Canada : Un espion rwandais démasqué au sein de la Gendarmerie Royale

Le 10 février 2024, l’équipe intégrée de la police fédérale chargée de l’application de la loi nationale sur la sécurité (INSET) de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a arrêté un agent de police de première ligne de l’Alberta, le gendarme Eli Ndatuje, pour avoir accédé à des systèmes d’enregistrement de la GRC qui ne sont pas classifiés Top Secret dans le but d’aider un acteur étranger. Cette arrestation soulève des questions sérieuses sur la sécurité nationale et l’ingérence étrangère, particulièrement en lien avec le gouvernement rwandais.

Selon la GRC, Ndatuje est accusé d’avoir transmis des informations protégées du Système d’information de la police canadienne (CPIC) à une entité étrangère, en l’occurrence la République du Rwanda. Les charges retenues contre lui comprennent la violation de la confiance publique, l’utilisation non autorisée d’un ordinateur et la violation de la confiance en ce qui concerne les informations protégées, selon les articles 122 et 342.1(1)(a) du Code criminel du Canada, ainsi que l’article 18(1) de la Loi sur la sécurité de l’information.

La révélation de cet incident a incité la GRC à mettre en œuvre des mesures pour surveiller, atténuer et gérer toute divulgation non autorisée ultérieure, soulignant ainsi l’importance de la sécurité publique. La GRC a affirmé son engagement à combattre l’ingérence des acteurs étrangers à tous les niveaux, utilisant tous les outils à sa disposition pour poursuivre toute forme d’ingérence, qu’elle soit interne ou externe.

L’affaire Ndatuje n’est pas isolée; elle s’inscrit dans un contexte plus large d’activités d’espionnage rwandaises au Canada. En 2019, un rapport a mis en lumière le cas d’une Rwandaise, désignée ici sous le nom de Nadège pour des raisons de sécurité, qui a admis avoir espionné au Québec pour le compte du gouvernement rwandais. Cela a révélé une stratégie délibérée du Rwanda pour étendre ses opérations de renseignement à l’international, ciblant sa propre diaspora.

La comparaison de ces deux affaires, bien qu’elles soient séparées par des années et diffèrent grandement dans leur nature et leur portée, met en évidence le défi persistant auquel sont confrontées les nations du monde entier : la menace de l’espionnage par des États étrangers, y compris ceux qui ne sont pas traditionnellement perçus comme des acteurs majeurs de l’espionnage mondial, comme le Rwanda.

La première comparution de Ndatuje est prévue le 11 mars 2024 au tribunal provincial de Calgary. Cette enquête criminelle en cours est maintenant devant les tribunaux, et la GRC a indiqué qu’elle ne ferait aucun autre commentaire pour le moment. L’incident souligne l’importance de la vigilance et de la réactivité face aux menaces à la sécurité nationale et rappelle aux organisations de tous niveaux la nécessité d’être conscientes du potentiel de préjudice lié à l’ingérence étrangère.

Pour ceux qui soupçonnent des activités d’ingérence étrangère, la GRC encourage à signaler ces cas à son Réseau national d’informations sur la sécurité par téléphone ou par courriel, service disponible dans les deux langues officielles du Canada. En cas de danger immédiat, il est conseillé d’appeler le 9-1-1 ou de contacter la police locale.

Cet incident avec le gendarme Eli Ndatuje met en lumière la complexité et la gravité de l’espionnage international, démontrant que la vigilance et la coopération sont essentielles pour protéger la sécurité nationale et la confidentialité des informations dans un monde de plus en plus interconnecté.

Eli Bagirishya Ndatuje Rugege, est né et élevé en Ouganda, a déménagé au Canada à l’âge de 14 ans et y a depuis fait sa vie. Il est ancien officier de communication pour l’Association Canadienne des Jeunes Rwandais (ACJR) Ottawa. Eli est également diplômé de l’Université Carleton, avec une spécialisation en études juridiques et en psychologie.