François Soudan est le directeur de rédaction de l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique ». Depuis des décennies, il s’est rendu célèbre par sa facilité à avoir ses entrées dans les palais des dictateurs africains pour vendre leurs images à l’opinion en les encensant jusqu’à leurs chutes pourvu qu’ils aient signé avec lui des « contrats de communication » juteux.
En ce qui concerne le Rwanda, François Soudan a tout de suite perçu que le régime qui venait de s’installer à Kigali en 1994 après une guerre de conquête initiée en octobre1994 aurait de la peine à se légitimer dans l’opinion surtout occidentale, et s’est donc improvisé comme porte-parole en France et surtout en Afrique francophone où l’hebdomadaire Jeune Afrique est l’une des grandes références, de la dictature qui venait de s’installer au Rwanda. L’hebdomadaire « Jeune Afrique » avec le journaliste François Soudan devinrent donc, au terme des contrats de communication, partie prenante du régime dictatorial de Paul Kagamé.
Un contrat de communication difficilement exécutable
Depuis que Paul Kagame, à la tête des éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda, a conquis le Rwanda en 1994, il a innové en matière d’exercice d’un pouvoir absolu et arbitraire. Sous divers prétextes et en usant de multiples astuces, il s’est offert une des longues périodes de transition politiques du monde : neuf longues années pendant lesquelles le pays fut gouverné comme une résidence dans laquelle une clique de bandits se seraient repliés après avoir chassé ou soumis ses occupants et se partageraient le butin.
Finalement, en 2003, pour présenter une image d’un dirigeant enfin civilisé et faire oublier l’image de l’ancien garçon de rue de Kampala qui lui collait à la peau, Paul Kagame fit adopter un Constitution taillée sur mesure. Il a pris soin d’inscrire un mandat anormalement long de sept ans et renouvelable une seule fois étant convaincu qu’après quatorze ans à ajouter aux neuf années déjà consommées, lui et sa clique se seront suffisamment remplis les poches et auront assuré leurs arrières de façon à ce qu’il puisse céder la place à d’autres sans risque.
Seulement voilà : les quatorze ans seront écoulés en 2017 et le dictateur constate que 23 ans à la tête d’un pays conquis ne suffisent pas, mais surtout la clique autour de lui en veut encore. La décision est alors prise : il faut amender la Constitution avant l’échéance de 2017 en supprimant l’article limitant le nombre de mandats présidentiels. Mais pour cela, il faut préparer l’opinion surtout internationale car la population rwandaise, quant à elle, n’aura qu’à suivre moutonnement les directives du parti au pouvoir, à savoir l’ancienne rébellion tutsi du FPR.
C’est ici où la tâche des « conseillers en communication » et des consultants du dictateur comme François Soudan se révèle ardue. Comment, en effet, faire la promotion d’un président qui veut modifier la Constitution de son pays pour qu’il devienne président à vie, au moment où on dénonce ceux qui tentent de briguer un troisième mandat de seulement cinq ans? Comment concilier la hargne que Jeune Afrique a mis pour décrier Blaise Compaoré du Burkina Faso et à soutenir ses opposants jusqu’à le faire fuir du pays, au fait que la même Jeune Afrique doit maintenant acclamer Paul Kagame et l’inviter même à amender sa Constitution afin qu’il reste au pouvoir jusqu’à sa mort? Mais François Soudan ne s’offusque guère de ces considérations, tant son mépris envers les Africains en général et le peuple rwandais en particulier l’a aveuglé.
Mépris de François Soudan envers le peuple rwandais
Dans un éditorial de Jeune Afrique datée du 01 juin 2015 et signé François Soudan, ce journaliste croit, mordicus, que le Rwandais moyen ne peut pas discerner les mises en scène du pouvoir de la volonté populaire. Ainsi, il ose parler de plus de deux millions de pétitions envoyées au Parlement pour réclamer l’amendement de la Constitution afin de permettre à Kagamé de rester président après 2017, en omettant de dire que les agents administratifs aux plus bas échelons sont sommés de parcourir des collines avec des formulaires à remplir et à les faire signer par des paysans pour la plupart analphabètes.
Il aurait été journaliste et non agent rémunéré par le régime dictatorial si au moins il aurait relevé ce fait et rapporter ce qu’en disent d’autres médias plus libres.
Mépris de François Soudan envers les peuples africains
Dans le même éditorial, François Soudan a le « culot » de dire que certains peuples des pays africains souhaiteraient avoir à la tête de leurs pays un dictateur sanguinaire de la trempe de Paul Kagame ! Les Gabonais et les Togolais apprécieront comment ils sont perçus de Paris par le leader d’opinion de l’Afrique francophone qu’est devenu François Soudan. Sur ce point, il dépasse en imagination le rwando-canadien François Bugingo qui défraie actuellement la chronique au Canada pour ces reportages bidonnés et ses analyses télécommandées.
En conclusion, nous sommes d’avis qu’avec l’argent, tout est permis surtout en matière de communication. Mais aller jusqu’à mépriser des peuples entiers en les prenant pour des idiots comme le fait François Soudan par le seul souci de remplir sa part du contrat de communication passé avec un dictateur comme Paul Kagame, cela dépasse l’entendement. Les vrais patriotes africains qui se sentent blessés dans leur honneur par des gens comme François Soudan devraient se lever et réagir.
Emmanuel Neretse
01/06/2015
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Source:Echo d’Afrique