RWANDA: Quand Paul Kagame recadre sa position sur l’affaire Paul Rusesabagina!

Paul Rusesabagina,humanitaire et homme politique basé aux USA et en Belgique présenté menotté devant les journalistes à Kigali après son enlèvement à Dubai

Par RUGEMINTWAZA Erasme

Le président Paul Kagame vient de déclarer que « Quelque chose est en train de se faire », sur le dossier de Rusesabagina et qu’il y a un possible « compromis » pour sa libération!

Le problème de Paul Rusesabagina est à l’étude pour y mettre fin, comme l’a déclaré le président Paul Kagame.

Au mois de Mars 2021, la justice rwandaise a condamné Rusesabagina à 25 ans de prison pour terrorisme. Ce fut un jugement de longue haleine, jonché de tant d’embûches et d’errements aussi. La position de l’homme de Kigali était intransigente: pas question de négociation sur l’affaire Rusesabagina! Ses maîtres, Washington et Londres, s’étonnent proposent de voies de sortie mais Kagame avec arrogance, dispose. Il en arrive à appeller la communauté internationale une clique d' »insensés ».

Mais à l’étonnement de tout, et c’est cela le propre et le pire de la politique pure, ce lundi 13 mars 2023, Paul Kagame a semblé suggérer, lors d’une interview au Forum sur la sécurité mondiale, qu’il y a place pour un compromis.

Le président Paul Kagame a déclaré que, « quelque chose est en train d’être fait » pour mettre fin à l’affaire de cet homme politique emprisonné depuis 2020.

On ne sait pas ce que le président Paul Kagame voulait dire quant à la fin de l’affaire.

Soulignons que la famille de Rusesabagina n’a eu de répit de demander sa libération, affirmant qu’il est emprisonné pour des raisons politiques et qu’il a été jugé dans un procès truqué et tronqué. Le Rwanda a toujours démenti tout, en affirmant que le procès de Rusesabagina a été transparent. Mais Washington a toujours désigné Rusesabagina comme « détenu à tort », en partie à cause de ce qu’il a appelé le manque de garanties d’un procès équitable.

Rappelons qu’en août 2022, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il avait fait part de ses inquiétudes à Kagame au sujet du procès. Le Rwanda a déclaré que le procès était légal.

Maintenant le président Paul Kagame  parle de possibles voies de compromis pour mettre fin à l’affaire. Parle-t-il  de libération de Rusesabagina quelques mois seulement après avoir fermement condamné et déclaré que son pays ne sera jamais victime d’intimidation ou harcèlement des autorités américaines et d’autres organisations internationales  des droits de l’homme?

Le 15 décembre 2022, Paul Kagame déclara avec une pugnacité véhémente:

_ »Peut-être devriez-vous attaquer et prendre le contrôle du pays… pour que Rusesabagina puisse être libéré »._ 

Une position et déclaration trop extrêmes auxquelles va s’ajouter le soutien avéré de Kigali au M23 qui écume les villages entiers du Nord-Kivu. L’affaire de Rusesabagina reste une épine dans la boue! Mais il devient vite en même temps une échappatoire pour détendre une situation qui risque de faire bousculer Kigali dans l’isolement. Ainsi Paul Kagame fait le « re-recadrage », de sa position.

Kagame dit,  « Je peux seulement dire que quelque chose est en train d’être fait. Nous ne sommes pas le genre de personnes qui veulent s’en tenir à une seule idée sans prendre de mesures pour une raison quelconque. Comme vous le savez, dans notre histoire, quand nous avons voulu faire un pas en avant, nous sommes même arrivés au point de pardonner aux gens qui ont commis des crimes impardonnables, entre autres ceux qui ont participé au Génocide, etc. »

« Nous ne sommes donc pas esclaves de l’histoire. Il y a donc une discussion, on examine toutes les voies possibles de résoudre ce problème sans compromettre aux aspects les plus fondamentaux de cette affaire. Et j’espère que dans tous les cas une voie sera trouvée », dit Kagame.

Nous rappelons tout simplement que Rusesabagina, 68 ans, est un Rwandais de nationalité belge, avec le droit de résidence permanente aux États-Unis. Sa famille dit qu’il s’est retrouvé au Rwanda sans le savoir.

Diverses organisations internationales disent qu’il a été « kidnappé » et emmené force de son domicile de Texas au Rwanda.

Le président Kagame a expliqué que Rusesabagina avait été arrêté en sachant qu’il se rendait au Burundi, alors que le Rwanda le pourchassait pour crimes terroristes.

Rusesabagina, est devenu célèbre pour le film « Hôtel Rwanda ». Ce film joué en 2004, montre Rusesabagina faire feu de tout bois pour protéger 1200 personnes qui ont cherché refuge à l’Hôtel des Milles Collines, qu’il dirigeait,  en pleine tempête des massacres reconnus par la Communauté internationale sous le nom de génocide rwandais. Ledit film l’a rendu célèbre, jusqu’à recevoir, en 2005, des mains du Président Georges W. Bush la prestigieuse médaille de reconnaissance de lutte pour paix. Depuis lors, Rusesabagina  s’est dédié aux activités pour la paix. Mais de l’autre côté, il a commencé à critiquer le régime du président Paul  Kagame et a rejoint divers groupements politiques des rwandais qui ne ménagent pas le régime de Kigali. C’est ainsi qu’il est devenu l’ennemi juré de Kagame, et une bête  noire qui doit être chassée et abattue jusqu’à ce que Kigali utilise toutes les manœuvres pour l’emmener dans le piège.

Les groupes de défense des droits affirment que l’emprisonnement de Rusesabagina est un exemple probant que Kagame utilise des tactiques autoritaires pour écraser l’opposition politique et prolonger son emprise de plus de deux décennies de pouvoir; des allégations que le Kagame nie.

A l’heure qu’il est tout monde se demande alors comment Paul Kagame, qui avait dit avec une véhémence arrogante que la libération de Paul Rusesabagina ne serait possible que s’il y avait une invasion contre son pays, commence à dire qu’il est possible de le libérer. Pourquoi cette vertigineuse volte-face?  N’y aurait-il pas une terrible attaque secrète, qui fait peur à l’intrépide  Paul Kagame? Nous sommes là pour vous tenir informés!