Kinshasa Exige des Explications à Apple sur l’Achat de « Minerais de Sang » au Rwanda

La République Démocratique du Congo (RDC), par l’intermédiaire de ses avocats à Paris, Londres et Washington, a formellement mis en demeure Apple, l’accusant d’acquérir des « minerais de sang » du Rwanda, pays voisin qu’elle accuse de se procurer ces minéraux illégalement depuis l’est du Congo.

Dans une déclaration, le gouvernement de Kinshasa affirme qu’Apple utilise dans ses produits des minéraux précieux tels que l’étain, le tantale et le tungstène, communément désignés sous l’acronyme 3T, « principalement achetés au Rwanda ». Selon Kinshasa, ces minerais ne sont pas extraits au Rwanda, suggérant ainsi une origine illégale depuis le territoire congolais.

La RDC dénonce cette pratique non seulement comme illégale, mais aussi comme un soutien financier aux groupes armés qui aggraverait la violence, augmentant ainsi les souffrances humaines et les dommages environnementaux sur son sol. En réponse, le Rwanda a plusieurs fois nié toute implication dans le commerce illégal de minerais provenant de la RDC, affirmant extraire entre 8 000 et 9 000 tonnes de divers minerais précieux annuellement, et transformer environ 9% du tantale mondial utilisé dans les appareils électroniques.

L’International Trade Administration des États-Unis classe le Rwanda parmi les principaux transformateurs mondiaux de tin, tantale et tungstène. L’année dernière, selon l’Ecofin Agency, le Rwanda a même dépassé la RDC dans l’exportation de coltan, un minerai précieux.

Le gouvernement de Kinshasa, en collaboration avec des experts d’un groupe international de justice, a publié un rapport intitulé « Minerais de sang – Le blanchissement des 3T de la RDC par le Rwanda et des entités privées ». Ce rapport sert de base aux revendications de Kinshasa, qui exige de Apple des explications dans un délai de trois semaines. À défaut de réponses satisfaisantes, les avocats mandatés par Kinshasa menacent de prendre des mesures légales appropriées, potentiellement en Europe.

Apple, une entreprise globale valorisée à 2,6 trillions de dollars et reconnue principalement pour ses iPhones, iPads et ordinateurs Macintosh, pourrait faire face à d’importantes demandes de dédommagement si poursuivie par le gouvernement de Kinshasa.

Cette situation n’est pas une première pour les géants de la technologie, y compris Apple, souvent mis en cause pour des pratiques similaires. En 2019, l’organisation International Rights Advocates avait porté plainte contre Apple, Microsoft, Tesla, Dell Technologies, et Alphabet pour l’utilisation présumée de cobalt extrait par des enfants en RDC. Bien que cette plainte ait été rejetée le mois dernier par une cour d’appel américaine, les allégations persistent, illustrant un conflit de longue date où la RDC accuse le Rwanda de déstabiliser sa sécurité pour exploiter ses ressources naturelles, ce que Kigali a toujours fermement réfuté.