La semaine dernière Jean Pierre Mironko fils du riche industriel rwandais Mironko Francois Xavier a été arrêté. Les usines familiales auraient volé de l’électricité depuis de nombreuses années. Mironko s’ajoute à la longue liste d’entrepreneurs et industriels rwandais dont Assinapol Rwigara, Vénuste Rwabukamba, Tribert Rujugiro …. Et plus récemment Gérard Gerard Urayeneza arreté le 15 juin 2020 qui ont été harcelés et parfois assassinés par le pouvoir du Front Patriotique Rwandais pour le seul motif les dépouiller de leurs biens. Suite à l’arrestation de son fils, Mironko a accordé une interview à l’antenne locale en Kinyarwanda de la Voix d’Amérique (VOA) dans laquelle il raconte la pression qu’il subit depuis de nombreuses années. Ci-dessous une synthèse de son interview telle que publiée par The Chronicles.rw.
« Le premier industriel rwandais Mironko en a eu assez, il révèle les « injustices » qu’il subit »
A en juger par son explosion publique inhabituelle, l’industriel Mironko Francois Xavier en a marre. Il affirme avoir été victime d’un complot impliquant des agences gouvernementales pour démanteler ses entreprises.
Mironko est d’abord un personnage très connu au Rwanda. Il est propriétaire de Mironko Plastics Industries, fabricant de la plupart des matières plastiques utilisées au Rwanda et ailleurs. Il est le premier Rwandais à avoir ouvert une usine de fabrication il y a plusieurs décennies.
Mais depuis le début des années 2000, ses ennuis n’ont pas cessé. La même usine de plastique a été fermée pendant un mois en juin 2009, les autorités de Kigali ayant déclaré qu’elle n’avait pas été rénovée.
La semaine dernière, le fournisseur d’électricité REG a annoncé sur Twitter qu’il avait découvert que l’usine Mironko à Kigali volait de l’électricité. Le fournisseur d’électricité a publié des photos des connexions électriques de l’usine, où le vol d’électricité aurait été commis.
Mironko Jean Pierre, fils de l’industriel, et gérant du fonctionnement opérationnel des usines de plastique, a été arrêté. Des rapports ultérieurs ont indiqué que son dossier avait été soumis à l’accusation et qu’il était en attente de jugement.
Le père, généralement un homme d’affaires en retrait, a choisi de rendre public ce qu’il appelle un « complot de longue date » (akagambane kamaze igihe) pour le détruire. La décision de choisir un média étranger est peut-être une preuve suffisante qu’il appelle à l’aide de l’extérieur, convaincu que ce n’était pas possible de l’intérieur.
Il a raconté son calvaire à la station locale en kinyarwanda de la Voix de l’Amérique (VOA). Il a révélé que l’usine où REG prétend que l’électricité est volée, avait en fait été fermée il y a longtemps déjà par les autorités.
« Comment l’usine peut-elle voler de l’électricité alors qu’elle était fermée« , a-t-il dit.
Qualifiant le REG de « terroristes », Mironko dit qu’après l’arrestation de son fils, la compagnie d’électricité lui a dit qu’il devait payer une amende de 10 millions de Rwf et que le fils serait immédiatement libéré.
Il a dit : « Je me suis précipité immédiatement et j’ai payé l’argent. Mes reçus ont été tamponnés par le REG. Mais ensuite, on m’a dit que le dossier de mon fils avait été envoyé au parquet. Vous pouvez voir qu’il ne s’agit pas de l’électricité volée, c’est un complot de longue date ».
« Mon nom, que j’ai travaillé très dur à bâtir, s’est transformé en un Jouet. Je reçois des appels téléphoniques de toutes sortes de personnes, qui m’intimident. »
En détention, mon fils est tourmenté et l’on lui dit « on va te montrer ». Ils nous harcèlent depuis longtemps. Il existe un proverbe kinyarwanda : ukubita umugabo kera ukamumara ubwoba (en terrorisant un homme on finit par lui enlever sa peur) ».
« Même si je suis vieux, je n’accepterai pas cette injustice. Il y a des lois. J’ai travaillé pour ce pays, et je continuerai. Ce que je vis est un manque total de respect. »
Quant aux allégations de la compagnie d’électricité REG selon lesquelles les usines Mironko à Kigali volaient de l’électricité, le vieux Mironko a déclaré que quelques jours avant l’arrestation de son fils, des gens sont venus à plusieurs reprises entrer et prendre des photos sans la présence des propriétaires.
« C’est comme si REG avait pris le contrôle de mon usine. Imaginez ce niveau d’injustice. En fait, c’est au-delà de l’injustice, ils me traitent avec mépris. »
A cet article du The Chronicles.rw, on peut ajouter qu’au-delà du risque réel de tout perdre, investir au Rwanda est aussi soutenir une dictature sanguinaire. En effet ce pouvoir fonctionne avec de nombreux « dons » ou « cotisations » imposés, qui sont en réalité des Bakchich qu’il faut verser au Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame au pouvoir depuis 26 ans pour pouvoir mener une affaire au Rwanda.
Alice Mutikeys
Source: Les Mutikeys