thé et de café trouvés dans les entrepôts d’exportation, du mobilier de luxe, de la quincaillerie, des tissus, du lait en poudre, de l’argent liquide abandonné dans les magasins et les banques, etc.

Le butin de guerre était toujours impressionnant car l’infrastructure d’une ville avec ses magasins, ses habitations de luxe, ses dépôts pour les grandes sociétés,…, tout cela constitue des richesses que le FPR a acquises sans rien dépenser. La conséquence est que le FPR a une réserve dont il peut encore se servir pendant de nombreuses années.

Tristars, une société tentaculaire

Le blanchiment de cette fortune mal acquise fut fait via la société « Tri Stars Investiments ». Celle-ci a investi dans diverses activités. Elle a pris des parts dans la banque BCDI, elle a ouvert également un magasin de matériel de construction sous le nom d’APEX et elle a participé au financement du projet dénommé « Mutara Development » chargé du développement de la région du Mutara où bon nombre de barons du FPR ont installé leurs familles en provenance d’Ouganda.

Tristars s’est aussi lancé dans le commerce du café. Elle a fondé la société RWACOF et le FPR a instruit tous les commandants d’unités de son armée que personne d’autre n’avait droit d’acheter du café. Ce monopole rapporte des sommes colossales à la société, étant entendu qu’elle a profité au départ des stocks du café torréfié trouvé dans différents entrepôts de l’OCIR-Café, société parastatale de commercialisation du café sous le régime Habyarimana.

Tristars s’est lancée également dans le secteur du bâtiment par le biais de la société COTRACO et dans le domaine du génie civil.

Au vu de l’augmentation du parc automobile au Rwanda notamment dans la capitale Kigali, Tristar a investi dans les stations d’essence et a mis sur pied la société ENGIEN, anciennement BP-FINA.

Pour protéger les « nouveaux riches » et sécuriser leurs biens, Tristars fonda une société de gardiennage appelée INTERSEC qui emploie des hommes armés. Tristars est donc tentaculaire. En association avec la société des assurances du Rwanda (SONARWA), Tristars Investiments créa la société de construction « Nyarutarama Management Property ».

Au cours de la guerre du Congo en 1996, le FPR s’est également livré aux pillages des richesses de la RDC (République Démocratique du Congo). Il ne fut pas facile d’écouler tous ces produits vu leur immensité. Le FPR s’organisa avec la société érythréenne « Trans-Afrika ». Des camions arrivaient au Rwanda avec du sel de cuisine et repartaient avec des containers des richesses pillées en RDC.

Un autre domaine auquel s’est intéressé Tristars est la télécommunication. C’est grâce à son initiative et à son financement que naquit « Rwandacel ».

Le FPR a fondé des ONG et en a confié la gestion à ses agents. Ainsi on peut citer « Rwanda Development Organization » géré alors par le major Furuma avant de s’exiler aux USA, « Benishyaka » gérée par l’épouse du colonel Karemera et « Rwaho » géré par Jacqueline Rukeba qui a dû s’exiler car elle était en concurrence avec « Benishyaka » dans la soit disant recherche des aides aux veuves et aux orphelins.

Tistars devient Crystal Ventures

Paul Kagame et ses hommes, se rendant compte que Tristars devenait trop visible et ses magouilles éventées, changèrent de stratégie. Pour faire diversion, ils fondèrent Crystal Ventures, un holding qui reprend les mêmes activités que Tristars Investiments.

Comme cela apparaît sur son site web, Crystal Ventures est un conglomérat composé de Inyange Industries (agro-alimentaire), NPD Cotraco (construction des routes), Mutara Enterprises (design et fabrication des meubles de luxe), Bourbon Coffee (café et autres cultures industrielles), Intersec Security (société de sécurité et de gardiennage), Ruliba Clays (fabrication des matériaux de construction), Real Contractors (société de construction), East African Granite Industries (minerais). A ceci il faut ajouter la Banque de Kagali, les écoles, les universités, … La liste est longue.

Ces sociétés ont un quasi monopole dans presque tous les secteurs de la vie nationale. Elles sont gérées par des « gardiens », dont les principaux sont Egide Gatera et un certain Rusera.

Sur le tard, le clan Kagame est venu dans le secteur hôtelier qui commençait à être prospère. De 2007 à 2013, le nombre des chambres est passé de 300 à 6,500. Une nouvelle enseigne, « Gorrillas Hotels », vit le jour. Elle a déjà 4 hôtels : 2 à Kigali, 2 dans le nord du pays (Musanze sur le chemin vers le parc des Virunga où se trouvent  les gorilles) et Gisenyi (au bord du lac Kivu). Le Guest House de Gabiro (sur le lac Kivu au sud ouest), vient d’être acheté et ajouté dans ce portefeuille.

Pour garder le monopole comme dans les autres secteurs, les hommes de l’ombre du clan Kagame ont instruit les agents aux frontières d’aiguillonner les touristes vers les hôtels de la chaîne Gorillas. Le reste de la clientèle est prise par des officiers supérieurs qui ont transformé leurs villas en « logde ». C’est ce qui ressort d’un témoignage d’un hôtelier qui s’est confié à Radio Inkingi le 12/06/2015. Résultat : les autres hôtels chôment. Des jours, des semaines, voire des mois passent sans qu’aucun client n’entre dans leurs établissements.

Comme tout cela a été construit avec des crédits, les banques menacent et d’après des nouvelles rapportées par la presse rwandaise, une centaine d’hôtels va être vendue aux enchères.

Bientôt, la chaîne Gorillas Hotels restera seule sur le marché et la boucle sera bouclée.

musabyimana.net