Khartoum accuse Israël d'avoir bombardé une usine militaire

Le Soudan a accusé mercredi Israël d’avoir bombardé une usine militaire à Khartoum, faisant deux morts, 18 mois après déjà mis en cause l’Etat hébreu dans un raid à Port-Soudan.

« Nous pensons qu’Israël a mené le bombardement », a déclaré le ministre de l’Information Ahmed Bilal Osman, au cours d’une conférence de presse. « Nous nous réservons le droit de riposter en lieu et date de notre choix ».

Une série d’explosions, suivies d’un incendie, s’est produite dans la nuit de mardi à mercredi à l’usine militaire de Yarmouk dans le sud de la capitale soudanaise.

Selon le ministre de l’Information, quatre avions étaient impliqués dans l’attaque, menée vers minuit (21H00 GMT) contre l’usine.

Des preuves pointant vers Israël ont été découvertes parmi les restes des explosifs, a-t-il assuré, ajoutant que le gouvernement se réunirait d’urgence dans la soirée.

Le ministre Osmane a expliqué que l’usine fabrique des « armes traditionnelles » et que « l’attaque a détruit une partie de l’infrastructure du complexe, tué deux personnes à l’intérieur et grièvement blessé une troisième ».

En Israël, le ministère des Affaires étrangères et l’armée se sont refusé à tout commentaire.

En avril 2011, le Soudan avait déjà accusé l’Etat hébreu d’être derrière un mystérieux raid aérien contre un véhicule qui avait fait deux morts à Port-Soudan. Israël n’avait fait aucun commentaire.

Un raid similaire avait été mené par des appareils étrangers sur un convoi d’armes dans l’est du Soudan en janvier 2009.

Des habitants du secteur ont indiqué à l’AFP qu’un avion ou un missile avait survolé l’usine de Yarmouk dans la nuit peu avant l’explosion, suivie d’un incendie.

Un correspondant de l’AFP a vu, d’une distance de plusieurs kilomètres, deux ou trois incendies sur une large superficie dégageant une fumée épaisse, ainsi que des éclats de lumière blanche par intermittence au-dessus de l’usine Yarmouk, propriété de l’Etat.

Inhalations toxiques

« J’ai entendu un bruit comme un avion, mais je n’ai vu aucune lumière d’avion. Ensuite j’ai entendu deux explosions, et le feu s’est déclaré dans le complexe », a raconté un habitant se présentant sous le nom de Faize.

Une habitante a également fait état de deux explosions.

« J’ai vu un avion arriver de l’est et j’ai entendu deux explosions rapprochées », a-t-elle expliqué sans vouloir être identifiée. « J’ai ensuite vu du feu et la maison de notre voisin a été touchée par des éclats. Les fenêtres de ma propre maison ont vibré après la seconde explosion ».

Abdul Rahman Al-Khider Rahman, le gouverneur de l’Etat de Khartoum, avait fait état dans la nuit de personnes hospitalisées à cause des inhalations toxiques, sans préciser leur nombre.

Selon le porte-parole de l’armée, Sawarmi Khaled Saad, l’incendie s’est déclaré dans un bâtiment de munitions de l’usine, se propageant dans une région boisée.

En 1998, Human Rights Watch avait indiqué qu’une coalition de groupes d’opposition avaient accusé Khartoum d’entreposer des armes chimiques pour l’Irak dans l’usine de Yarmouk, mais le Soudan avait catégoriquement démenti.

En août de la même année, les Etats-Unis avaient attaqué à l’aide de missiles l’usine pharmaceutique Al-Shifa dans le nord de Khartoum, qui selon Washington était lié à la production d’armes chimiques. Mais les allégations américaines n’ont jamais été prouvées.

Il n’a pas été possible de constater de près l’ampleur des dégâts mercredi, l’usine de Yarmouk étant entourée de barbelés et se trouvant à 2 km de la route.

Mais au moins trois maisons du voisinage ont été touchées, des trous d’une vingtaine de centimètres de diamètre étant visibles sur les murs, selon un journaliste de l’AFP.

Un entrepôt de Coca-Cola à proximité a également été légèrement endommagé.

Le feu a été maîtrisé vers 03H30 GMT, plus de trois heures après qu’il se soit déclaré, selon le reporter de l’AFP.

AFP