PROBLEMES DES REFUGIES RWANDAIS VIVANT EN REPUBLIQUE DU CONGO

Dr Eric Ndayishimye, Patrick Mataboro et Basile trois réfugies rwandais à Brazzaville, le 27 avril 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

COMMUNIQUE DE PRESSE No: 004/CSPR /0118

Le Comité de Suivi de la Problématique des Réfugiés Rwandais (CSPR) voudrait porter à la connaissance du public que c’est avec beaucoup de stupéfaction et consternation qu’il a appris la position du gouvernement de la République du Congo relative à la mise en œuvre de la clause de cessation du statut des refugies rwandais de 1959 à décembre 1998, telle que énoncé dans la « DECLARATION DU GOUVERNEMENT RELATIVE A LA CESSATION, AU 31 DECEMBRE 2017, DU STATUT DE REFUGIE DES RESSORTITSSANTS RWANDAIS VIVANT EN REPUBLIQUE DU CONGO », issue par le bureau du Premier Ministre en date du 10 Janvier 2018.

1. Le CSPR tient à remercier très sincèrement le gouvernement et le peuple congolais pour l’hospitalité qu’ils ont accordée aux réfugiés rwandais vivant au Congo. Non seulement cette hospitalité leur a donné encore le goût de vivre après leur calvaire dans les forêts inhospitalières de la RDC et ailleurs, mais aussi ils vivent en harmonie avec les populations locales et ont d’une façon ou d’une autre contribue à la transformation de l’économie nationale.

2. A son humble avis, le CSPR estime que le contenu du paragraphe 5 de la déclaration ci-haut citée qui stipule que « … les personnes n’ayant pas bénéficié de l’exemption se trouvent désormais en séjour irrégulier sur le territoire congolais. Leur situation relève à présent des dispositions de la loi en matière d’entrée, de séjour et de sortie des étrangers » est contraire à l’esprit et la lettre de la Stratégie de Solutions Globales considérées comme durables qui comporte 4 volets : i) le rapatriement volontaire, ii) l’intégration locale (acquisition de la nationalité ou de la résidence permanente), iii) l’exemption (garder le statut de réfugié), et accessoirement iv) une solution durable par excellence que l’on passe souvent sous silence, à savoir : la réinstallation dans des pays tiers, généralement d’Europe, Amérique du Nord et Australie.

3. Il n’a jamais été question de mettre les refugies dans une position de vulnérabilité ou de précarité tel qu’il ressort du paragraphe 5 de la déclaration. C’est-à-dire: mettre les réfugiés dans une situation d’irréguliers ou d’apatrides avec le risque de voir certains tenter de se volatiliser dans la nature.

4. Le CSPR souligne que la peur des refugies de retourner dans leur pays est réelle et fondée : ils ont une âme, une conscience, un esprit de discernement, une tête pensante, un jugement de valeur, des blessures encore fraiches liées à leur vécu et suivent au jour le jour ce qui se passe dans leur pays.

5. Le CSPR voudrait exprimer haut et fort que ce dont les réfugiés ont besoin, c’est plus la protection que l’assistance financière du HCR ou de qui que ce soit. Partout dans les pays d’accueil ils ont prouvé que le rwandais est laborieux, capable de subvenir à ses besoins moyennant un minimum de sécurité.

6. Le CSPR trouve qu’il serait regrettable qu’un pays frère africain comme le Congo, après avoir posé tant de gestes combien louables en faveur des refugies pendant plus d’une vingtaine d’années pour alléger les problèmes auxquels ils faisaient face, se rende coupable de semer le chaos et le désarroi.

7. En plus des observations formulées ci-dessus, le CSPR constate avec regret que jusqu’à date le Congo est le seul pays abritant des refugies rwandais, à avoir initié une démarche extrêmement risquée non seulement pour ces réfugiés mais aussi pour la paix et la sécurité des pays de la région.

8. En conséquence, le CSPR lance un appel fraternel au gouvernement congolais pour qu’il fasse un pas en arrière, revisite ses valeurs profondes d’hospitalité et humanisme légendaires, prenne ses responsabilités historiques, et : i) revoie sa position et évite de mettre les anciens réfugiés dans une situation d’irréguliers ou apatrides ; ii) emboite le pas d’autres pays frères africains abritant des réfugiés rwandais, qui ont trouvé des solutions satisfaisantes a la veille de la date butoir du 31 décembre 2017 ; iii) poursuive la recherche d’autres solutions plus durables et acceptables, avec le concours de tous les acteurs concernés, y compris les représentants authentiques des réfugiés.

9. Le monde vous sera indéfiniment reconnaissant.

Manchester New Hampshire, United States, le 20 Janvier 2018

Pascal Kalinganire
Coordinateur