Rwanda Exprime Ses Préoccupations Concernant le Déploiement de la SAMIDRC à l’Est de la RDC

Vincent Biruta

Le 3 mars 2024, depuis Kigali, le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale de la République du Rwanda a adressé une lettre à Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine à Addis Abeba, exprimant sa préoccupation quant à la réunion virtuelle prévue le 4 mars 2024 par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. Cette réunion a pour objet de considérer la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo et le déploiement de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC).

Le gouvernement rwandais a souligné son inquiétude concernant l’objectif de cette réunion qui est d’endosser le déploiement de la SAMIDRC et d’évaluer le soutien possible que l’Union Africaine et d’autres partenaires stratégiques pourraient apporter à cette mission. Le Rwanda, non invité à participer à cette réunion, a demandé que plusieurs points soient transmis lors de la session.

Le Rwanda fait référence à la déclaration du 21 février 2024 par le Président de la Commission de l’Union Africaine et à une lettre datée du 12 février 2024 adressée au Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies, appelant l’Union Africaine à considérer la menace que représente le déploiement de la SAMIDRC pour le Rwanda et la région. La SAMIDRC, combattant aux côtés d’une coalition dirigée par les FARDC incluant les forces  du FDLR, des groupes armés locaux à motivation ethnique alliés au FDLR sous l’égide de Wazalendo, ainsi que des forces armées burundaises dans le cadre d’un arrangement bilatéral, et même des mercenaires européens et des sociétés militaires privées, pose un risque significatif.

Le gouvernement rwandais insiste sur le fait que la SAMIDRC, en tant que force offensive en coalition avec ces éléments, ne peut remplacer un processus politique actuellement bloqué par le gouvernement de la RDC. Ainsi, il exhorte l’Union Africaine à ne pas « autoriser » ni financer la SAMIDRC.

Le Rwanda rappelle que la crise actuelle dans l’Est de la RDC remonte à 30 ans, lorsque en juillet 1994, le gouvernement et les forces rwandais défaits ont fui vers le Zaïre de l’époque. Plutôt que de désarmer ces forces, le gouvernement zaïrois, soutenu par des acteurs étrangers, a facilité leur réorganisation, menant à la formation du FDLR, une menace permanente pour le Rwanda.

Le gouvernement rwandais met également en lumière les déclarations publiques des présidents de la RDC et du Burundi exprimant leur intention de soutenir un changement de régime au Rwanda. Face à ces menaces et à la collaboration de la RDC et du Burundi avec le FDLR et son groupe dissident, le CNRD/FLN, le Rwanda souligne le risque d’une escalade du conflit dans l’Est de la RDC et de tensions accrues dans la région.

Le Rwanda encourage vivement les membres du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) à effectuer une visite sur le terrain dans la région des Grands Lacs pour constater la réalité du conflit et comprendre les enjeux en profondeur. Le gouvernement rwandais réitère sa volonté de soutenir une résolution pacifique du conflit dans l’Est de la RDC et appelle l’Union Africaine à encourager la RDC à rechercher une solution pacifique dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda.