Suspension de l’Aide Militaire des États-Unis au Rwanda: Implications et Appels à des Sanctions Plus Fortes

Ce vendredi 23 février 2024, une rencontre importante s’est tenue à Goma, entre l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, Lacy Tamlyn, et le gouverneur militaire du Nord-Kivu. Au cœur des discussions, la suspension du partenariat militaire entre les États-Unis et le Rwanda a été rappelée, une décision prise en réponse à l’implication présumée du Rwanda dans le conflit armé en République Démocratique du Congo (RDC).

Lacy Tamlyn a fermement souligné que les États-Unis avaient cessé toute assistance militaire au Rwanda, mettant un terme à la fourniture d’armes et d’équipements à l’armée rwandaise. Cette suspension, bien que certains médias congolais l’aient présentée comme récente, remonte en fait à octobre 2023. Elle résulte de l’accusation portée contre le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 en RDC, notamment par la facilitation du recrutement d’enfants soldats, conduisant à l’inscription du Rwanda sur la liste noire des pays violant l’Acte de Prévention de l’Utilisation d’Enfants Soldats (CSPA) de 2008.

La décision des États-Unis fait suite aux accusations selon lesquelles les forces du président rwandais Paul Kagame auraient soutenu le Mouvement du 23 Mars (M23), impliqué dans le recrutement ou l’utilisation d’enfants soldats dans le conflit à l’est de la RDC. L’administration Biden, en réaction, a suspendu l’assistance militaire à Kigali, tout en donnant au secrétaire d’État Antony Blinken l’autorité de lever cette suspension si le Rwanda prenait des mesures pour cesser son soutien au M23.

Malgré cette suspension, des experts soulignent que l’aide militaire américaine au Rwanda n’était pas d’une ampleur telle qu’elle pourrait être considérée comme dissuasive. Le Rwanda, dépendant de l’aide extérieure jusqu’à 37% de son budget annuel, pourrait être plus affecté par une suspension de l’aide directe au budget ou par un embargo des Nations Unies sur l’achat d’armes.

Dans ce contexte, le Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi, a exprimé lors d’une réunion avec la sous-secrétaire d’État aux affaires africaines des États-Unis, la nécessité d’adopter des sanctions américaines plus dissuasives contre le Rwanda. Il a souligné que malgré les diverses initiatives internationales pour la paix, le Rwanda reste un obstacle majeur au retour de la paix dans le Nord-Kivu, en raison de ses ambitions expansionnistes.

Tshisekedi a également exhorté l’Union africaine à mettre en œuvre de manière effective le plan de paix issu des processus de Nairobi et de Luanda, considéré comme la seule voie viable pour résoudre la crise actuelle. La situation sécuritaire dans l’est de la RDC reste précaire, et la communauté internationale est appelée à jouer un rôle plus actif pour faciliter le retour de la paix et de la stabilité dans la région.