Le Rwanda choisit la carte du génocide après avoir été exposé par Forbidden Stories

Vincent Biruta

Le 28 mai 2024, un consortium de 17 médias d’investigation en collaboration avec Forbidden Stories, un réseau international de journalistes, a commencé la publication d’une série d’enquêtes intitulée Rwanda Classified. Ces enquêtes, menées par 50 journalistes dont Samuel Baker Byansi, un journaliste rwandais exilé, ont scruté de près le régime autoritaire du Président Paul Kagame. Ce projet fait suite aux investigations du journaliste rwandais John Williams Ntwali, décédé en 2023 dans des circonstances suspectes, laissant planer des doutes sur un possible assassinat.

Plutôt que de répondre aux accusations ou de commenter la mort de John Williams Ntwali, le gouvernement rwandais a choisi de jouer la carte du génocide. Le Ministre des Affaires étrangères, Dr Vincent Biruta, a dénoncé ces enquêtes comme une campagne de diffamation orchestrée pour déstabiliser le Rwanda.

Le Dr Biruta a déclaré : « Lorsqu’on voit plus de 30 journalistes de plus de 10 pays se réunir pour publier des histoires extraordinaires sur le Rwanda, c’est un complot pour déstabiliser notre pays. » Il a également attribué cette campagne à la culpabilité ressentie par certains pays étrangers pour leur rôle durant le génocide des Tutsis.

« Ces journalistes sont souvent utilisés par leurs gouvernements pour servir des intérêts particuliers. Beaucoup prétendent être indépendants, mais nous savons qu’ils sont manipulés par des États », a-t-il ajouté.

Le Dr Biruta a souligné que cette campagne intervient à un moment stratégique, alors que le Rwanda commémore le 30e anniversaire du génocide et se prépare pour les élections. « C’est une manœuvre délibérée, soigneusement planifiée », a-t-il affirmé. Il a aussi accusé ces journalistes de tenter de ternir l’image d’un Rwanda indépendant et prospère, ce qui pourrait servir d’exemple désagréable pour d’autres pays africains.

Le discours du Dr Biruta a été prononcé lors d’une cérémonie organisée par le Ministère des Affaires étrangères et le Bureau du porte-parole du gouvernement pour commémorer les victimes du génocide. Il a conclu en rappelant que l’indépendance et le progrès du Rwanda restent une source d’irritation pour certains pays qui ne peuvent accepter les succès d’une petite nation africaine.