La Quête d’Ingabire pour la Réhabilitation Politique: Un Parcours Semé d’Embûches au Rwanda

Au cœur de Kigali, la capitale rwandaise, le débat sur la liberté d’expression et le droit à la participation politique se trouve une fois de plus sous les projecteurs. Ce mercredi, la Haute Cour de Kigali a rendu un verdict qui soulève des questions fondamentales sur le système judiciaire du pays. La Cour a refusé la demande d’Ingabire Umuhoza Victoire, une figure emblématique de l’opposition politique, qui sollicitait une réhabilitation légale, un pas crucial pour sa participation aux prochaines élections.

Ingabire, qui avait été graciée par le président Paul Kagame après cinq ans de détention, avait introduit sa requête en février, espérant effacer les stigmates judiciaires pour se présenter aux élections présidentielles et législatives prévues en juillet de cette année. Fondatrice du parti DALFA, non reconnu par les autorités rwandaises, elle a critiqué ouvertement le manque de respect des principes légaux immédiatement après l’annonce de la décision du tribunal.

La justice rwandaise a motivé son refus par le non-respect des délais légaux imposés par Ingabire pour déposer sa demande. Selon les lois en vigueur, un délai de cinq ans après la réception d’une grâce présidentielle est requis avant de pouvoir solliciter une réhabilitation. Le tribunal a précisé que cette période ne s’achèverait qu’en 2025, prolongeant ainsi l’attente d’Ingabire jusqu’en 2030, compte tenu du temps additionnel nécessaire après la fin de sa peine.

L’accusation soutient que Ingabire ne devrait pas être éligible à la réhabilitation pour n’avoir pas respecté les conditions associées à sa grâce. En réponse, le tribunal a stipulé qu’Ingabire doit d’abord s’acquitter des obligations dictées par l’ordonnance présidentielle avant toute nouvelle demande de réhabilitation.

Cette décision judiciaire n’a pas seulement déçu Ingabire, mais a également affecté Bernard Ntaganda, un autre opposant politique qui cherchait à obtenir une réhabilitation similaire. S’exprimant sur les ondes de la Voix de l’Amérique, Ntaganda a exprimé son désespoir quant à la levée de ces restrictions.

Suite au verdict, Ingabire a affirmé qu’elle ne baisserait pas les bras, envisageant de faire appel à ses avocats pour un nouveau procès dans deux ans ou de se tourner vers la Cour de justice de la Communauté Est-Africaine.

Dans un contexte politique tendu, la réaffirmation de Paul Kagame comme candidat du FPR-Inkotanyi pour les élections de juillet jette une ombre sur l’avenir de la pluralité politique au Rwanda. Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les acteurs politiques de l’opposition dans leur lutte pour l’équité et la reconnaissance dans l’arène politique nationale.

Ce développement récent dans l’affaire d’Ingabire Victoire soulève des questions cruciales sur la liberté politique et la justice au Rwanda.